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mercredi, 21 janvier 2015

La légitimité politique post-hitlérienne

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La légitimité politique post-hitlérienne

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch 

On parle facilement d'un traumatisme sans toujours mesurer tout ce que cela implique, notamment une incapacité à intégrer aussi bien ce qui s'est passé que ce qui se passe. Pour s’amuser à sautiller dans le fouillis de la terminologie psychanalytique, on dira qu'un traumatisme rend un peu autiste. En tout cas, un traumatisé se coupe du monde pour se fixer obsessionnellement sur un ailleurs, un fantasme dirait Freud, en tout cas un autre monde, soit celui d'avant, soit celui d'après. La réalité a fait tellement mal qu'il n’est plus possible de la regarder en face. Il faut la remplacer par une réalité imaginaire. Il est vrai qu'on ne peut jamais regarder la réalité en face, ne serait-ce que parce qu'à chaque seconde, elle nous échappe. Mais oublions cette objection. Intuitivement nous sentons qu'il y a une énorme différence entre fuir la réalité pour se réfugier dans un monde de fantasmes et l'affronter.

Parler de traumatisme, aujourd'hui, c'est toujours parler d'un individu, jamais d'une ou plusieurs communautés, à une exception près. La Shoah a été traumatisante pour tous les Juifs. Or, c'est toute l'Europe qui a été traumatisée par les guerres et les camps.* Pas seulement avant et pendant le conflit 39-45, mais aussi après. On imagine les gens sautant de joie à l'arrivée des troupes américaines et recevant du chewing-gum comme du pain bénit. C'est plus ou moins vrai pour l'Europe occidentale. Mais à l'Est du Rhin, le cauchemar à encore duré des années : deux millions d'Allemands sont morts sur les routes des déplacements de population, tandis que Polonais et Ukrainiens se massacraient et que les camions de l'armée rouges déversaient soldats et commissaires politiques sur Budapest, Prague et des centaines de villages comme Nemmersdorf. Ces soldats et commissaires ne distribuaient pas du chewing-gum, mais la mort, précédée par la torture et, pour les femmes, le viol.

Mais même en Europe occidentale, le traumatisme d'une guerre qui a tourné au massacre a été si violent, profond, intolérable, qu'on peut le voir à l'œuvre partout encore aujourd'hui sous la forme d'une nouvelle légitimité politique que je propose donc d'appeler post-hitlérienne. Pourquoi ?

D'abord parce que la « réductio ad Hitlerum » est plus présente que jamais, soit par le biais de la « quenelle », soit par le biais d'accusations de fascisme qui renvoient au nazisme. Comme si la menace du nazisme était plus dangereuse que jamais ! Ensuite parce que, pour se reconstruire après le traumatisme d'une guerre totale, l'Europe a mis en place des politiques qui ont été et sont encore aux antipodes de ce que Hitler avait prôné. Au lieu d'une race supérieure, une vision qui met tous les peuples et toutes les civilisations sur le même plan. Au lieu d'une nation, de grandes unions qui, comme l'Union Européenne, coïncident potentiellement avec l'humanité. Au lieu d'hommes et de femmes prêts à se sacrifier pour leur pays ou, tout au moins, à œuvrer pour le bien commun, des individus qui, comme dit Tocqueville, tournent sans cesse autour d'eux-mêmes pour assurer leur sécurité et augmenter leur niveau de vie. Une croissance économique non pas pour la grandeur du pays mais pour que des millions puissent jouir de mieux en mieux, bref, le consumérisme.

A parler sans cesse de croissance, de niveau de vie, de bien-être,  l'Europe a été et est encore en déni. Autrement dit, nous apaisons encore aujourd'hui nos angoisses après ce qui s'est passé et nous nous persuadons que nous sommes engagés sur le chemin du "plus jamais ça". Exorcisme original puisqu'il s'effectue grâce aux encensoirs des économistes qui n'ont à la bouche que les mots de croissance, de PIB et qu’ils promettent de nouvelles jouissances. On n'exorcise plus avec encensoirs et prières, mais avec pourcentages et statistiques et parfois une affiche vantant les mérites des préservatifs pour se protéger du sida.

marej9782825129449FS.gifC'est surtout la croissance pour le bien-être de chacun et sur toute la planète qui retient l'attention. Les Trente glorieuses ont constitué l'un des piliers de la légitimité post-hitlérienne. Un gouvernement n'était et n'est encore légitime que s'il garantit à chacun une augmentation de son niveau de vie dans l'égalité. Même les Français qui, plus que d'autres, savent encore un tout petit peu ce que le mot de nation veut dire, ne jugent leur gouvernement que sur la base du PIB. S’il le fait croître il est jugé favorablement, s'il le fait diminuer, défavorablement. Le célèbre économiste Patrick Artus vient de publier un ouvrage au titre à la fois pathétique et révélateur, Pourquoi il faut partager les revenus. Pathétique, parce qu'on ne va pas faire ce partage à partir de telles injonctions.  Révélateur,  parce que les économistes sont devenus nos nouveaux prophètes. Sans partage des revenus, sans croissance,  sans diminution du chômage,  nous allons revenir aux années trente avec avènement d'un nouvel Hitler. Ce n'est plus le spectre du communisme qui hante l'Europe, mais celui du fascisme.

Par conséquent,  il s'agit de promouvoir un vivre-ensemble planétaire qui verra tous les peuples danser une grande sarabande démocratique. Tout se mélangera dans un pur bonheur d'exister, le rap avec Mozart, l'Afrique avec l'Europe, Conchita Wurst avec de vieux machos reconvertis ou pénitents.

En d'autres termes, le projet politique des gouvernants post-hitlériens se fonde sur l'élimination de toute discrimination entre peuples, entre hommes et femmes, entre parents et enfants, voire entre nous et les animaux. C'est compréhensible après les horreurs provoquées par les discriminations hystériques du IIIe Reich. Mais une telle politique n'est pas tenable, parce qu'elle contient en germe l'élimination de toute politique. A quoi bon des gouvernants si nous nous tenons tous par la main dans une grande sarabande planétaire ? Cette politique est d'ailleurs en train de s'effriter, ce qui provoque, comme il se doit, les cris d'orfraie ou des mises en garde. Attention, nous allons retomber dans des horreurs, nous disent les bien-pensants !

La politique de la grande farandole démocratique n'est pas non plus tenable pour une autre raison. Elle relève en effet davantage de l'incantation que du réalisme. Encore habités, sans très bien le savoir, par nos traumatismes, nous nous accrochons désespérément au projet d'une démocratie universelle pour nous convaincre que nous sommes en route pour un nouveau monde où, nourrie par le progrès économique, cette démocratie permettra à tout le monde de sourire à tout le monde. Tel est notre messianisme. Pas étonnant que les économistes soient devenus nos prophètes. C'est d'eux que nous attendons le salut pour entrer au paradis, sauf que la croissance, même démocratique, n'amène nulle part. Elle ne donne pas aux peuples un destin, mais un avenir programmé d'avance.

Vient alors la question rituelle : que proposez-vous ? Certainement pas un retour à une légitimité "fasciste". Il faudrait être fou, pervers ou malade pour souhaiter un retour au racisme, à l'antisémitisme, à l'homophobie. Mais cela ne signifie pas qu'il faille abolir toute discrimination. Si, par exemple, on supprime toute distinction entre l'excellence et la médiocrité, on détruit l'école. De même supprimer toute préférence nationale revient à détruire la nation. Les peuples n'aiment pas ça. Parfois, cela les fait même enrager et c'est alors qu'on peut craindre le pire.

S'acharner à promouvoir systématiquement ce que j'ai appelé une légitimité post-hitlérienne, fait donc courir le risque d'un retour du balancier. Ce seraient alors les plus acharnés ennemis du fascisme qui auraient préparé son retour.

Jan Marejko, 8 octobre 2014

* A ceux qui douteraient de la violence de ce traumatisme, je recommande la lecture de l'ouvrage de Keith Lowe, L’Europe Barbare 1945-1950, Paris : Perrin, 2013. Edition originale, 2012, Savage Continent, Europe in the Aftermath of World War II

dimanche, 18 janvier 2015

Nationaler Marxismus?

Nationaler Marxismus?

von Johannes Schüller

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Diego Fusaro gehört zu den jungen, nonkonformen Philosophen Italiens. Er lehrt an der renommierten Mailänder Privatuniversität Vita-​Salute San Raffaele. Die EU ist für ihn ein „finanzielles Konzentrationslager”.

Fusaros Buch Bentornato Marx! Rinascita di un pensiero rivoluzionario (Willkommen zurück, Marx! Die Wiederkehr eines revolutionären Denkers, 2009) wurde vom renommierten italienischen Verlag Bompiani in einer Auflage von 80.000 Stück verlegt. Dieses Jahr erscheint von Fusaro auf Deutsch Europa und Kapitalismus.

Das komplette Interview findet sich in unserer aktuellen Druckausgabe. Wir bringen es hier gekürzt.

Blaue​Narzisse​.de: Es gibt keine Arbeiterklasse mehr im Westen. Und es scheint, als ob der Kapitalismus 1989 endgültig gesiegt hat. Warum sind Sie trotzdem Marxist?

Diego Fusaro: Ich bin kein Marxist! Ich betrachte mich als unabhängig denkenden Schüler von Hegel und Marx, fernab von jeder Orthodoxie – auch der marxistischen! Ich glaube einfach nach wie vor, dass Marx der grundlegende Autor ist, um unsere Gegenwart zu verstehen und zu kritisieren. Es geht um eine Kritik der Welt des absoluten Kapitalismus und des Monotheismus des Marktes. Marx bleibt der „Feuermelder“ (Walter Benjamin): Er zeigt auf, dass in der gegenwärtigen Zeit eines angeblichen „Endes der Geschichte“ nach wie vor etwas fehlt.

Bei Marx erscheinen mir speziell zwei Aspekte als unabdingbar, die ich bereits in Bentornato Marx! hervorgehoben habe: Zum einen ist das die radikale Kritik der Widersprüche des Kapitalismus, zum anderen die Ablehnung einer größeren Dekadenz als der bereits vorhandenen. Benannt werden muss der vulgäre Hedonismus des „letzten Menschen“. Dieser stellt sich in die Schlange, um ein iPhone 6 zu bekommen – anstatt gegen die entfremdete Welt zu kämpfen!

Sie sagen, dass die EU das neue Fundament dieses „absoluten Kapitalismus“ wäre. Welches Modell von Europa könnte eine Alternative sein? Oder können uns nicht doch nur starke Nationalstaaten retten?

Mit Antonio Gramsci gesprochen, verkörpert Europa eine „passive Revolution“. Es handelt sich also um eine Revolution, im Zuge derer nach 1989 die Herrscher ihren Besitz untermauert haben. Das ist der Triumph des absoluten Kapitalismus. Nicht umsonst verkörpert die gegenwärtige EU das Europa der Banken und der Finanzen, aber nicht das Europa demokratisch regierter und einander sich brüderlich verhaltender Völker. Deshalb bin ich gegen dieses Europa der Banken und des Kapitals, dass die Völker und die Arbeitsplätze gleichermaßen vernichtet. Die EU ist heute ein gigantisches, finanzielles Konzentrationslager, ein Ort der schonungslosen ökonomischen Gewalt. Schon das unglückliche Schicksal des griechischen Volkes beweist das.

diego fusaro 2Also brauchen wir doch starke Nationalstaaten in Europa, die sich im brüderlichen Geist unterstützen? Zum Beispiel in Form einer politischen und kulturellen, aber auch föderalistisch geprägten Allianz?

Wir brauchen souveräne, demokratische und freie Staaten, die sich gegenseitig verstehen und zueinander solidarisch verhalten. Die Pluralität der Kulturen und der Sprachen bleibt ein schützenswertes Gut und es darf nicht im Namen dessen, „was Europa fordert“, zerstört werden! Eine föderale Allianz, wie sie bereits Kant vorausgesagt hat, könnte da eine gute Lösung sein: Vorausgesetzt, es handelt sich um eine solche Allianz zwischen freien und gleichen Staaten. Sie darf nicht in eine neue Form der Asymmetrie, ebenso wie in der aktuellen Gestalt der EU, umschlagen.

In Schottland und Katalonien gibt es bereits starke regionalistische Bewegungen. In London und Brüssel haben viele Menschen 2014 gegen die Sozialpolitik ihrer Regierung und der EU demonstriert. Bleiben die Kategorien „links“ und „rechts“ in diesem Kampf überhaupt noch wichtig? Oder mit Carl Schmitt gedacht: Wer ist der gemeinsame Feind?

Die Begriffe „links“ und „rechts“ sind überholt, sobald Linke und Rechte so wie heute dieselben Dinge sagen. Es handelt sich um einen vorgetäuschten Pluralismus, ein Wechselspiel ohne Alternativen, einen Pluralismus, in dem die Mehrzahl ein und dieselbe Sache behauptet, nämlich: „Es gibt keine besseren Gesellschaft als diese! Nehmt den Monotheismus des Marktes hin!“ Die einzig gültige Dichotomie besteht heute zwischen denen, die die Verbindung zur kapitalistischen Gewalt akzeptieren und jenen, die diese im Namen der Demokratie, der Freiheit, der Rechte des Sozialen sowie der Arbeit bekämpfen. Die Macht gewinnt, solange sie es schafft, uns zu trennen, solange sie verhindern kann, dass sich eine antikapitalistische Front bildet, die für die Verteidigung der entwürdigten Menschheit kämpft.

Wie kann man sich diesen wirklichen Kampf und eine „antikapitalistische Front“ aus Ihrer Sicht vorstellen? Gibt es denn eine „Handlungsanweisung à la Fusaro” — für die alltägliche Politik?

Es bedarf eines neuen politischen Subjekts. Es muss sich von den bereits existierenden deutlich unterscheiden. Und es muss antikapitalistisch sein! Die Suche nach den Emanzipationsmöglichkeiten der Menschheit sollte das eigentliche Ziel sein. Denn die existierenden Parteien bieten all das nicht an. Sie sind stattdessen, sei es auch in unterschiedlichen Abstufungen, Marionetten im Dienste des einen kapitalistischen Herrn.

Herr Fusaro, vielen Dank für das Gespräch!

Anm. d. Red.: Das komplette Interview gibt es hier.

Bilder: Diego Fusaro /​www​.filosofico​.net

mardi, 13 janvier 2015

Les rentes et la guerre sont-elles sœurs jumelles?

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UN HOMMAGE DISCRET A SILVIO GESELL
 
Les rentes et la guerre sont-elles sœurs jumelles?

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr
 
La Suisse, l’Allemagne, bientôt la France lancent les taux d’intérêt négatifs, soit en valeur nominale, soit en valeur réelle (entre le nominal et le réel, la différence tient au taux d’inflation). Il convient alors de mentionner le grand esprit méconnu, mort en 1930, Silvio Gesell, dont seul le talentueux Irving Fischer avait reconnu la valeur quoique Lord Keynes ait bien voulu lui dédier une ligne élogieuse en écrivant « Nous estimons que l’avenir aura plus à tirer de la pensée de Gesell que de celle de Marx» (Cité par Johannes FINCKH dans les Cahiers de DECTA III, Nº1, p.15. Université de Bordeaux I, 1987).

Deux fonctions incompatibles

Il revient à Gesell d’avoir clairement expliqué, dans l’ouvrage fondamental “l’ordre économique naturel”*, l’incompatibilité entre les deux fonctions de la monnaie, équivalent de tous les biens et réserve de valeur. La monnaie que l’on nous impose possède un vice fondamental: Elle est à la fois un instrument des échanges qui doivent circuler et un instrument d’épargne qui doit stationner. Il affirme qu’il convient d’éliminer la fonction de réservoir de richesse afin que la monnaie ressemble aux marchandises qui vieillissent, rouillent, se gâtent et se rompent. Si la monnaie a les mêmes propriétés, alors elle devient un instrument sûr, rapide et bon marché des échanges puisque nul ne la préférera aux marchandises.
 
La monnaie selon Gesell doit perdre sa valeur après avoir rendu service au moment de l’échange. Si un individu transforme de la monnaie d’échange en monnaie d’épargne c’est à cause du taux d’intérêt positif proposé qui bloque le circuit monétaire. La mesure adéquate consiste à imposer une taxe mensuelle sur les sommes détenues. Les banques qui recourent à l’intérêt négatif sont en train de promouvoir une idée de Gesell: inciter les détenteurs d’encaisses oisives à écouler leurs stocks pour acquérir des biens physiques plus utiles au bien-être des individus.

Il est évident que Keynes avait compris le bien fondé de la théorie de Gesell et qu’il l’a généralisée à tous les autres actifs liquides. Il soutenait qu’il fallait contrôler les mouvements de capitaux sinon des taux d’intérêt négatifs iraient accroître la spéculation financière, celle-là même à l’origine de la crise.
 
Il faut neutraliser les rentiers

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Les banques sont devenues parasitaires. Elles contrôlent seulement l’économie mondiale comme l’ont montré Stefania Vitali, James B. Glattfelder et Stefano Battiston de l’Institut Fédéral de Technologie de Zurich dans leur étude de 2007. Le seul avenir possible pour l’humanité, pas seulement pour l’Europe ou les BRICS, consiste à limiter le poids du capitalisme rentier parasitaire. Ce dernier, à travers les dettes et la bourse, s’empare du monde et achète tout à partir de l’argent créé ex nihilo par les banques centrales qui lui appartiennent. Par les dettes en particulier est organisée l’insolvabilité de multiples agents, notamment les salariés, ce qui génère l’arrêt du commerce qui ne redémarrera plus tant qu’il n’y aura pas de “réajustement”, ce que prépare discrètement l’oligarchie kleptocratique et ses domestiques tels Mme Christine Lagarde au FMI.


Gesell pourrait servir de guide à la reconstruction monétaire si des élites comprenaient clairement les bienfaits de sa théorie. La monnaie “fondante” proposée est gérable en fonction de données économiques simples et claires: l’indice des prix et la situation de la zone (progrès technique, population,…). Le rendement productif devient lié à la faisabilité d’un projet et seuls les amortissements entrent en ligne de compte pour le calcul du profit. Si la monnaie fond, le placement productif est le seul refuge possible de l’épargne. On observe une demande constante et soutenue de biens de tous types et un soutien massif au progrès technique, seul moyen de prendre un avantage sur le concurrent.

Il est normal finalement que la spéculation financière ait attiré, depuis des années, un nombre important de petits bourgeois qui affirment, à travers les médias dont ils sont propriétaires, qu’ils veulent jouir des délices de la paix sociale et internationale tout en vivant grassement de l’intérêt de leurs placements. Mais cet espoir est une chimère car les canailles en possession de l’occident nous montrent chaque jour que les rentes et la guerre sont sœurs jumelles. Nous nous plaçons évidemment du côté des épris de paix et de justice qui veulent que le travail soit récompensé. Si la bêtise qui domine l’Europe ne peut s’émanciper des voyous parasitaires, l’Asie le fera d’ici la fin du siècle. Mais à ce moment là il n’y aura plus d’européens et les idées de Gesell auront servi à d’autres populations moins aliénées. 

* Silvio GESELL : L’ordre économique naturel. Paris, M.Issautier, 1948 fac similé électronique mis en ligne par l'Autre Edition
 

Du bioconservatisme

 

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Du bioconservatisme

par Georges FELTIN-TRACOL

 

 

L’histoire des idées politiques contemporaines en Europe et en Amérique du Nord insiste sur la très grande plasticité sémantique du « conservatisme ». Si, pour François Huguenin, le conservatisme est impossible en France (1), celui-ci diffère tant aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Espagne ou en Italie (2). Chaque conservatisme suit la spécificité de son esprit national et de son époque. Par exemple, le conservatisme de l’Anglais Disraeli, tenant d’une alliance entre le peuple et la Couronne, n’est pas celui, oligarchique et sociétaliste, du fade et incapable David Cameron qui légalise le mariage pour tous, promeut l’atlantisme et encourage le multiculturalisme de marché. En Allemagne, le conservatisme organique de Bismarck ne correspond ni au « jeune-conservatisme » inclus dans la Révolution conservatrice du temps de Weimar, ni au pseudo-conservatisme chrétien d’une Angela Merkel, véritable tenancière pour le parrain yankee de l’ergastule soi-disant européen.

 

Il est donc très difficile de définir le conservatisme hors de tout contexte socio-historique précis. Et voilà que dans le cahier scientifique du Monde, un chirurgien urologue belge, Laurent Alexandre, range le député Vert français au Parlement européen José Bové parmi les « ultra-bioconservateurs (3) » ! Laurent Alexandre est très certainement un médecin émérite, expert dans son domaine. En revanche, dès qu’il quitte son champ de compétence professionnelle pour s’aventurer dans le monde des idées, son avis n’est que celui d’un citoyen lambda. S’il catalogue ainsi l’action de l’ancien éleveur du Larzac, c’est parce que son propos se veut assez favorable au transhumanisme. « Plutôt transhumains que morts devient notre devise, s’exclame-t-il (4) ! » Parce que « la manipulation technologique de l’homme a déjà bien commencé, […] des rapprochements inattendus apparaissent. Ainsi, José Bové était jusqu’à présent un militant d’extrême gauche. Dans le nouvel ordre biopolitique, il se retrouve, avec les catholiques intégristes, parmi les ultra-bioconservateurs. Il est résolument contre la fécondation in vitro (F.I.V.) pour les couples hétérosexuels stériles ou homosexuels et il s’oppose aux thérapies géniques pour le traitement des maladies génétiques. Il a déclaré, le 1er mai 2014, sur la chaîne catholique KTO : “ Je crois que tout ce qui est manipulation sur le vivant, qu’il soit végétal, animal et encore plus humain, doit être combattu ” (5) ».

 

Cette prise de position a surpris le petit milieu des Verts. Elle est pourtant conforme au personnage, méfiant envers toute technique. Rares sont ceux qui savent que José Bové a écouté au sein d’un cénacle libertaire informel bordelais entre 1971 et 1973 le philosophe, théologien protestant et professeur d’histoire du droit Jacques Ellul (1912 – 1994). Le journaliste Jean-Luc Porquet qualifie d’ailleurs le syndicaliste paysan d’« Ellul mis en pratique (6) ». À travers une remarquable trilogie philosophique, Ellul avertit ses contemporains de la nature profonde de la tekné (7).

 

En 2003, alors secrétaire exécutive du conseil du développement durable de l’U.M.P., le député de l’Essonne, Nathalie Kosciusko – Morizet qui prétend admirer l’œuvre de la philosophe Simone Weil dont son essai magistral L’Enracinement, osait déclarer que « parler de la France réelle, comme le fait Bové, a des relents d’idéologie maurrassienne (8) ». Avant Patrick Buisson et peut-être bientôt l’arriviste ponot droitard Laurent Wauquiez, Bové se voyait assimilé à un disciple du penseur de Martigues… Gageons que l’ineffable N.K.M. n’a jamais pris la peine d’ouvrir le moindre livre de Maurras, pas même L’Avenir de l’intelligence. Peut-être par crainte de se retrouver dépassée, submergée, engloutie par les analyses remarquables de cet essai majeur écrit en 1905 ?

 

José Bové aurait pu se voir reproché bien plus. En effet, au printemps 2002, il a estimé que « la résistance menée par les chouans était légitime et juste. Si j’avais été à ce moment-là en Vendée, j’aurais été chouan (9) ». C’est au fond somme toute logique puisqu’il veut d’abord et avant tout « se battre contre la mondialisation et faire avancer le droit pour les paysans et pour les peuples de se nourrir comme ils l’entendent (10) ». Cette affirmation d’attachement au sol, à la terre, aux terroirs est gaussée et minorée par un Britannique, un certain Robert Acroyd qui avance « que vous, les Français, vous êtes pour nous des paysans. Pour les Anglais, les Français sont des bouseux accrochés à leur lopin de terre, anxieux de l’agrandir par tous les moyens. Prêts à tuer frère, oncle, neveu, nièce pour quelques arpents. […] Les Anglais, eux, se voient avant tout comme des marins. Ils ont sillonné les mers, grimpé dans les cordages par gros temps, pris les vaisseaux ennemis à l’abordage. Les Anglais ont d’eux-mêmes l’image d’un peuple viril. Un peuple de guerriers qui se moque de vous parce que vos ancêtres étaient des serfs attachés à la plèbe (11). » Les Rosbifs, un peuple de guerriers ? Surtout des couards, inventeurs de l’embargo économique, du droit comme arme de guerre totale et du bombardement aérien de terreur…

 

Certaines causes défendues par José Bové sont de facto des combats conservateurs en faveur de la préservation de toutes les formes naturelles du vivant. « Depuis la création des O.G.M. et des animaux transgéniques à la fin du XXe siècle, écrit Yves Eudes, on sait que l’unité fondamentale du vivant permet des mélanges entre toutes les créatures, même les plus éloignées sur la chaîne de l’évolution. En théorie, un humain pourrait donc être doté d’une vue aussi perçante qu’un aigle, de l’odorat d’un chien de chasse, de l’ouïe d’un lièvre, de la force d’un orang-outang ou de la faculté de navigation d’un oiseau migrateur (12). » Il faut rapprocher le fantasme transhumaniste à une réflexion de Trotsky qui vécut aux États-Unis, d’où le tropisme américanocentré inhérent aux trotskistes. Dans une société future surgie de la « Révolution communiste mondiale », le fondateur de la IVe Internationale se félicitait par avance que « l’homme sera plus fort, beaucoup plus perspicace, beaucoup plus fin. Son corps sera plus harmonieux, ses mouvements plus rythmiques, sa voix plus musicale. La moyenne humaine s’élèvera au niveau d’Aristote, de Gœthe, de Marx. Et au-dessus de cette crête de montagne s’élèveront de nouveaux sommets (13) ».

 

Certes, « il n’y a plus de conservateurs, objecte Pierre Drieu la Rochelle, parce qu’il n’y a plus rien à conserver. Religion, famille, aristocratie, toutes les anciennes incarnations du principe d’autorité, ce n’est que ruine et poudre (14) ». Et pourtant ! Il y a encore à conserver la vie, les milieux naturels, les paysages sans lesquels toute communauté humaine s’étiolerait définitivement. Si le conservatisme politique a failli, a trahi et rallié le Progrès mortifère, une nouvelle réponse adaptée émerge : le bioconservatisme, ultra ou non. Sous ce nouveau vocable devraient se rejoindre l’identitaire et l’écologiste. « L’écologiste comme l’identitaire ont des approches en “ contexte ”. Une volonté d’assurer, de respecter ou de s’inspirer des permanences (traditions, coutumes, équilibres naturels, etc.). L’inverse exact de l’utopie (u-topos : sans le lieu). L’un et l’autre sont des conservateurs face à un monde qui se détruit, perd de sa grâce, de sa beauté, de sa mémoire chaque jour. La synthèse de ces deux sensibilités semble évidente (15). »

 

Ce rapprochement, plus que souhaitable, est proprement révolutionnaire et donc réfractaire aux hochets et autres sinécures brandis par le Système qui a su si bien apprivoiser l’extrême gauche du Capital. Une inclination conservatrice et/ou identitaire apparaît parfois au sein de certains courants écologistes. Les Français connaissent-ils Winfried Kretschmann ? Depuis mai 2011, grande première en Allemagne !, ce Vert est le ministre-président du Land du Bade-Wurtemberg. Catholique convaincu, professeur d’éthique en retraite et chef de file des « réalistes » au sein de son parti, il estimait que « les Verts n’ont pas besoin de devenir conservateurs pour remporter les élections du Bade-Wurtemberg. Nous sommes conservateurs. Notre ambition est de préserver la planète. Notre programme d’énergies renouvelables est une révolution industrielle. Nous voulons faire de notre pays le modèle d’une modernisation basée sur un développement durable. Cela ne concerne pas que l’écologie, mais également la finance, le système social et la démographie. Ce sont des concepts qui privilégient le long terme, constituent notre éthique et nous distinguent des autres partis. Nous sommes donc conservateurs mais pas dans le sens habituel du monde politique. […] Avec notre “ green new deal ”, nous sommes bien plus proches de ce tissu de P.M.E. qui constituent le Mittelstand allemand que les partis conservateurs (16) ». Le 30 novembre dernier, les électeurs suisses se prononçaient sur une votation intitulée « Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles » qui proposait une limitation de l’immigration nette en Suisse à un taux de 0,2 % par an en moyenne afin de protéger la nature et de limiter le besoin en constructions nouvelles. Cette initiative populaire revenait au groupe Écopop (Écologie et Population). La consultation ne reçut l’approbation d’aucun parti politique, pas même l’U.D.C., cette incarnation des nationaux-pétochards. Elle fut rejetée par 74 % des électeurs. Les médiats, bien sûr, désinformèrent énormément. Ainsi peut-on lire que  « les experts s’évertuent de démontrer qu’immigration et dégradation de l’environnement ne sont pas liés et que l’économie a besoin de main-d’œuvre étrangère (17) ». Un gigantesque mensonge soutenu et approuvé par les libéraux dont Nicolas Lecaussin de l’Institut de recherches économiques et fiscales (18).

 

La convergence de l’écologie, du « conservatisme » culturel, de la cause identitaire et de la réfutation du libéralisme constitue une magnifique occasion de renouvellement des idées à un moment où « certains mouvements révolutionnaires, remarque Christophe Bourseiller, semblent avoir fait le deuil de la révolution et se perçoivent davantage comme des forces réformatrices, ou des laboratoires d’idées. De même, l’altermondialisme, produit de l’extrême gauche, n’est en réalité qu’un courant réformateur, appelant de ses vœux ce que Raoul Vaneigem nomme un néo-capitalisme régulé par l’éthique (19) ». Le positionnement bioconservateur de José Bové n’est pas qu’écologique, il est aussi politique puisque, à l’instar des premiers conservateurs nourris aux penseurs de la Contre-Révolution, il estime que la logique interne de l’État est, aujourd’hui, « totalement dictée par l’économie. Ceux qui gèrent se voient imposer d’énormes contraintes. L’État n’est plus le lien des réponses aux questions que nous nous posons : les organismes génétiquement modifiés, la modification des règles de l’O.M.C. et leur réappropriation par les  citoyens. L’État-nation peut disparaître, cela ne changera pas grand-chose (20) ».

 

Plus que révolutionnaire, on perçoit vite que ce bioconservatisme se veut radical. Pour l’ancien situationniste exclu, ex-« Enragé de Nanterre », aujourd’hui proche de L’Encyclopédie des Nuisances, René Riesel, « radical » signifie « prendre les choses à la racine, c’est critiquer les bases techno-scientifiques de la société moderne, comprendre la parenté idéologique profonde entre le progressisme politique ou social (c’est-à-dire la “ mentalité de gauche ” telle que la définit Theodore Kaczynski) et le progressisme scientifique. L’industrialisation est depuis la “ révolution industrielle ” en Angleterre une rupture absolument fondamentale avec l’essentiel du processus d’humanisation. Sans civilisation paysanne, c’est la civilisation tout court qui se défait, on le constate aujourd’hui (21) ». Naguère responsable de la Confédération paysanne qu’il quitta dès 1999 en désaccord complet avec Bové qu’il qualifie de « clown à moustaches », Riesel considère dorénavant la lutte du Larzac comme « l’avant-garde de la domestication, une distribution de Prozac généralisée (22) ».

 

Toutefois, chantre des souverainetés alimentaire, agricole et énergétique, José Bové persiste paradoxalement à souhaiter une autre mondialisation et des sociétés ouvertes aux flux migratoires. Or, au soir de sa vie, Jacques Ellul lui-même s’interrogeait sur les étrangers immigrés qui « exécutent souvent un travail que les Français ne voudraient plus faire les besognes les plus pénibles ou les plus répugnantes, si bien qu’ils sont des “ pauvres ” (même s’ils ont assez d’argent pour en envoyer à leurs familles restées dans le pays d’origine, on le sait parfaitement). Ce sont les pauvres de notre société d’opulence (quoique, le fait est remarquable, on n’en trouve pas chez les “ clochards ”) (23) ». Par un parallélisme étonnant, des analyses de Jacques Ellul se recoupent avec certaines réflexions du sociologue Jules Monnerot. « On pouvait être tranquille tant que le tiers monde n’avait pas d’idéologie mobilisatrice. Une révolte anticoloniale de tel ou tel pays, ce n’était pas très grave. Mais maintenant, le tiers monde est muni d’une idéologie puissante mobilisatrice, l’islam. Celui-ci a toutes les chances de réussir contrairement au communisme qui était encore importé d’Occident. Et c’est pourquoi le communisme échoue peu à peu dans les pays d’Amérique latine qui l’avaient adopté […]. Au contraire, l’islam est du tiers monde. Il gagne à une vitesse extraordinaire toute l’Afrique noire, il mord de plus en plus largement en Asie. Or, c’est une idéologie à la fois unificatrice, mobilisatrice, et combattante. À partir de ce moment, nous allons être engagés dans une véritable guerre menée par le tiers monde contre les pays développés. Une guerre qui s’exprimera de plus en plus par le terrorisme, et aussi par “ l’invasion pacifique ”. […] Et en même temps se produira inévitablement l’infiltration croissante des immigrés, travailleurs et autres, qui par leur misère même attirent la sympathie et créent chez les Occidentaux des noyaux forts de militants tiers-mondistes. Les intellectuels, les Églises, le P.C., pour des raisons diverses, seront les alliés des immigrés et chercheront à leur ouvrir les portes plus largement. […] Cette présence des immigrés, avec la diffusion de l’islam en Europe, conduira sans aucun doute à l’effritement de la société occidentale entière. Par suite de la déraison manifestée depuis vingt ans par nous, l’Occident va se trouver, sur le plan mondial, d’ici vingt-cinq ans, dans l’exacte situation actuelle de la minorité blanche d’Afrique du Sud, face à la majorité noire (24). » Il est probable que les prochaines années voient la figure d’Ellul devenir une référence néo-conservatrice anti-musulmane appropriée au choc délétère des civilisations… Le penseur réformé atteint peut-être là ses limites d’autant qu’il a tenu des positions pro-sionistes.

 

N’en déplaise aux décroissants chrétiens, le christianisme ne peut pas répondre totalement au défi de la mondialisation. En revanche, « l’hindouisme, avec ses dieux faiseurs de miracles, est peut-être mieux armé que les monothéismes pour combattre la mondialisation, pense l’écrivain indien Tahir Shah (25) ». L’hindouisme, c’est-à-dire une forme particulière vivante de polythéisme que devraient retrouver les Européens.

 

Un processus est certainement en cours comme en témoigne l’inquiétude de Nicolas Truong. « Une autre force révolutionnaire se déploie en Occident, celle des néofascistes qui, à l’aide d’une critique anticapitaliste adossée à une pensée de l’identité, des affinités électives relayées par des mots d’ordre guerriers, prône une sorte de soulèvement conservateur et qui, eux aussi, se socialisent dans les luttes. De ce conflit des insurrections pourrait naître un monstre inquiétant (26). » Concevons donc ce monstre ! Le discours antilibéral, écologiste, identitaire et, en dernière analyse, anti-mondialiste est crucial, car « la mondialisation, explique Jean Malaurie, expression habile du libéralisme, favorise des régimes mafieux où l’information est normalisée (27) ». Dans ces conditions difficiles, « sont écologistes ceux qui savent que nous faisons partie d’une chaîne de vie complexe qu’il nous faut comprendre et respecter dans son organisation et sa diversité. Sont localistes ceux qui savent que le local est le niveau d’organisation où peuvent se réaliser le mieux et simultanément les aspirations à la liberté, à la responsabilité et donc à l’efficacité raisonnable. Sont identitaires ceux qui savent que nous sommes une substance de population plus ancienne que nos institutions, dérivées et secondaires (28) ». Valoriser le peuple est dorénavant essentiel, car « la pensée vient toujours de l’arrière : du peuple (29) ». Avis aux Z.A.D.istes de Roybon, Sivens et Notre-Dame-des-Landes, l’avenir du bioconservatisme ne peut être que populaire !

 

Georges Feltin-Tracol

 

Notes

 

1 : François Huguenin, Histoire intellectuelle des droites. Le conservatisme impossible, Perrin, 2013.

 

2 : Sur ce vaste sujet, lire Philippe Beneton, Le conservatisme, P.U.F., coll. « Que sais-je ? », n° 2410, 1988; Luc Gaffié, Les idées du conservatisme américain, New Forums, 1990; Nicolas Kessler, Le conservatisme américain, P.U.F., coll. « Que sais-je ? », n° 3364, 1998.

 

3 : Laurent Alexandre, « José Bové, ultra-bioconservateur », dans Le Monde, le 15 octobre 2014.

 

4 : Idem.

 

5 : art. cit.

 

6 : Jean-Luc Porquet, Jacques Ellul, l’homme qui avait presque tout prévu, Le Cherche Midi, coll. « Documents », 2003, p. 232.

 

7 : Cette trilogie se compose de La technique. Ou l’enjeu du siècle (1954), Économica, coll. « Classiques des Sciences Sociales », 1990; Le système technicienne, Calmann-Lévy, coll. « Liberté de l’Esprit », 1977; Le bluff technologique, Hachette, coll. « La Force des Idées », 1988. Une autre personnalité politique française qui aurait suivi l’enseignement ellulien serait le député – maire de Bègles, apparenté Vert et chantre du laïcisme et du gendérisme, Noël Mamère, que Bruno Gollnisch renomme avec facétie sur son site officiel de « Fête de fin d’année Parent 1 ».

 

8 : dans Le Figaro, le 11 août 2003.

 

9 : dans La Lozère nouvelle, le 8 mars 2002.

 

10 : dans Libération, le 20 août 1999.

 

11 : dans Le Nouvel Observateur, les 6 – 12 mars 2003.

 

12 : dans Le Monde, le 6 août 2005.

 

13 : Léon Trotsky, Littérature et Révolution, Vienne, 1924, édition allemande, p. 179, cité par Jules Monnerot, Sociologie de la Révolution, Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », 1969, p. 251.

 

14 : Pierre Drieu la Rochelle, Mesure de la France, Grasset, 1964, p. 93.

 

15 : Laurent Ozon, France, les années décisives. Entretiens 2013 – 2014, Éditions Bios, 2014, p. 25.

 

16 : dans Le Monde, les 21 et 22 novembre 2010, souligné par nous. Sur les Verts allemands et certaines de leurs tendances conservatrices, voir Thomas Keller, Les Verts allemands. Un conservatisme alternatif, L’Harmattan, coll. « Environnement », 2000.

 

17 : Christian Salvadi, « La Suisse vote de nouveau sur l’immigration », dans Le Monde, le 29 novembre 2014.

 

18 : Nicolas Lecaussin, « Oui à l’immigration… sans État-providence », dans Le Figaro, le 18 décembre 2014. Il est toujours grotesque d’observer que les chantres les plus exaltés du libéralisme sont des fonctionnaires d’université ou des membres d’instituts d’onanisme neuronal et non des patrons de petites ou moyennes entreprises, des artisans ou des membres de professions libérales…

 

19 : dans Le Point, le 19 octobre 2006. Ancien situationniste, Raoul Vaneigem est bien l’anti-Guy Debord puisqu’il a accepté d’être récupéré et intégré dans la Société du spectacle.

 

20 : dans Le Nouvel Observateur, les 17 – 23 février 2000.

 

21 : dans Libération, les 3 – 4 février 2001. Alias Unabomber, Theodore John Kaczynski est un terroriste néo-luddite emprisonné à vie dans les prisons fédérales de haute sécurité des États-Unis, cf. Theodore Kaczynski, L’effondrement du système technologique, Xenia, 2008, qui réunit l’ensemble de ses écrits.

 

22 : dans Marianne, les 18 – 24 août 2002.

 

23 : Jacques Ellul, Islam et judéo-christianisme, P.U.F., 2004, p. 43, souligné par l’auteur.

 

24 : Jacques Ellul, Le bluff technologique, op. cit., pp. 280 – 281. Dans une longue note de cet ouvrage, Ellul estime qu’« aujourd’hui, le grand thème d’une France multiraciale, avec l’invasion musulmane, achève cette destruction de la cohérence culturelle française (n. 26, p. 181) ».

 

25 : dans Le Figaro littéraire, le 24 mai 2001.

 

26 : Nicolas Truong, « Un désir de soulèvement », dans Le Monde, le 5 décembre 2014.

 

27 : Jean Malaurie, dans Le Nouvel Observateur, les 23 – 29 décembre 1999.

 

28 : Laurent Ozon, op. cit., pp. 26 – 27.

 

29 : Jean Malaurie, art. cit.

 


 

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lundi, 12 janvier 2015

De la politique considérée comme souci

De la politique considérée comme souci

boutangportrait.jpgC’est lorsque l’horreur atteint à sa plus grande amplitude, lorsque tout ce qui était sacré (tout ce que le patient tissage de l’histoire et de la tradition avait fait reconnaître comme sacré) s’évanouit, que la conscience religieuse ou son résidu laïcisé s’efforce de constituer une barrière contre l’horreur par la reconnaissance, au moins, des valeurs morales universelles ; on peut même dire que ceux qui, avant le déchaînement horrible, avant les camps de la mort méthodique ou le bombardement massif des populations civiles, prétendent faire de la conformité aux valeurs universelles le contenu de l’histoire, ceux-là ont déjà secrètement pris le parti de l’horreur ; ils ont renoncé à ces valeurs subtiles, à cette tendresse des coutumes et des rites, à ces amitiés par lesquelles un vieux peuple civilisé sait accueillir et dompter la brutalité de l’avenir ; ils sont les complices du désastre qu’ils redoutent et laissant l’imagination historique à l’horreur, ils laissent du même coup l’horreur forger le contenu de leur destin.

bout9782912833341.jpgPierre Boutang
LA POLITIQUE, LA POLITIQUE CONSIDÉRÉE COMME SOUCI

Robert Redeker, dans Valeurs Actuelles
Rémi Soulié, dans Le Figaro
Sébastien Lapaque, dans Marianne
Gabriel Matzneff, dans Le Point
Juan Asensio, dans Le Stalker
Olivier Véron, dans L'Avenir du printemps, etc.

Avec une postface de Michaël Bar-Zvi, qui pubie chez le même éditeur : Israël et la France, l'alliance égarée.

La Politique, la politique considérée comme souci, par Pierre Boutang.

 

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dimanche, 11 janvier 2015

Iván Ilyn y la misión histórica de Rusia

Iván Ilyn y la misión histórica de Rusia

IVAN ILYNpor Sergio Fernández Riquelme*

Ex: http://culturatransversal.wordpress.com

El filósofo Iván Alexandrovich Ilyin (Иван Александрович Ильин) [1883-1954] aparece, desde el punto historiográfico, como uno de los grandes referente doctrinales del nacionalismo contrarrevolucionario de Rusia en el siglo XX y en siglo XXI. En la centuria pasada se convirtió, con poco éxito político, en ideólogo destacado del movimiento monárquico del exilio (ROVS) frente a la Revolución comunista de los bolcheviques, perseguido por los totalitarismos ruso y alemán, y denostado por los liberales occidentales. Y en el siglo XXI es reivindicado como guía del moderno nacionalismo ruso frente a la Revolución liberal que el gobierno norteamericano pretende imponer a través de la cultura de masas, la dependencia económica y la homogenización identitaria, especialmente empezando por los considerados países occidentales colonizados [1].

En ambos periodos aparece, pues, como una pieza central para explicar la búsqueda pasada y presente de ese sistema político y social en Rusia capaz de cumplir, aunando tradición y modernidad, la misión histórica y espiritual de un Imperio eurasiático que, como reivindicaba Aleksander Projanov [2], miraba siempre “hacía el cielo“. Un Imperio no solo geopolítico; era algo más, sobreviviendo al infortunio y al error, a la soledad y a la invasión a lo largo de los siglos. Siempre una auténtica civilización propia y diferenciada, en búsqueda de su identidad en el mundo globalizado, permanentemente transformado, desde la inmensidad de su geografía y desde esa trágica y creativa “alma rusa” de la que hablaba Dostoyevski.

Un pensador tradicionalista recuperado, pues, en la primera plana del debate ideológico y político de la mano de la denominada “democracia soberana[3] (imbuida del “principio de autoridad soberana” de Ilyin) impulsada por el presidente de la Federación Rusa, Vladimir Putin; el cual personalmente participó en la vuelta de sus restos mortales al país en 2005 y en la ceremonia pública de la consagración de su tumba en el Monasterio Donskoy de Moscú. Hasta tal punto es central la influencia de Ilyin sobre la nueva doctrina nacionalista rusa que Putin le citó, únicamente a él, en el trascendental Mensaje anual del Estado de diciembre de 2014, momento de álgida presión económica y política occidental contra Rusia por el conflicto de Ucrania, nuevo episodio de la supuesta confrontación entre Eurasia y Occidente, y oportunidad histórica para reivindicar la supervivencia de la identidad espiritual de la Civilización rusa:

“Traigo a este respecto, una cita: el que ama a Rusia debe desear para ella la libertad; ante todo, la libertad para la propia Rusia, la independencia y la autonomía, la libertad para Rusia como unidad de los rusos y de todas las demás culturas nacionales; y, por último, – la libertad para el pueblo ruso, la libertad para todos nosotros; la libertad de fe, de búsqueda de la verdad, la creatividad, el trabajo y la propiedad (Iván Ilyin). Es este un gran significado y un buen mandato en el tiempo de hoy” [4].

  1. Su vida. Del Imperio a la emigración.

Iván Ilyin nació el 28 de marzo de 1883 en Moscú. De raigambre aristocrática, era heredero de la primigenia dinastía rurikida en la región de Riazán, a la que pertenecía su padre, Alexander Ivanovich Ilyin [1851-1921] (secretario y jurado imperial). Fue bautizado en la Iglesia de la Natividad de la Virgen de Moscú (área de Smolensk) siendo su padrino el mismo emperador Alejandro II. Educado en la más pura tradición aristocrática de la administración imperial, el joven Ilyin se graduó en 1901 en la Escuela secundaria del primer Gimnasio de Moscú, con medalla de oro en educación clásica (en especial por su conocimiento en griego, latín y eslavo eclesiástico).

Ese mismo año ingresó en la Facultad de Derecho de la Universidad Imperial de Moscú. Las algaradas estudiantiles de la Revolución de 1905, que rechazó, le hicieron profundizar en su vocación académica y escorarse hacia el conservadurismo, si bien liberal en este periodo. Así optó por la rama filosófica, de la mano de la línea cristiano-ortodoxa del profesor Pavel Ivanovitch Novgorodtsev [1866-1924]. En 1906 se graduó, y el 27 de agosto se casó en la iglesia de la Natividad de Cristo (aldea de Bykovo) con Natalia Bokac. Desde 1909 comenzó a trabajar en la Universidad como privat dozent, en la Cátedra de Historia y Enciclopedia del Derecho. Tras una estancia científica en Europa Occidental (Alemania y Francia), en 1911 Ilyin inició su tesis doctoral, centrada en el tema Crisis de la filosofía racionalista en Alemania en el siglo XIX a partir del impacto de las tesis de Hegel y el desarrollo de la fenomenología, las principales corrientes del momento. En 1914, con el apoyo del Príncipe Trubetskoy, colaboró en las conferencias públicas sobre la ideología presente en la recién comenzada Primera Guerra mundial, centrándose en el tema del Sentido Espiritual de La Guerra (en defensa de la justa misión de Rusia en la misma, pese a estar en contra de todo conflicto bélico).

 

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Deudor del pensamiento de Hegel y en plena construcción de su posición respecto a la filosofía jurídico-política, Ilyin comenzó a participar como conferenciante en el Instituto de Comercio de Moscú sobre el tema “Introducción a la Filosofía de la Ley”, bajo el amparo de Novgorodtsev. En dichas conferencias se ilustraba la base de su tesis, centrada en la dimensión espiritual del pensamiento hegeliano, que sería terminada en 1916 y defendida en 1918 como la Filosofía de Hegel en la doctrina de la especificidad de Dios y del hombre [5].

Inicialmente Ilyin, aún ligado a los principios monárquico-liberales de su primera formación, vio en la Revolución de febrero de 1917 la oportunidad de reformar el país siguiendo la senda de la modernización occidental (una monarquía socioliberal bajo Kerenski). Pero la segunda fase, la Revolución de Octubre, decepcionó totalmente sus primeras expectativas, hasta el punto de tener que tomar partido ideológico y político, dejando atrás especulaciones filosófico-jurídicas. Liberales y comunistas, quienes se disputaban el poder a mano armada, había comenzado la destrucción del país.

Pese al triunfo final de la facción bolchevique, decidió quedarse en Rusia, tras leer su Tesis doctoral y ser nombrado profesor de Filosofía Derecho en la Universidad imperial; aunque su pasado aristocrático y su posición crítica ante el “colapso del Estado” provocado por los nuevos Soviets le llevaron en varias ocasiones a la cárcel (junto a su maestro Novgorodtsev). Finalmente fue expulsado del país en 1922, por orden directa de Vladimir Ilych Ulianov, junto a los más de 160 intelectuales y profesores que formaban la llamada “Nave de los filósofos” (Abrikosov, Berdyaev, Brutskus, Frank, Kagan, Karsavin, Lossky, Sorokin o Stepun) [6].

Ilyin llegó en 1923 a Berlín. En la capital de la nueva República de Weimar trabajó (hasta 1934) como profesor de ruso en el Instituto científico de la ciudad. Allí se convirtió en el referente doctrinal de los contrarrevolucionarios rusos, tomando partido por los emigrantes del Movimiento blanco por toda Europa Occidental, siendo director del diario promonárquico Русский колокол. Pero en 1930 el Instituto dejó de recibir fondos públicos y Ilyin comenzó a colaborar con los círculos intelectuales anticomunistas para ganarse a vida (reunidos en la editorial Eckart), y en 1934 el nuevo gobierno nacionalsocialista alemán lo expulsó del Instituto y le sometió a vigilancia por la Gestapo. Gracias a la ayuda de Sergei Rachmaninoff logró emigró de nuevo, en esta ocasión a Suiza, llegando a Ginebra en 1938 y finalmente residiendo en la comarca de Zúrich, refugio donde escribió sus principales obras, dio entidad a su doctrina, y falleció finalmente [7].

  1. La doctrina. De la contrarrevolución a la misión.

La exilio hizo de Ilyin doctrinario de cabecera. Aterrado por las consecuencias de la Revolución, que destruyó la herencia nacional y arruinó toda posibilidad de transición política, Ilyin tomó partido por la causa monárquica y conservadora de la contrarrevolución blanca. Destruidos los ejércitos del general Kornilov solo quedaba el activismo político y la construcción ideológica. Y en ella se encontraba recuperar la verdadera “misión de Rusia[8].

  1. a) La contrarrevolución.

Su posición contrarrevolucionaria había ya quedado clara en 1923, recién llegado a las filas de la emigración blanca [9]. Frente a los representantes militares y políticos de la diáspora, Ilyin les habló del pronto renacer del poder y la gloria de Rusia gracias al movimiento blanco, desde la fidelidad y el sufrimiento, y como guía para otras naciones. El destino de la nación rusa partía del conocimiento de los hechos históricos y del realismo político inscritos en la existencia histórica, humana y divina, de su pueblo. Entender dicho destino significaba, por ello, comprender ese espíritu histórico, marcado por los designios divinos y los errores humanos en la gran época de la transformación revolucionaria [10]].

La Revolución había triunfado, y todos los pueblos de Rusia tuvieron que afrontar su infierno: “la blasfemia de los impíos, el asalto de los bandidos, la desvergüenza del loco, los intentos de asesinato”; y “todos tuvimos que mirar a los ojos de Satanás, tentándonos con sus últimas seducciones y atemorizándonos con sus más recientes terrores“. Todo parecía perdido, pero la Revolución era una señal, el signo espiritual de una época y de sus hombres. Ilyin descubría que “el secreto y más profundo significado de la Revolución se sostiene en el hecho de que es más que todo una gran seducción espiritual; una dura y cruel prueba que quema a través de las almas”. La conversión del mundo. “Con Dios o contra Dios“, siendo humillado y castigado o sirviendo al enemigo contra tus propios amigos [11].

Elegir y decidir..”. Nadie en Rusia había escapado a este juicio, recordaba Ilyin, “a esta prueba que superó a cada hombre: desde el Zar al soldado, desde el más Santo Patriarca al último de los ateos, de los ricos a los pobres“. Una prueba que puso a todos ante el rostro de Dios, testificando para la salvación o para la muerte; un juicio aparentemente laico pero verdaderamente religioso, que nos recordaba la eterna y trágica búsqueda humana del mundo espiritual. Y ante ese juicio, los blancos, los patriotas, aquellos que fueron fieles a su mandamiento no podían perder; habían sido vencidos en el campo de batalla, pero ganaron con su fidelidad, con su sacrificio, con su elección. “El vencedor -defendía Ilyin- es el que se alzaron contra el mal, se levantó en contra de la seducción, sin caer en ella, y se levantó contra el terrorismo, no teniendo miedo[12]. La Historia hablaría de ello.

La señal era evidente para Ilyin. Solo podría salir esta Rusia hacia adelante “a partir de su profundidad religiosa, vigorosa“. Frente a las dudas de la intelectualidad sobre su futuro, desde esta realidad ancestral Rusia podría renacer, fortalecerse y crecer. Y sobre ella debía fundarse la forma estatal y la autoridad soberana [13]. Para Ilyin la autoridad soberana, como fundamento contrarrevolucionario, se realizaba en la figura del más fuerte, del noble que acepta y ejerce el poder con la voluntad, que es el timón del pueblo, y de consecuente y formada fidelidad patriótica de la nación. Autoridad que unía a dirigentes y población más allá del territorio común o de la lógica subordinación; se unían en el esfuerzo y en la acción conjunta los nobles líderes y los leales guardianes, creando una unidad sagrada que merecía ser defendida con la propia vida, como gobernantes o como soldados al servicio de la Patria y Cristo [14].

El poder del Estado representaba, pues, esa autoridad soberana destinada a defender con la vida y la muerte “la existencia y la santidad de su pueblo”. Por ello, para Ilyin quien toma el poder, quien asume la autoridad tiene un deber fundamental, una responsabilidad ante el peligro, ante la muerte. Dicha autoridad era, obligadamente, una cuestión de voluntad, una vocación no sólo para ver y comprender (ya existen los expertos), sino para “seleccionar, decidir, dirigir, conservar y obligar”. Esta es su causa, su naturaleza, su propósito, sentenciaba Ilyin [15]; y continuaba señalando los rasgos de esa autoridad soberana, a modo de axiomas, sin los cuales llegaba al poder la mentira y el engaño, y con ello la “anarquía, la decadencia y el abismo[16]:

  • La débil voluntad de maestro era una interna contradicción, un absurdo de la vida, y la ruina de toda una causa espiritual.
  • Era vital la capacidad de decidir, de centrarse enel mejor resultado entre diferentes posibilidades.
  • Una inquebrantable autoridad, preparada para defender su posición y dispersar los impedimentos, necesitaba un profundo diseño, de energía fuerte y de gran tenacidad.
  • La irresolución de la autoridad que se producía en el republicas parlamentarias de los Estados democrático-formales ocultaba, dentro de sí misma, no sólo un peligro, sino la absoluta desesperanza y la fatalidad.
  • Elmejor los hombres debía ascender a la autoridad soberana, probando con sus palabras y sus hechos “que el poder del estado no debe pertenecer a los ladrones, traidores, mentirosos, sobornar a los audaces, a los violadores, y los oportunistas sin principios ni ideales“.
  • El saludable poder soberano significaba el énfasis en la voluntad de la nobleza (aristos): patriotismo, conciencia, honor, lealtad y servicio.
  • A la cabeza de la nación y como custodia de lo sagrado debía situarse el más fuerte y el más noble de los hombres, sometido en todo momento a una “inquebrantable regla de comportamiento” desde la ruta por la cual ha llegado al poder, ya sea desde arriba (con designación) o desde abajo (por las elecciones).
  • Estar cerca del poder significaba estar cerca de la muerte, como Pedro el Grande en Poltava; lalucha hasta la muerte estaba contenida, para Ilyin, en el principio de autoridad soberana.
  • Quién recibía la autoridad (sea cual fuese la cantidad) tiene a su disposición la oportunidad de crear y proteger, organizar y construir el país a través de los órdenes de autoridad. Posee en sus manos el tesoro de la nación entera, el fruto de muchos sufrimientos y de la herencia cultural. Este es un “bien público” que los fieles centinelas deben guardar incluso con el precio de su vida, manteniendo la autoridad soberana confiada, y evitando la corrupción y el despilfarro. Ilyin recordaba que “la historia hace cuentas de un descuido del centinela“.
  • Quien ejerce la autoridad, quien ha sido confiado el poder en una sección del Estado, no tiene derecho a extinguir esta obligación por la renuncia unilateral. “El centinela no puede sustituirse a sí mismo en su puesto; el gobernante no puede arbitrariamente dejar el campo de juego o preferir la inacción“.
  • La autoridad soberana poseía el significado dedestino para aquellos que la acepten.
  • La autoridad soberana era una auténticarepresentación en vivo, en la cual la decisión de líder y la acción del tutorizado definía el destino de todo un pueblo.
  • Estos axiomas eran, para Ilyin, el drama de la voluntad, de la nobleza, de la vida y la muerte, los cuales había que preservar para que las futuras generaciones de Rusia considerasen esta verdad en profundidad [17].

La contrarrevolución de Ilyin nacía de la trágica experiencia vivida de primera mano. En ella se interrelacionaban su visión hegeliana de la Historia [18] y la más pura tradición de la Eslavofilia ortodoxa. Pero la consolidación de la Revolución comunista y la creciente debilidad de la oposición monárquica hicieron a Ilyin concretar su filosofía histórica en una doctrina jurídico-política para el futuro de Rusia. Así fue rechazando la figura de Nicolás II, dubitativo Zar que tomó partido y permitió el fin de la Rusia imperial, y se alejó del Gran Duque Kiril Vladimirovich, autoproclamado nuevo Zar en el exilio sin el apoyo de toda la diáspora.

 

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Llegaba la hora de dejar atrás la mera contrarrevolución monárquica. La autoridad soberana tenía que fundamentarse en un proyecto de largo recorrido, más allá de los nombres y de las coyunturas, recuperando la esencia histórica y espiritual de la misión de Rusia. Por ello, la explicación del triunfo de la Revolución se focalizaba ahora en la pérdida de la verdadera identidad espiritual rusa y de su destino en el mundo [19]. La importación radical del Estado absolutista occidental y unas masas populares imbuidas por ideologías radicales foráneas habían socavado la unidad y convivencia nacional en 1917. Y ante la misma, la autoridad soberana debía separarse del destino de los Romanov, y alentar una monarquía nacional y espiritual, como ascendente patriótico y no como linaje dinástico, como unidad histórica [20].

La vieja Organización comunal del Principado de Novgorod había desaparecido del imaginario colectivo; los Zemski Sobor de la antigua Moscovia era un recuerdo lejano. En los estertores del Imperio la necesaria y justa desigualdad que cifraba toda sociedad se había convertido en animadversión; la labor espiritual y rectora de las elites hacia el pueblo había desparecido (por la corrupción y la ociosidad) y los derechos ciudadanos habían hecho desaparecer las obligaciones respecto a la patria y la fe. Y la propiedad se había convertido en caballo de batalla entre clases, leitmotiv del marxismo leninista triunfante en 1917, al verla los primeros como el medio para vivir de las rentas sin trabajo arduo, y los segundos como una forma de opresión de burócratas y terratenientes holgazanes.

El igualitarismo revolucionario había ganado en la nueva Petrogrado, y con ello se había desvanecido el orden tradicional. Frente al mismo, que dominaba conciencias y controlaba las almas, solo cabía desarrollar una nueva “conciencia de la ley” (правосознание) adaptada en cada momento al desafío histórico. Este concepto hacía referencia al fundamento de la auténtica y verdadera obediencia ciudadana, basada en la moralidad y la religiosidad, y centrada en la correcta comprensión individual de la ley y de su cumplimiento. Sin esa conciencia, construida y difundida nacionalmente, no había orden duradero y justo posible ni ley aceptada socialmente (idea publicada en su obra póstuma О сущности правосознания).

La Ley y el Poder, tradicionalmente fundados y jurídicamente legitimados, eran la base para el porvenir de esa autoridad soberana, base de la “misión histórica” de una Rusia eslava pero “madre” de diferentes etnias y culturas bajo su seno (lo que le hacía rechazar el fascismo y el antisemitismo). Por ello escribió en О главном (Sobre lo importante) y en Наши задачи (Nuestra tarea) sobre la necesidad de construir una gran y poderosa Rusia superando los odios de clase, de raza y de partido.

  1. b) El futuro de Rusia.

En 1949 describía su tercera vía tradicional y conservadora, auténticamente rusa. Una creación ajena a las exigencias extranjeras, aunando lo mejor del pasado y lo mejor del presente, y donde esa autoridad soberana diese explicación a cada acto del devenir. En uno de sus textos capitales, El futuro de Rusia, lo explicó meridianamente claro [21]. El camino de Rusia no podía ser la democracia liberal occidental, ni el totalitarismo de izquierda o derecha. “Nosotros insistimos en el tercer camino para Rusia y consideramos que es el único correcto” defendía Ilyin [22].

La democracia liberal situaba al Estado como una Corporación, voluntaria y liberal, que “se construye de abajo hacia arriba” a partir de interés del individuo y la votación puntual (“todo por el pueblo” era el ideal de la democracia formal). Todo era libre, nadie era responsable, desapareciendo “la medida de la libertad“. Por ello esta Corporación estaba pasando por “un gran y prolongado periodo de la crisis“, que “sólo podía tener dos resultados: o el triunfo de las dictaduras y la tiranía totalitaria de la dirección (lo que Dios no quiera!), o una actualización completa del principio democrático en el lado de la selección de los mejores y de la política de la educación“.

Mientras, para el totalitarismo la vida del Estado era una Institución (por ejemplo, hospitales, institutos de enseñanza secundaria) que se construía siempre de arriba hacia abajo (incluso cuando la propia institución era establecida por voto popular); en ella “las personas interesadas en la vida de la institución, recibirán de él el beneficio y el uso, pero no mostraban su interés ni participan en su objetivo general. Aceptaban pasivamente a una institución -cuidado, servicios, beneficios y orden- que decide que se toma y que no; y, si acepta, en qué condiciones y hasta cuándo“. La institución se basaba en el principio de la tutela de personas interesadas, y las autoridades no son elegidas sino designadas. “Y puesto que el Estado es una institución, en la medida de que el pueblo no la controla, no se decreta, sino que se educa y obedece” concluía Ilyin.

Frente a ambas posiciones dominantes, Ilyin hablaba de esta tercera vía, de un sistema jurídico-político ruso que recogía lo verdaderamente valioso de lo corporativo y de lo institucional. La Corporación permite a los ciudadanos participar del objetivo común y controlar a sus gobernantes, colaborando al Imperio de la ley. La Institución sostiene la vida en común, más allá de vaivenes partidistas y bajo la gestión de los mejores, asegurando un Estado fuerte y neutral. Lo corporativo permite fiscalizar como una empresa al Estado, impregnándose de la solidaridad del autogobierno; lo institucional consolida la permanencia de la nación (“el estado nunca dejará de basarse según un tipo de institución, especialmente en aquellos aspectos que requieren una única autoridad y disciplina: a saber, en los asuntos públicos de la educación, el orden, la corte, de control, de defensa, la diplomacia“). La solución rusa eliminaba de raíz los excesos de ambos sistemas: la tiranía de los de abajo (que llevaba a la incapacidad del gobierno) y de los de arriba (que llevaba al nepotismo y la parálisis del poder).

El Estado en su sano ejercicio siempre combina rasgos de la corporación con los rasgos de la institución: se basa -desde arriba y desde abajo- sobre el principio de la autoridad pública de la tutela, y según el principio de la autogestión. Hay asuntos estatales en las que es relevante y útil el autogobierno corporativo; y hay algunos casos en los cuales es decididamente inapropiado e inaceptable[23].

Pero el nuevo Estado ruso debía establecer la mejor y más adecuada combinación de instituciones y corporaciones “para las condiciones de vida” de la nación: en función del territorio y sus dimensiones (efectividad del poder), la densidad de población (tipo de organización), las tareas del Estado (Imperio de la ley), la economía nacional (grado de desarrollo), la composición étnica (gestión de masas), la religión del pueblo (fidelidad y unidad), la composición social (tipo de solidaridad), el nivel cultural del pueblo (participación ciudadana) y la vida popular (carácter nacional) [24].

Sobre el análisis de estas condiciones se podía comenzar a construir el sistema jurídico-político futuro de Rusia, que permitiese la creatividad de la libertad y consolidase la unidad de la autoridad; que uniese, en suma, a los de arriba con los de abajo en una empresa histórica común:

“La próxima Rusia tiene que encontrar para sí mismo -de forma especial, original y pública- esta combinación de la institución y la corporación, que sería el modelo ruso, el nacional de los registros históricos, desde el imperio de la ley ante el dominio territorial de la Rusia revolucionaria. Frente a semejante tarea creativa, los llamamientos de los partidos extranjeros a la democracia formal se quedan ingenuos, frívolos e irresponsables[25].

Pero las críticas no tardaron en llegar. Sus tesis fueron despreciadas por los liberales occidentales y los comunistas bolcheviques. E Ilyin llegó a la conclusión de que ambos bandos querían la destrucción de la nación rusa. En 1950 escribió en Lo que promete el mundo con la desmembración de Rusia, como ese “mundo moderno” buscaba acabar con la independiente y soberana identidad rusa (monárquica y ortodoxa) ridiculizándola públicamente, como paso previo para desmembrar el país, repartírselo comercialmente y culturizarlo a la manera occidental. Anunciaba, además, que la futura caída de la bolcheviques, si no se construía un poder autoritario fuerte y unido alternativo y soberano, daría paso al “separatismo, al caos en los desplazamientos, a la vuelta a las matanzas, al desempleo, al hambre, al frío, al desgobierno..”. Ante esta situación futura, Ilyin proclamaba que:

“Esto no es inteligente. No es una visión de futuro. Apresuradamente en el odio y desesperada en este siglo. Rusia- el polvo humano y el caos. Ella es ante todo una gran nación, sin desperdiciar sus fuerzas y sin desesperar en su vocación. Este pueblo necesita un orden libe, de paz, de trabajo, de la propiedad y de la cultura nacional. No lo entierren antes de tiempo!. Vendrá la hora de la historia dónde el pueblo ruso se levantará desde el imaginario del sepulcro y reclamará sus derechos!” [26].

  1. Su obra.

Buena parte de su obra se publicó tras su muerte. La censura soviética y el rechazo liberal lo hicieron casi invisible, como a la generación que buscó desde el exilio y la cárcel la liberación comunista desde ese “alma rusa” (desde Berdiayev hasta Denikin). En 2005 vieron la luz los 23 volúmenes de las obras completas de Iván Ilyin, y además se publicó el documental “El Testamento del filósofo Ilyin” (de Alexei Denisov). Tras el regreso de sus restos ese mismo año, fue objeto de una intensa recuperación de la mano del cineasta Nikita Mikhalkov, del jurista Vladimir Ustinov, del literato Alexander Solzhenitsyn, del erudito Nikolai Poltoratzky, y del Ministerio de cultura ruso, que acogió en el Fondo de cultura rusa sus manuscritos de Suiza (tras ser recopilados desde 1966 en la Universidad de Michigan por Poltoratzky); fondo que recoge su biblioteca personal con más de 630 títulos de libros, folletos o revistas, la mayoría escritos en su exilio helvético, siendo los más representativos:

  • La doctrina sobre el derecho y el Estado (Общее учение о праве и государстве, 1915) [27].
  • Filosofía de Hegel como la doctrina acerca de la especificidad de Dios y del hombre(Философия Гегеля как учение о конкретности Бога и человека, 1918).
  • Sobre la entidad del Imperio de la Ley (О сущности правосознания,1919).
  • Sobre la resistencia al Mal por la Fuerza(О сопротивлениии злу силою, 1925).
  • La base de la Cultura Cristiana(Основы христианской культуры, 1938).
  • Sobre el futuro de Rusia. ¿Qué es el Estado, una corporación o una institución?(О грядущей России. Что есть государство – корпорация или учреждение?, 1949).
  • Sobre el Fascismo (О фашизме, 1948).
  • El Camino hacia el conocimiento(Путь к очевидности, 1957).
  • Axiomas de la Experiencia Religiosa(Аксиомы религиозного опыта, 2 tomos, 1953).
  • Sobre la Monarquía y la República(О монархии и республики, 1978).

* Historiador, Doctor en Política social, director del IPS y Profesor de la Universidad de Murcia.

[1] Para Zgustova, Ilyin era el gurú ideológico del imperialismo nacionalista de Putin, al fundamentar una “mano de Hierro” que una a todos los sectores conservadores el país en defensa de sus intereses, dentro de un régimen autoritario pero formalmente democrático “donde la Iglesia, los medios de comunicación y los partidos políticos se pueden tolerar siempre y cuando demuestren lealtad”. Véase Monika Zgustova, Las rosas rojas de Putin. El País, 14/06/2014.

[2] “Это дивное слово — Россия”. Izvestia, 1/12/2014.

[3] Sergio Fernández Riquelme, “Rusia como imperio. Análisis histórico y doctrinal”. La razón histórica, nº 25, 2014, págs. 128-148.
[4] е Президента Федеральному Собранию. 4 декабря 2014 года.

[5] Евлампиев И. И., Феноменология божественного и человеческого в философии Ивана Ильина, 1998.

[6] Томсинов В. А., Тюренков М. А. Ильин Иван Александрович // Императорский Московский университет: 1755—1917: энциклопедический словарь. М., Российская политическая энциклопедия, 2010.

[7] N. O. Lossky, History of Russian Philosophy. Allen & Unwin Ed.,. Londres, International Universities Press, 1951.

[8] Киселев А. Ф, Иван Ильин и его поющее сердце. М., Университетская книга, 2006.

[9] Discurso pronunciado por Ivan Ilyin en Berlín, el 19 de noviembre de 1923, durante el VI Aniversario de la Federación de Voluntarios de Ejército Blanco.

[10] Томсинов В. А., Мыслитель с поющим сердцем. Иван Александрович Ильин: русский идеолог эпохи революций. М., Зерцало, 2012.

[11] Discurso, op.cit.

[12] Ídem.

[13] “Sobre el Poder y la Muerte” (1928).

[14] Христиане на службе // Возрождение. Париж, 1928.

[15] Ídem.

[16] Ídem.

[17] Ídem.

[18] Pierre Pascal y René Palacios More, Las grandes corrientes del pensamiento ruso contemporáneo. Madrid, Ediciones Encuentro, 1979.

[19] Зернов И. Иван Ильин. Монархия и будущее России. М., Алгоритм, 2007.

[20] Sobre la esencia espiritual de la Monarquía rusa y su posible organización corporativa véase a Георгий Титов, КОРПОРАТИВНЫЙ ПРИНЦИП И ПРАВОСЛАВНАЯ ГОСУДАРСТВЕННОСТЬ. La Razón histórica, nº27, 2014, pp. 250-258.

[21] “О грядущей России. Что есть государство – корпорация или учреждение?”. Hronos, 2009 (Viacheslav Rumiantsev ed.).

[22] En su texto Sobre el Fascismo (1948), Ilyin señalaba cómo este movimiento surgió como reacción directa al bolchevismo totalitario y a la democracia liberal “sin salida” en seno del pensamiento conservador; puedo ser una alternativa viable de organización nacional-patriótica en la Historia, pero fracasó como movimiento político-social al ligarse al mismo anticristianismo de sus supuestos enemigos ideológicos.

[23] Ídem.

[24] Ídem.

[25] Ídem.

[26] Ídem.

[27] Publicada en 1956.

Fuente: Revista Eslavia

mercredi, 31 décembre 2014

Study of Sombart – Varsanyi

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Study of Sombart – Varsanyi

A Study of Werner Sombart’s Writings by Nicholas A. Varsanyi (PDF – 8.4 MB):

A Study of Werner Sombart’s Writings

Varsanyi, Nicholas A. A Study of Werner Sombart’s Writings. Ph.D. Thesis, Montreal, McGill University, 1963. File originally retrieved from: <http://digitool.library.mcgill.ca/R/?func=dbin-jump-full&object_id=115298&local_base=GEN01-MCG02 >.

 

Ex: http://neweuropeanconservative.wordpress.com

mardi, 30 décembre 2014

Lawrence Dennis & a “Frontier Thesis” for American Capitalism

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Lawrence Dennis & a “Frontier Thesis” for American Capitalism

 

By Keith Stimely 

Ex: http://www.counter-currents.com

Editor’s Note:

Lawrence Dennis (December 25, 1893–August 20, 1977) was one of America’s most original Right-wing critics of liberalism, capitalism, imperialism, and the Cold War. Interestingly enough, he was part black, a fact that was known to his many Right-wing admirers. In commemoration of Dennis’ birthday, and as a Christmas gift to our readers, we are reprinting Keith Stimely’s excellent introduction to his life and ideas.    

Best known at the height of his writing career in the 1930s as “America’s leading fascist” and also as a strenuous opponent of American intervention in World War II, Lawrence Dennis was an economist and political theorist whose writings on the decline of capitalism and its international social and political implications received wide and serious attention in the 1930s and early 1940s. In fact, Dennis was much more than an apologist for fascism or a conservative isolationist, and in some of his ideas he could be viewed as a precursor as well as a contemporary of such better-known thinkers as John Maynard Keynes, Adolf A. Berle, Jr., James Burnham, Max Nomad, Charles A. Beard, and George Orwell. There is something of each of these thinkers in Dennis, and if because they and Dennis all published their ideas at roughly the same time, there arises any question of his intellectual “borrowing”[1] from them, it might be well to point out just who preceded whom.

Dennis’s initial formal statement of his ideas in 1932, in his book Is Capitalism Doomed?,[2] was almost exactly contemporaneous with Berle’s published statements of his concept of propertyless power[3] and Nomad’s notion of the inevitable entrenchment of a power-driven bureaucratic elite even in “workers’“ movements and societies proclaiming an end to all elitisms.[3] Dennis’s book appeared some ten years before Burnham’s work arguing for the theory of a new managerial elite replacing old business and even governmental elites,[5] and longer than that before Orwell’s depiction of psychological and actual preparation for international conflicts perpetually designed to serve domestic political ends.[6] Dennis published two years before Charles Beard made his case for America’s rejection of overseas investments with their inevitable political ties and his prescription for what would amount to “regional autarchy” for the nation’s economy,[7] and four years before Keynes’s final, published formulation, in his “General Theory” of 1936, of his rejection of the supposition of classical economics that the business cycle will always self-correct and his prescription for government stimulation when it does not.[8] Historian James J. Martin has remarked that all one has to do to find evidence of very many “Keynesian” ideas floating around American intellectual circles years before the General Theory is look at issues of the Harvard Business Review of the late 1920s. Keynes’s and “Keynesian” influences—if gradual—on theory and policy in the liberal-democratic states have always been recognized; much less treated has been the question of his influence on the fascist states, or the consideration and adoption by them of policies that bore strong similarities in their essences to what we would regard as “Keynesianism.” Martin has been responsible for bringing to general public attention the fact that Keynes wrote a special foreword for a translated edition of the General Theory which appeared in National Socialist Germany in 1936; see “J. M. Keynes’s Famous [sic: this is Martin’s dig] Foreword to the 1936 German Edition of the ‘General Theory’,” pp. 197-205 in Martin, Revisionist Viewpoints: Essays in a Dissident Historical Tradition (Colorado Springs: Ralph Myles Publisher, 1971; 1977).

Dennis himself was sufficiently honest in referencing the basic influences on his thought: the historian Frederick Jackson Turner, the sociologists Vilfredo Pareto and Robert Michels, the philosopher of history Oswald Spengler, the economists Thorstein Veblen and Werner Sombart. Out of his familiarity with these thinkers and his own experiences in the 1920s as a U.S. diplomatic service officer and an international banking functionary, he fashioned by the mid-1930s a synthetic view of economics, politics, society, and history that was striking at least in its sheer brilliance and clarity and which both liberal and conservative commentators of the time recognized as such, whether they agreed with it or not.

Ld-41jz+H2sjwL..jpgDennis became even more provocative after he began actually prescribing possible political solutions to the problems of depression and war. Although the American and British left initially hailed Dennis as a leading expositor of capitalist senescence,[9] they became increasingly wary of him (though still giving his ideas wide play) when he turned in the mid-thirties to fascism and began to advocate for the United States a corporatist, collectivist state in which business enterprise, though retaining its basic forms and privately owned character, would have been obliged as necessary to knuckle under to the programmatic and channelizing demands of a “folk unity” state. Aside from the “dark” similarities between such a system and regimes of the time in Germany and Italy, this was too little for the left and too much for the right. New Dealers in particular were furious when Dennis blithely stated that trends toward such a political-economic system were already well under way in the Roosevelt regime, even in the absence of such blunt advocacy for them as he was wont to make.[10] Eventually Dr. New Deal himself in the guise of Franklin Roosevelt would have Dennis prosecuted under the Smith Act for “sedition,” and the economist joined 29 other assorted non-interventionists, of widely varying political hues and mindsets, in the dock for the “mass sedition trial” of 1944. Dennis was the principal among the defendants in consistently making a fool out of the prosecutor, and after a mistrial caused by the death of the judge, to the accompaniment of increasing skepticism about the whole business even within the pro-administration press, the government dropped its case.[11] By that time establishment opinion-formers had dropped Dennis, whose ideas were deemed beyond the pale. The man who once wrote for the Nation, The New Republic, Foreign Affairs, the Annals of the American Academy, Saturday Review, and Current History, whose speeches and participation in roundtable forums were covered by the New York Times, and whose books were given reasoned hearings by such luminaries as Max Lerner, Matthew Josephson, Louis M. Hacker, John Chamberlain, Dwight MacDonald, D. W. Brogan, William L. Langer, Waldemar Gurian, Francis Coker, Norman Thomas, Owen Lattimore, and William Z. Foster, was denied any further access to or treatment in “respectable” forums (or even in the “unrespectable” forums of the left, which reached a vast audience of thoroughly establishment intellectuals) and so had recourse to self-publication for most of the rest of his productive years.[12]

Dennis spent those years—a good quarter-century—vigorously opposing the cold war and any view of Soviet Russia as carrying a special “sin” that had to be wiped out, just as he had opposed American entry into World War II and any view of the fascist nations as unique repositories of “sin.” In both cases his positions arose less from ideological affinities than from his hard-core realism: his caution was against “the bloody futility of frustrating the strong.” He also continued to state his view that American capitalism, having lost its essential “dynamic,” including its necessary “frontier,” could not solve its endemic twentieth century problems—underconsumption and mass unemployment—without recourse to war or “permanent mobilization” for it. Sneering at all “classical,” “Austrian,” or “monetarist” solutions to capitalist crisis, he proclaimed—as one who had been among America’s foremost “pre-Keynes Keynesians”—that Keynesian-style government intervention in some form and to some degree or other was here to stay and was not a bad thing, provided that it focused inward, on the solution of the nation’s internal problems, and not outward, to “solution” by foreign war.

Ultimately Dennis believed that “economic laws”—whether those proclaimed by classical economists or Marxists—must and would inevitably follow political mandates, not vice-versa. In a modern age in which traditional capitalism was obsolete, socialism was not at all going to be what its utopian founding theorists had in mind, and the sheer power-wield of elites operating in nationalistic contexts through discreet psychological and cultural appeals was the decisive factor in shaping economic relationships. Toward the end of his life Dennis coined the term “operational”—as opposed to idealistic or wishful—to describe not so much what but how to think correctly about world problems, including economics, and he called himself an “operational thinker.”

That he had once called himself a “fascist,” however, has informed almost all the approaches to his thought up to the present. Always monumentally unconcerned with what most people, including fellow intellectuals, thought of him, Dennis in the 1930s frankly advocated a variant of a system that then seemed to be “working”—as American capitalism and liberal democracy, unable to pull themselves up out of the Depression, just were not. That the label of “fascist” (which, in its conventional use in America as a term of invective, has gone a long way toward meaning absolutely nothing from meaning absolutely anything) has stuck is in part although by no means exclusively the fault of Dennis himself. It is a label that has stood as a major roadblock on the way to serious considerations of the full range of his ideas, on their plain merits, from the perspective of history since they were first advanced. “America’s No. 1 intellectual fascist,” “Brain-truster for the forces of appeasement,” “the intellectual leader and principal advisor of the fascist groups”[13]—these were the epithets by which Dennis came to be identified, and is still in large part identified. But even in them there can be seen a nuance that not only applies to but was actually formulated just for him—“intellectual,” “brain-truster,” “advisor.” Even the shrillest critics could not bludgeon Lawrence Dennis into the prefabricated stereotypes as a native-fascist Bundist, Silver Shirt, or Christian Mobilizer. And even in recognizing Dennis as a genuine fascist intellectual, his critics also differentiated him further. Unlike most “philosophers of fascism,” who tended to restrict any consideration of economic issues to situational analyses, Dennis did not ignore economics in the construction and exposition of his larger, broadly historical, world view. Rather, his appreciation of fascism derived in good part from his initial economic orientation in approaching problems of politics and society, specifically in his critique of capitalist historical development in America.

A summary and analysis of that critique and of Dennis’s career are long overdue, as is a critical consideration of some of the historiographical and other scholarly treatments of Dennis that have appeared since the climax of his career. It was just around the time of his retirement from writing around 1970 that a younger generation of scholars began to study his thought and to bring him to the attentions of yet others for whom he was either a completely unknown quantity or just the smart guy of “the 1930s native-fascists.” Whereas older considerations of Dennis, coming from old-line liberals, focused on his political fascism, the newer studies, coming after the development of a “New Left” historiography critical of American interventionism abroad and from writers inclined toward or interested in anti-“consensus” intellectual history, have tended to concentrate on his consistency in opposing both American involvement in World War II and in the cold war. There has been no study devoted to his economic views; the most thorough treatments of these have been in reviews of his first three books as they appeared in the span of years between 1932 and 1941. The following purely expository treatment of Dennis’s leading economic idea—his “frontier thesis” for American capitalism—makes no claim of thoroughness either in itself or in placing his economic thought within the context of his broader views. It will serve as an introduction to all the basics of these, however.

The Man and a Theme[14]

Dennis was born in 1893 in Atlanta, Georgia, of moderately well-to-do parents. He attended Philips Exeter Academy from 1913 to 1915 and proceeded to Harvard University. His studies interrupted by American entry into the First World War, he volunteered and received his officer’s commission through attendance at the novel Plattsburg officer training camps in Plattsburg, New York, in 1915 and 1917 and subsequently served in France as a lieutenant of infantry with a headquarters regiment. For several years after demobilization he wandered around Europe playing foreign exchange markets “on a shoe string,” then returned to America to finish his studies at Harvard, graduating in 1920.

Dennis entered the U.S. diplomatic service and worked as American chargé d’affaires in Romania and then Honduras. He was sent to Nicaragua as chargé in 1926 and remained there throughout the Sandino revolution and the American military intervention. It was Dennis who, under State Department orders, sent the cablegram “requesting” the intervention of U.S. Marines in Nicaragua. He never favored the intervention and after publicly criticizing it in June 1927, resigned from the diplomatic service. He went to work in Peru as a representative of the international banking firm of J. & W. Seligman & Co., advising it on Peruvian and other South American loans. In this capacity he came increasingly to be wary of, and finally unalterably opposed to, loans for private or public purposes made without tightly-held strings attached or any loans to countries whose perpetually unfavorable balances of commodity trade made repayment a dubious proposition. He advised against weighty loans that were in fact made and on which the debtors in fact defaulted. In 1932, two years after resigning from Seligman to retire to his Becket, Massachusetts, farm to pursue a career as writer, lecturer, and investment analyst, he was a prominent witness before the Johnson Committee of the U.S. Senate investigating international lending practices and the default of overseas loans. By that time he was well under way to establishing himself in American intellectual circles as a sharp critic of investment banking practices and of an entire capitalist system which had evidently brought on—and so far could not solve—American and then worldwide depression. Articles in leading journals paved the way for the systematic, in-depth exposition of the viewpoint that he espoused for the rest of his life.

Dennis’s career as a thinker in the 1930s and 1940s was roughly divided into three phases, each represented by a book. In Is Capitalism Doomed? of 1932 he provided his basic critique of traditional capitalist business enterprise and pointed out the necessity of government planning. Chief among the abuses of private capitalist “leadership” was the grotesque over-extension of credit, internally in agriculture and industry and externally in foreign loans and trade (loans being made only to allow the paying-off of earlier loans, the same process then occurring with these later loans; trade actually being paid for only by the loans of the trader). Not far behind in iniquity was the refusal of capitalists to spend, preferring to hoard, the real incomes that accrued to them while millions were unemployed for want of investment spending. Not yet ready to state what, if anything, could or should take the place of this outdated business order and the liberal-democratic state which allowed it (the two necessarily went hand-in-hand, in his estimation), Dennis contented himself with providing “suggestions of moderation or restraint”—specifically, high taxation on the wealthy (preferably toward job-creating public works projects), high tariffs, and high government spending to keep up employment in a self-sufficient or autarchic national economy—which might prolong and render American capitalism’s “dying years” more pleasant. By 1936 and The Coming American Fascism[15] Dennis was ready to be even more specific both in diagnosis and prescriptive remedy. With the Depression still unrelieved six years after it had started and three years after inauguration of the Roosevelt “planless” revolution,[16] Dennis foresaw the system’s final collapse and offered only the alternatives of fascism or communism to replace it. He frankly favored the former, not only because it seemed to be proven by example in certain countries of Europe, but because the latter alternative would mean a disastrous “wipe-out” of valuable business technicians—as opposed to their co-option and enlistment in national service by a fascist state. Dennis did provide, at length, his description of what “one man’s desirable fascism” would be like—but he stressed that any successful fascist movement in America would doubtless not call itself that and in fact would most probably arise in the guise of anti-fascism, perhaps even in the crusading call for a war against fascism.

LD-41zy7zV0-dL._SY300_.jpgIn The Dynamics of War and Revolution[17] of 1940, Dennis particularly explored this last theme as part of an overall treatment linking his ideas to the tempestuous international scene of the time. He predicted eventual American involvement in the European war as the only way for American capitalism finally to get out of its Depression, and as representing a desperate effort by the stagnated “Have” plutocrat countries (America and Britain) to stifle the rising economic as well as political challenges of the dynamic “Have-not” socialist countries (Germany, Italy, and Russia). His blithe identification of the Hitler and Mussolini regimes with the “socialist” camp tended to cause great upset in communist or other leftist reviewers of the book.

But the liberal states’ war to end fascism, with its necessary mobilization of business resources under governmental direction and backed only by government financing, all accompanied by massive doses of governmental propaganda to the democratic herds, would result only in an increasing impingement of “fascist” trends upon the political and business structures of those very states, and even—especially—in winning there could be no return to a laissez-faire whose era had passed. Dennis hoped that the state mobilization of the economy that he saw as inevitable, and which he favored on principle, could be directed inward to reform, public works, and ultimate national economic self-sufficiency. Were it to be directed outward in another big foreign crusade ostensibly to end “sin” in the world, it would probably continue to follow that course so lucrative for keeping up production, maintaining high employment, and staving off deflation, and more “sin” would assuredly be found to crusade and spend against after the dispatch of “original sin.” Thus, even before American intervention in the war (right during the Phony War, in fact), and with no real clues as to its outcome or even the final line-up of adversaries, Dennis was hinting at a postwar cold war for America.

He supplemented his book-writing activities of the 1930s and early 1940s with regular contributions to H. L. Mencken’s American Mercury, where many of the ideas of The Coming American Fascism and The Dynamics of War and Revolution were originally advanced, lectures and debates, consulting in economics for E. A. Pierce & Co., and editing and writing his own newsletter, The Weekly Foreign Letter, which ran from 1938 to 1942. After the “sedition” episode and a lengthy book about it, A Trial on Trial (co-authored with lawyer Maximilian St. George), he started another newsletter, The Appeal to Reason, which ran for more than twenty years, despite a circulation that never exceeded 500 subscribers (who included former President Herbert Hoover, Senator Burton K. Wheeler, General Robert E. Wood, General Albert C. Wedemeyer, Amos Pinchot, Colonel Truman Smith, and Bruce Barton).[18] Dennis also served as an investment advisor to General Wood and made him a lot of money. Dividing his time after the war between his Massachusetts farm and the Harvard Club in New York City, he confined his social life largely to a small circle of friends and colleagues, which included revisionist historians Harry Elmer Barnes, Charles Callan Tansill, and James J. Martin, political scientist Frederick L. Schuman (his neighbor in Massachusetts—and political opposite-number; also his in-law), writer and former “sedition” co-defendant Georqe Sylvester Viereck, and publicist H. Keith Thompson. His last book, Operational Thinking for Survival, appeared in 1969. Although the basics of the manuscript had been completed in the late 1950s, the book lay fallow for want of a publisher.[19] In it he hewed to his basic convictions as expressed 30 years before; he claimed vindication by the course of postwar events, made the extended case for “operational” (“or ‘rational’”) thinking, described the futility, waste, and danger of a cold war that was both a result of and a constant prop for moralistic stupidity, and found time to blast neo-classical critics of the “New Economics” of which he had been one of the earliest, if most unusual, exponents. Shortly after the book’s appearance, he suffered an incapacitating stroke and remained only sporadically active until his death in 1977.

Dennis’s most systematic and developed presentation of his fully matured ideas on the decline of capitalism appeared in The Dynamics of War and Revolution. In Part II, “The End of the Capitalist Revolution,” consisting of five chapters, he laid out his “autopsy” of the American—in microcosm, the Western World’s—capitalist dynamic. Capitalism, Dennis argued, must ever expand or die. The impulse, the driving dynamic, behind expansion is the eternal quest for markets (of need, not just luxury), a quest that is actually a desperate race against the threat of a linear process of overproduction, causing underconsumption, causing cutbacks in production, causing unemployment, causing loss of purchasing power, causing loss of investment incentives—all leading to stagnation and, finally, bust. Busts may be followed by booms only when real market expansion takes place. But such expansion can occur only when a perpetual, ever-receding “frontier” is present. The frontier can be a literal, geographical frontier (far from, contiguous to, or even within a nation), or the “frontier of scarcity” provided by a growing consumer population, or the “frontiers” provided by other nations or regions whose markets can be seized without excessive political or military risk. The three centuries of the “Capitalist Revolution,” roughly from 1600-1900, satisfied the need of capitalism in all these areas and provided its dynamic power. The discovery of a vast New World provided Europe’s literal frontier for expansion of its markets (and its population), as well as sources of materials for production and distribution (mercantile considerations were in fact the single most significant impulse behind the drive for colonization); within that New World, both before and after it was constituted as a new nation, the westward frontier provided the same engine of dynamism for the base population—especially in the lure of free land. All over the globe European imperialisms found markets “for the taking” in lands which could not stand up to European military technics or trading attraction; America also expanded its national and market frontiers through “easy wars of conquest”—against Mexico, against Spain in contests of rival imperialisms, in interventions and “presences” all over its southern watches and even in the far Pacific; the new technics of industrialization and transportation came along at the perfect moment to exploit the situations of these expanding market-frontiers, and all these developments were accompanied by an overall burst in population growth such as the world in its recorded history had never before experienced.

Thus the “Capitalist Revolution” was successful because of specific, historically conditioned reasons. But according to the theoretical apologists for capitalism, the success was not historically conditioned, and there was no reason why it could not continue indefinitely and the revolution remain permanently, even if it were erratic in its equilibrium: Busts would always be followed by booms in a self-correcting business cycle. Once stagnation or bust were reached, new consumer demands would before long “force” investment and production to rise again (and thus employment, purchasing power, more investment, and so on). The proponents of classic capitalism were continuing to assert this right down through the depths of the 1930s Depression. For Dennis, these rosy theorists were wrong and had been proven wrong by an American (and out of it, a world) economic cataclysm which had not been seen before and after which things would never be the same again. The theorists were basing their prescriptions and predictions on the historical record of the business-cycle through the 300 years of capitalist dynamism, as if universal or timeless “laws” of business-development could be deduced from that alone. In fact, by their concentration on the “waves” of the business cycle in this limited time-period and historically unique situation they were missing the tide. The great tide was the fact that the “Capitalist Revolution” was finally over because the frontier—all the “frontiers”—existed no more.

The literal American frontier—which had provided the essential stimulus of “the profits of free lands” (both as lure and, crucially, as escape)—ceased to exist about 1890. Linking this in with British imperialism, which had reached its apogee at about the same time (“the frontier was to Americans what the empire was to the British”[20]), Dennis held that the processes of expansion and acquisition, not the actual holding, constituted the mechanism that gave capitalism its dynamic; the former fueled capitalist development, the latter inevitably invited stagnation:

Empire is a process of expansion by conquest, not just the place so acquired. . . . The socially important fact about an empire is getting it, and, about a frontier, getting rid of it. The two processes amount to the same thing . . . so far as empire is concerned, it is the growth, not the existence, the getting, not the keeping, that is historically significant and socially dynamic. A nation grows great by winning an empire. It cannot remain great merely by keeping one. Indeed, once it stops growing it will start decaying . . . . Mankind is destined to live by toil and struggle, not by absentee ownership . . . . What we now call capitalism, democracy and Americanism was simply the nineteenth century formula of empire building as it worked in this country. Here the process was often called pioneering; its locus, the frontier . . . . Now that empire building along the lines of the nineteenth century formula is over, both for the British and ourselves, capitalism and democracy are over as we knew them in that past era. . . . Unlike the Have-nots, we shall not expand because we are land hungry. Hunger is dynamic. In the twentieth century, unlike the nineteenth, no profit is to be made out of increasing available supplies of raw materials and foodstuffs. Profit making is dynamic. But, to be dynamic it has first to be possible. The conditions creating this possibility are the primary dynamisms of capitalism.[21]

The conditions that imparted success to capitalism were gone with the frontier, and for Dennis the central idea of historian Frederick Jackson Turner, which he quoted approvingly—”The existence of free land, its continuous recession and the advance of American settlement westward, explain American development”[22]—explained in particular the character of American economic development, just as the “world frontier” with its “free” (or easily-acquired) land for European nations explained broad capitalist development. But the end of capitalism could also be explained. The end of the literal frontier for America and the capitalist world was paralleled by the end of the industrial revolution, the decline in the rate of population growth, and the end of further possibilities of “easy wars of conquest.”

LD-41r0MpuBa.jpgThe industrial revolution—the effect of technological change—had worn down, and there could be no hope that industrialism or technics could always exist, through evolutionary refinements of better techniques and types of production and more and different appeals to the marketplace, to “reinvigorate” or “save” capitalism when necessary. Industrialism had worn down because it was never a dynamic of itself, but could be dynamic only in the era of the frontier and of rapid population growth. (“Today, so far as stimulating business expansion is concerned, industrial changes are no more dynamic than changing cross ties or steel rails on a railroad. . . . As for entirely new products, they now tend to replace old products and to result in no net increase in consumption or production.”[23]) The essence of the industrial revolution was change specifically within the context of growth or continuous expansion, which means that it could only have been a transient phase whenever and wherever it occurred. This “series of events in time and place” constituted a very real revolution, perfectly following the mercantilist one and necessary to the realization of the overall capitalist one—but it could remain revolutionary only so long as it was expansive.

It might be expansive in perpetuity if “Say’s Law”—production as necessarily creating the purchasing power to pay for what is produced—was correct. It was not correct, because its essential corollary, the doctrine of “consumer sovereignty” holding that goods and services are produced for a profit in response to consumer needs and demands, was “100 percent false. Producer demand, not consumer demand, is sovereign.” Here Dennis turned on its head one of the fundamental tenets of capitalist theory:

The producers decide what, when and how much to produce, including the volume of construction and producer goods activity such as new plants, office buildings, etc. In other words, volume and rate of reinvestment of profits and savings determine swings in consumer demand. Producers and investors determine swings in the volume and velocity of the flow of consumer purchasing power. Booms are made by producer and investor optimism and ended by producer and investor pessimism. Consumer needs and desires have no more to do with the up- and downswings than sunspots. When producers decide to curtail production, consumer purchasing power declines and thus arise good reasons to cut production and employment and wages still further. The process is reversed by a change in producer and investor psychology. The producer decisions, as every one knows, are governed mainly by changes in expectations of profit.[24]

The end of the frontier—even just catching sight of the end before it was reached—changed the expectations of the “sovereign producers.” That is, it changed their willingness to risk investment. The chief characteristic of American business organization, as it resulted from the industrial revolution taking place in a dynamic frontier-context, was monopoly—about which, incidentally, “there is more hypocrisy . . . than any other subject in the whole field of economics.”[25] The industrial revolution and the frontier created monopolies in almost every new industry. At the beginning and through the halcyon days of the revolution, the monopolistic entities, existent or in process of formation, were the very ones that were most committed to and enthusiastic about investment and risk, and against hoarding or minimal-risk investments or operations. By the end, they were tending to be hoarders or “safe operators” who would expand vertically or horizontally, often both, in organization and control but not in actual new market risk and production—because market frontiers were no longer expanding. This caused gradual stagnation and, when combined with the run of “artificial” expansion of the 1920s, finally Depression. The short-lived boomlets since 1929—those of 1933, of late-1936/early-1937, mid-1938, and late-1939—only provided more evidence that industrial expansion was over as an upholder or as a rescuer of capitalism; they were caused by fears of inflation, not at all by expectations of profits from industrial expansion. Such expectations as could cause real boomlets, not to mention a real end to the Depression, could occur only in a recognized “frontier” situation. Dennis considered at length, and rejected wholesale, the argument (“if it is to be dignified by that name”) that even with the end of the geographical frontier and thus of a physically expanding market base, there nevertheless existed and would always exist a limitless “frontier” of unsatisfied human wants and needs and discoveries which would provide all the incentives and opportunities to keep capitalism going. This argument, as “Say’s Law” and its corollary, assumed that “consumer desire instead of producer greed” was the dynamic of capitalism. But the key was in fact “producer greed”–and although that might happen to satisfy human wants and needs, even in great volume, in the course of the quest for private gain, such a result

. . . was purely an incidental and, in no sense a dynamic or causative factor in these processes. As long as supplies of land, labor and natural resources becoming available for exploitation were rapidly increasing, there was a constant shortage of capital, machinery, housing, transportation facilities and means of subsistence for the workers. This shortage constituted a real industrial frontier. It was a frontier of need, not luxury. Capitalism needs a frontier of scarcity which will keep interest rates high and profit margins wide. It cannot flourish on a frontier of industrial abundance in which interest rates would drop to zero and incentives to private investment would virtually disappear.[26]

LD-519nWoG.jpgOne “frontier of scarcity” that was necessary to a successful capitalism was simply the existence of more and more bodies that needed food and goods. This “frontier” might last forever if population increase could be guaranteed in perpetuity. It couldn’t. Reviewing the census statistics from the first national census in 1790 through that of 1930, Dennis saw that, while the American population increased at dramatic rates throughout the nineteenth century, from roughly the end of the century on the rate of growth (though not simple growth) had been decreasing dramatically. The apogee of population growth, then, had been reached with the passing of the frontier. If the rate continued to decline, and Dennis assumed that it would without significant interruptions,[27] the consequences would be enormous for American capitalism—more so than they already were. For capitalism, here as in all other areas, needed growth:

First among the functions of population growth is that of creating a perpetual scarcity of bare necessities, so necessary for a healthy capitalism or socialism. This scarcity furnishes incentives for the leaders and compulsions for the led. This scarcity now affects only the Have-not countries; hence they alone are dynamic today. Capitalism in America was dynamic while world population increase assured food scarcity. Now that we have food abundance, capitalism is no longer dynamic. Hence the unemployed go hungry because we now lack scarcity. This explanation may sound paradoxical. Well, so is the situation in which farmers languish for buyers of their food and the jobless languish for food. . . . The nineteenth century way of averting the evil of abundance was to have large families. The twentieth century way, now that we have small families, is to have large-scale unemployment and two world wars in one generation. Given the ideology of democracy and capitalism making thrift a virtue and given the shrinking size of families, it is hard to see any way of coping with abundance other than unemployment and war. And given our culture pattern, it is hard to see how we can operate society without the compulsions of a scarcity which a high birth rate, unemployment or war alone can maintain for us in a sufficient degree under our system.[28]

Capitalism “in its era,” product of peculiar historical circumstances that combined to create a 300-year revolution, was insatiable in its thirst for markets precisely because its new productive and distributive power eventually sated the market’s thirst for products. But arrival at the ultimate point of satiation could be and was postponed, and the other factor that allowed for this, besides an expanding frontier and an expanding population to settle that frontier, was the expansion of markets through “easy wars of conquest”; these could guarantee the “scarcities of need” required to hold off stagnation or get out of depression. Wars, of course, had always been God’s gift to capitalism in stimulating production and soaking up unemployment; they thus provided more immediate benefits as well as their longer-term benefits in creating markets. But there was more to the war-imperative of capitalism than simple economic drives. In fact, “easy wars of conquest” fulfilled the needs not only of private capitalism but of public democracy. Capitalism would not have been what it was without democracy, and vice-versa. American democracy was founded on the twin pillars of a mercantile plutocracy and an agricultural slavocracy. The defeat of the latter in civil war meant only meant its absorption into a new industrial wage-ocracy. This wage-ocracy, called “mass employment,” was dependent for its very existence on the expansion of markets—that is, on the reality of frontiers; it naturally made this dependence felt in its political pressures. And the American democratic faith that was instilled into the mass-employed and employers alike was essentially faith in a perpetual land boom. By its national policies of settlement, of incentives for investment, of trade, and of war, the democracy could “keep the faith.” The democracy also had its own, more purely political, reasons, most nakedly seen in its war policies, for keeping it. While capitalism needed wars for foreign markets, land-grabs, and immediate productive stimuli, democracy needed wars for a social unity and stability at home that capitalism itself tended to disallow or disrupt:

In any brief review of the dynamic function of easy wars in the successful rise of capitalism and democracy it would be a serious omission not to call attention to the fact that nationalistic wars tempered the anarchy and contradictions of private competition. Both war and religion necessarily impose collective unity. Their practice unites large numbers of people in interests and feeling. Private competition, on the contrary, must always tend to destroy social unity. . . . An entire community can practice competition in an orderly way only in war or in competition with an outside community. Thus, in war-time, each warring community operates internally on the basis of cooperation and externally on the basis of competition. In this way there is order within and anarchy without. It is obviously an inevitable condition of any society of sovereign nations that it be characterized by anarchy. Multiple sovereignties are merely a synonym for anarchy. International anarchy is a corollary of national sovereignty. That numerous company of idealists and theorists who profess to wish to substitute in the international sphere the rule of law for the rule of anarchy while at the same time preserving national sovereignty is composed of persons who are either singularly obtuse or intellectually dishonest. Anyone who does not understand that, under the rule of law, there can be but one sovereign, not several, does not understand the meaning either of law or sovereignty.

But, although war has been throughout history a force for anarchy as among nations, it has been a force for social cohesion and order as within nations. Between chronic international anarchy and national order there is no necessary contradiction. The fact is that capitalistic democracies have needed the centripetal force of foreign warfare to offset the centrifugal force of private competition. . . . Individualism, or the disuniting force of private competition, has made this [traditional] need of foreign war all the greater. The free play of individual or minority group self-interest tends to make any community go to pieces. The counter forces of unification necessary for social order under capitalism have had to be largely generated by the continuous waging of easy and successful foreign wars.[29]

The problem now, in the twentieth century, was that the “easy wars” had gone the way of the frontier land boom and the frontier-filling population boom; their era was over.

With gusto, Dennis presented tabulations of the wars and military interventions of the three great capitalist democracies in the century and a half up to and including the 1920s. His summaries of these tabulations were meant to lend weight to his premises and conclusions—and to make the reader pause upon hearing any such phrase as “the peace-loving democracies.” England: “54 wars, lasting 102 years, or 68 per cent of the time.” France: “53 wars lasting 99 years, or 66 per cent of the time.” America: “In 158 years there was warfare practically all of the time.”[30]

The end of the era of “easy wars,” which came with the gobbling of the remaining easy marks on the world chessboard, completed the processes ending the “Capitalist Revolution.” The four great props of American capitalist democracy had finally all been knocked out: the frontier, industrialism-as-revolution, population growth, easy wars.

Without these props could American capitalist democracy survive? Dennis said that it could not, and he offered four possibilities as to what would happen to it:

(1) It could proceed in the old ways and under the old assumptions, perpetuating stagnation, massive unemployment, utter failure in every economic realm, and finally calling forth anarchistic chaos.

(2) It could succumb to an underclass proletarian revolution led by its own overclass of disaffected bourgeois out-elites, wiping out all forms of capitalism, and a lot of capitalists, in instituting the dictatorship of the intellectuals.

(3) It could be subsumed into an overall nationalistic, corporatist, and ethically collectivist state which would assume authoritarian directional control over, though not outright ownership of, much of the business apparatus and engage in necessary redistribution and reprioritization to end overproduction and unemployment, specifically via massive internal pyramid-building and social projects; this would be “socialism” in fact—whether its proponents or opponents wished to call it “fascism.”

(4) It could seek to prolong itself by the expedient “out” of war—which, now that there were no more “easy wars” to be had, would have to be a “hard” war, a really big show, the very staging of which, however, would necessitate to some significant degree the organizational and political steps mentioned in course number three.

Dennis favored the third course for America, but he saw the fourth as most likely. In late 1939 and early 1940, as he wrote, it was beginning to be put into effect. The new style of “hard” war had already been seen in the First World War, which originated in part in the clash of rival capitalist imperialisms. After that war, however, the emergence of revolutionary “socialist” regimes—whether Communist, Fascist, or Nazi—in the nations that walked out of the settlement of the war with status as Have-not countries brought forth a new possibility: that the next big war would not be one of clashing capitalisms, but a gang-up of the capitalist democracies (all in the same Depression boat, after all) against the “socialist” nations. That these “socialist” powers had their own grievances against the post-World War I democratic-imposed order, and were sufficiently dynamic and aggressive to do something about them, ensured that they could be held up to the democratic masses and democratic assemblies as violators of international “order” and “peace,” even of “civilization” itself; there would be no lack of “causes” of such a war, or rationales for it. The Have-not powers were dynamic indeed—as only nations unsated could be—and were not just redrawing European (and, in the case of Italy, colonial) borders, but smashing capitalism in Europe: reorganizing whole systems, redistributing wealth and authority, gaining autarchy and taking their nations out of the capitalistic “international systems” of trade and money. All this dynamism was in the name of nationalistic folk unities, “socialisms” in fact whatever the name, which had no further use for the subordination of national wills and destinies to private business or other interests.[31]

This is how Dennis saw the big war-in-the-making as of 1940, when Stalin, Hitler, and Mussolini formed a vague (but no less significant for that) “socialist” camp, against which stood the plutocratic capitalist democracies of Europe, with the biggest plutocratic capitalist democracy of all waiting in the wings fairly chafing to get in just as soon as that could be arranged. It would be another crusade, sold to the American herd in its favorite terms of world morality, but really a way for the Old Order at home—the order of a spent capitalism and a desperate democracy—to salvage itself by fighting the new revolution abroad:

The new revolution everywhere stands for redistribution and reorganization in line with the technological imperatives of the machine age. The cause of the Allies is that of counterrevolution. It upholds the status quo and opposes redistribution according to the indications of need, capacity for efficient utilization of resources and social convenience. It seeks to reverse in Europe the dominant trends, technological and political, of the past century and, more particularly, of the past two or three decades. The democracies have displayed their inability to utilize their resources in a way to end unemployment. But they now propose a crusade in the name of moral absolutes to prevent world-wide redistribution of raw materials and economic opportunities. The real issue before America may be stated as being one of achieving redistribution at home or fighting it abroad. The plutocracy that opposes redistribution at home is all for fighting it abroad. And the underprivileged masses who need redistribution in America are dumb enough to die fighting to prevent it abroad. The probabilities are that we shall have to come to the solution of the domestic problem of distribution through a futile crusade to prevent redistribution abroad. If it so happens, it will prove the final nail in the coffin of democracy in this country. And it should call for a terrible postwar vengeance on those responsible for this great tragedy of the American people.[32]

Regardless of whether they gained victory in the coming crusade or not and regardless of whether the victors took vengeance on the vanquished afterwards, American capitalism and its democracy were going to emerge from the struggle changed. The booms of war, and the war booms, were really the last tolls of the bell for the “Capitalist Revolution,” the 300-year product of frontiers that had been reached. The revolution that would follow might come by direction or indirection, be sudden or evolutionary—encompass at once or gradually all the changes in politico-social organization and direction that Dennis, for one, found desirable, or not. But definitely a revolution was in the making, and historians would eventually understand the outcome of this war, like its genesis, as differing profoundly from those of other wars when capitalism was in its prime. The post-capitalist era—no matter that many and even important vestiges of capitalism might remain for a long time yet—had arrived, and it would entail tremendous changes, in the realm of economics specifically, but extending into many other realms as well. It would and could mean, above all, the obliteration of the distinctions between public and private. For Lawrence Dennis, this was not undesirable or dangerous of itself –so long as it amounted to a melding basically in favor of the interests of the public. The specter against which he warned and fought by his words, and after the war saw as happening in fact, was that of this new reality being joined, out of the desperate efforts of capitalist democracy to prolong itself, by obliteration of the distinctions between the national and the international, and ultimately between war and peace. Could American capitalism, after a Second World War, really afford real peace? Could it face “honestly”—or, indeed, with any hope of success—such huge postwar problems as deflationary debt reduction, flooding of the available labor market, loss of political unity at home, of a “them” abroad, saturation of the home markets, massive reconversion of industry, and many others? Or would it continue to side-step its endemic problems via the classic “out” of war—even war that was not really war in the old sense (but not peace in any sense either)? A “cold” war would make up what it lacked in compressed intensity by occasional flashes of action around the globe, a global military spread-eagle in constant preparation for real conflict, a global political and economic presence as excuses for such conflict, and a very long life—perhaps limitlessly long.

Charles A. Beard, sardonically and bitterly describing in 1948 the practical consequences of the Roosevelt-Truman foreign policies as those policies became a “consensus” through the vaunted spirit of “bipartisanship,” said that America was now engaged in the pursuit of “perpetual war for perpetual peace.”[33] Dennis agreed with that, and would use the phrase (which gained wide currency as the title of a revisionist study of Roosevelt diplomacy) himself occasionally. Had it been up to him to coin it, he might have put it this way: perpetual war to stimulate production, soak up unemployment, create markets, and rally ‘round the people. Or, more briefly: perpetual war as substitute for the lost capitalist frontier.

Some Appraisals of Dennis

It took about a decade after World War II for Dennis to be considered once again in intellectual rather than polemical terms relating to the issues of the war. In considering radical political currents in his 1955 book American Political Thought,[34] political scientist Alan Pendleton Grimes treated “American Fascism: Lawrence Dennis” as an ideology and its spokesman called forth by the Depression. Grimes focused on Dennis’s identification of capitalism with democracy not only in historical parallel but in contemporary reality. Unlike the populist and progressive reformers, who tended to see capitalism (at least the “bad” capitalism practiced by the robber barons and trust spinners and holding-company pyramiders) as conflicting with or even antithetical to democracy, Dennis held that they went hand-in-hand. As an elitist, he wished to smash both, not reform either. In Grimes’s view, the major burden of Dennis’s fascist criticism actually fell not upon democracy but upon laissez-faire capitalism; democracy was criticized because it permitted the follies of capitalism, of private business leadership. The motivations of this business leadership, being purely selfish and directed toward the satisfaction of greed, were bound to conflict with the normal requirements of social development and order. With the passing of the frontier and opportunities for a kind of social-spiritual growth alongside business growth, the inherent conflict between society and business came out into the open and would have to be resolved one way or another. The era of the frontier, of America’s “militant nationalism” that allowed for a mass spiritual and non-commercial, even communitarian, impulse in expansionism to exist alongside mere business greed, had given way to mass atomism in a society now totally dominated by business greed (and made to suffer for business stupidity). Laissez-faire economic liberalism in theory and political democracy as it was put into practice were not equipped to handle the situation; therefore they had to be replaced.

Grimes considers Dennis’s critique of capitalist-democratic society to resemble Thomas Hobbes’s view of the state of nature: a war of all against all, of parts against parts and the whole. The laissez-faire system by which the state, the supposed guarantor of the public good, did not intervene in these struggles—or intervened occasionally only because some interest group had temporarily succeeded in gaining leverage within the state to the disadvantage of other groups—was plainly irrational. Moreover, this state-sanctioned chaos was carried on under an ethical umbrella of the highest fraud and hypocrisy, namely that of the legal system. This system promised “a government of laws and not of men.” For Dennis, this notion was pure fiction. Belief in it led to false hopes that “the peoples’ will” could ever be expressed through it and ignored the fact that the interpretation and administration of laws, not laws themselves, were what counted. At any time “the law” would and could mean only just what those elites in control of its application wanted it to mean. In America, and throughout American history, the elites in power were generally the capitalists and their partisans; the “independent” judiciary in a government of “separation of powers” was a myth. Also mythical was the notion of “freedom” as existing within the law—freedom, that is, as the natural condition in the absence of governmental restraint. Force and coercion were omnipresent, and it made little difference to those coerced whether force was applied by the government or by the “free” market. If, for instance, a person seeking work found no jobs as a result of decisions by private capitalists, then he was as coerced into unemployment as if there were a law against employment. Grimes quotes Dennis: “The much vaunted freedom of modern capitalism is largely a matter of the freedom of property owners from social responsibility for the consequences of their economic decisions.”

Grimes devoted about the last half of his sub-chapter on Dennis to discussing his more purely politico-philosophical ideas on elite rule, outside any economic context. That Grimes began his consideration of Dennis with the capitalist-democratic linkage demonstrates his awareness of the importance of economics in the genesis of his subject’s thought. His 1955 treatment represented the first step on the way to taking Dennis as seriously as book reviewers had once done, before the advent of war and “sedition.”

Grimes’s fellow political scientist David Spitz, in the considerable sub-chapter on Dennis in his Patterns of Anti-Democratic-Thought,[35] also took his subject seriously. But Spitz made no mention whatever of the anti-capitalist element in Dennis’s political thought and concentrated instead on his general theory of “The Elite as Power.” This exclusion is not to be criticized, since Spitz’s book deals only with political theory. But his criticisms of Dennis would have been more nearly complete if they had treated the real-world practical underpinnings, as Dennis saw and interpreted them, of that theory. Dennis’s views of economics and his economic analysis lay in the category, and to treat Dennis’s theory of the elite without discussing his extended critique of a real, historical elite-in-power—America’s capitalist elite—is to deny the analysis a significant part of its rationale. Spitz, at any rate and after a lengthy study of Dennis’s political theory, rejects it even though he grants the possible truth of its premise, that elites always rule. They may, says Spitz, but Dennis was wrong in supposing that this is necessarily incompatible with democracy, that the elite must always be an irresponsible elite.

For Arthur M. Schlesinger, Jr., writing in 1960, Lawrence Dennis “brought to the advocacy of fascism powers of intelligence and style which always threatened to bring him (but never quite succeeded) into the main tent.” Schlesinger devoted five pages to Dennis in the third volume of his The Age of Roosevelt, in a chapter on “The Theology of Ferment” that discusses various radical stirrings and personalities, left and right, thrown into some prominence during the Depression.[36] After considering the “literary fascists” Seward Collins and Ezra Pound, who were “figures in a sideshow, without significance in American politics,” Schlesinger turned to Dennis as the one fascist thinker who did possess real potential significance. Obviously admiring and noting Dennis’s Is Capitalism Doomed? as a “closely argued” attack on investment banking policies, Schlesinger nevertheless found beneath Dennis’s pose of cold realism notes of “romantic desperation,”[37] and he quoted a lengthy statement of Dennis from an unidentified private letter: “I am prepared to take my medicine in the bread line, the foreign legion, or with a pistol shot in the mouth. . . . I should like nothing better than to be a leader or a follower of a Hitler who would crush and destroy many now in power. It is my turn of fate now to suffer. It may some day be theirs.”[38]

Turning to The Coming American Fascism, Schlesinger noted the ease with which Dennis assumed that a variety of fascism could come to power and be successful in the United States: big business organization as well as the ingrained docility, standardization, and regimentation of the American people, who were already the world’s biggest suckers for advertising, propaganda of all kinds, and press and radio domination, made no other country “better prepared for political and social standardization.” As for their traditions of and a supposed passion for “freedom,” 90 per cent of the American people had no grasp “whatever” even of what their own ideological system was supposed to be all about. Therefore, according to Dennis, “A fascist dictatorship can be set up by a demagogue in the name of all the catchwords of the present system.”[39] Schlesinger went into some detail about the various particulars of Dennis’s vision of a fascist America. As to what and who could realize that vision and make the revolution, he considered the importance of Dennis’s idea of “the elite.” Here Schlesinger noted that Dennis was sometimes vague, sometimes contradictory, about just who constituted the fascist “elite” or, precisely, the latent fascist “out-elite” that desired power.[40] But there was little doubt as to the constitution of the particular societal group or class on whose behalf the elite would be working: the revolutionary dynamic would come from the “frustrated elite of the lower middle classes” who were threatened with being “declassed.”[41] Schlesinger took Dennis at his word when the latter said that he harbored no personal political ambitions, but he saw in him (and supposed that Dennis saw in himself) the qualities of a Goebbels, of a very smart brain-trust man who could serve a real fascist demagogue in justifying a revolution:

His style was clever, glib, and trenchant. His analysis cut through sentimental idealism with healthy effect. He tried to shift attention from words and symbols to the realities of power. His ‘realistic’ writing, for all its flashing and vulgar quality, had an analytic sharpness which made it more arresting than any of the conservative and most of the liberal political thought of the day.[42]

But a truly influential fascist demagogue never developed in America (Huey Long, for whom Dennis expressed admiration as “. . . smarter than Hitler, but he needs a good braintrust,”[43] might have become one), and Dennis was left to conjure intellectual rationales for an American fascism that existed more in the world of myth and wish. “Goebbels, after all, had a government to transform dreams into reality, and Dennis, only the Harvard Club,” Schlesinger wrote.[44] As for the existing reality of American fascist activists, who were of the mentality to agree with him without necessarily being able to comprehend him, Dennis had “progressively to lower his sights” in order to reach them. Seeing himself as “the sophisticated spokesman of a revolutionary elite in a technological epoch,” Dennis, like Seward Collins, found to his chagrin that the “elite which was to save civilization eventually turned out to be a collection of stumblebums and psychopaths, united primarily by an obsessive fear of an imaginary Jewish conspiracy. What began as an intimation of the apocalypse ended as squalid farce.”[45]

In his 1967 memoir Infidel in the Temple,[46] journalist and commentator Matthew Josephson reflected for a few pages on his acquaintanceship with Dennis in the 1930s. Josephson was already familiar with Dennis’s testimony in the 1932 Senate banking investigations and his arguments in Is Capitalism Doomed?, and having heard that Dennis was one of a number of pro-fascist intellectuals who regarded Huey Long as the potential Duce of an American fascism, he sought Dennis out in the Harvard Club for an interview, which his memoir largely sticks to recounting. “Trenchant in speech and as vivacious as I had been led to expect,” Dennis launched into a candid and freewheeling discussion of his beliefs and their origins. Quoting Dennis (apparently from notes), Josephson lays out some gems of provocation:

I have a very low opinion of bankers. If only they weren’t so smug, so full of their pieties! . . . business can’t recover; we are going over a cliff into a terrible inflation, in one year. . . . But Mrs. Roosevelt, Miss Perkins, and the other New Deal advisors look on the U.S.A. as an interesting settlement-house proposition with which intellectual ladies and college professors can divert themselves at the public expense! The New Deal is only a huge muddle—and yet the old trading class, the bankers, the merchants, the politicians, and labor leaders are still in the saddle. . . . It just can’t go on. I tell you, the future is to the extremists. . .   But here [the communists] haven’t a ghost of a chance. The working class—bah! The proletariat rise? Not on your life—it isn’t in the beast. The American worker won’t even fight for his class. What this country needs is a radical movement that talks American. Our workers not only don’t ‘get’ Marx, they can’t even lift him.[47]

Dennis—as recalled by Josephson–goes on: only the frustrated middle classes will fight for power; the moneyed people, ultimately facing the perceived threat of socialism or communism, will finally come around in support of fascism as the only alternative: “After all, fascism calls for a nationalist revolution that leaves property owners in the same social status as before, though it forbids them to do entirely as they please with their property. Then, instead of destroying existent skills as would a communist rising, the corporative state would preserve the elite of experts and managers, the people who understand production and can keep the system running.”[48]

As frankly as he advocated fascism, however, Dennis would have no truck with brawling native-fascists of the “shirt”-movement level, nor with religious bigotry or race hatred, in which he was plainly not interested. Rather, he considered his mission as purely one of education and propagandizing to the frustrated middle class out-elite, which will be the real vehicle for American fascism.

On the subject of Huey Long, Dennis noted that “Long reads my stuff” and had asked his help in writing a book on the redistribution of wealth. As Josephson also recounted, after they had finished their conversation, as Dennis was leaving the Harvard Club, he was accosted by an elderly member who exclaimed, “Yes, we all have to stand together and fight for the liberties won by our forefathers who developed the frontier!” Dennis’s polite but brusque reply was, “Remember Mr.——, the frontier is finished; liberty is a dead issue.”[49]

Josephson concluded at the time, and was of the same mind in 1967, that Dennis was brilliant but flawed in his obsession with issues of pure power and manipulation: “An odd and clever fellow was Dennis, but with great gaps on the human side.”[50]

Justus D. Doenecke, a historian of American isolationism and right-wing movements, broke the exclusion of Dennis from consideration in scholarly literature with his 1972 article on Dennis as a “cold war revisionist.”[52] Interested in how the pre-Pearl Harbor isolationists reacted—in different ways—to the cold war, Doenecke concluded that Dennis was a prime example of an isolationist who was consistent in his opposition to American involvements abroad; only Dennis, through his weekly, The Appeal to Reason, “offered a scathing attack upon the entire range of American Cold War policy.”[52]

Doenecke gave careful attention to Dennis’s economic ideas as central to the development of his later positions. After reviewing the arguments of Is Capitalism Doomed?, The Coming American Fascism, and The Dynamics of War and Revolution as to the rise, fall, and inevitable replacement of capitalism by a collectivist political structure, Doenecke noted the similarity at first glance of these to the Marxist critique of capitalism. Yet “the thrust of Dennis’s logic was far from Marxist; there were strong differences.”[53] For one, his “socialism” was not at all utopian, and saw no possibility for a truly “classless” society ever: there would always be leaders and led, and contests would only be over which elites would rule, not whether elites would rule. Under “socialism,” the proletariat would never rule itself but would have to be led by a managerial elite of technicians and experts.[54] (Doenecke might have noted here Dennis’s brand of egalitarianism: his “socialism” would guarantee that anyone with the requisite ability, no matter from what “class,” might join this “managerial elite” without traditional economic or social interferences standing in the way.)

Dennis further dissented from Marx and Marxism in rejecting the notions that the entire capitalist old order of business enterprise should be overthrown in violent revolution and that even if a “world socialist” order should entirely and universally displace capitalism, universal peace would result: “socialist” nations would inevitably fight among themselves, just as capitalist nations do. In Dennis’s critique of the cold war, which stressed the futility of America’s grasp after hegemony in both the world economic marketplace and the marketplace of ideas Doenecke found an early precursor of “New Left” revisionist historians William Appleman Williams, Gabriel Kolko, and Lloyd C. Gardner. Dennis also anticipated the “Red Fascism” thesis of other historians, noting the ease with which “Everything [the interventionist Establishment] said against Hitler can be repeated against Stalin and Russia.”[55]

The first issue of The Appeal to Reason appeared the same week as Churchill’s Fulton, Missouri, “iron curtain” speech; right then Dennis was warning that further American intervention in the world, this time to stop communist sin instead of fascist sin, would result only in the spread of communism—and the intensification of the very domestic “statism” that the conservative cold warriors deplored. At a time—Mao Tse-tung’s march to power in China—when conservatives were seeing communism as a world monolith directed from Moscow, Dennis predicted that rifts would develop in any concert of communist nations, the most important being in the Far East, where existed “nearly a billion people who could never be made puppets of the Slavs, even though they all turn communist.”

Dennis stressed the importance of economic “open door” concerns in the formulation and implementation of the Truman Doctrine, which was designed in part, in the Middle East, to protect Standard Oil interests. Overall, the doctrine served America (which refused to import as much as she exported) as a substitute for the huge foreign loans that Wall Street made in the 1920s in its market-expansion thrusts. “We shall have,” wrote Dennis in 1947, “a limitless market for American farm products, manufactures, and cannon fodder.”[56]

Doenecke continued with an exposition—taken mainly from issues of The Appeal to Reason—of Dennis’s lines on the further development of the cold war, the domestic red-hunting hysteria (he was against it, and held that “Any spy dumb enough to get caught by our F.B.I. is a good riddance for the reds”[57]), the emergence of the Third World as a force in global affairs, and the signs of a gradual “convergence” of both the capitalist U.S.A. and communist Russia (both becoming technocratic, managerial welfare states with planned economies and controlled currencies). With the Vietnam debacle, America’s time had finally come after a “long and brilliant record of success” in empire-building; it was “the beginning of the end of American intervention and overseas imperialism.” Dennis saw his own long record of warnings and observations unfortunately vindicated—by the disastrous turns for America in the world at large.

Dennis’s early and ongoing critique of the cold war demonstrated the consistency of his economic thought from its earliest expositions. He saw the cold war as propping up a capitalism that continued to decline; massive foreign aid, a massive and permanent scale of military production, and a space race were the substitutes that American capitalism concocted to replace the lost frontier. The inflation attendant to all this, whether at higher or lower rates, prevented another crash, and all the activity and spending kept unemployment at acceptable levels. And there was no such thing as significant overproduction in a global cold war, with its “limitless” needs for products both commercial—as allures for prospective “allies”—and military, if those allures didn’t work. The cold war was therefore functional for America—but at a terrific cost and risk. The professed international moral aims of the struggle would not be achieved, and the survival of civilization or of life itself was what was at stake in the great big game.[58]

Rounding off his treatment, Doenecke remarked on many points of prescience and diagnostic acuity in Dennis’s critique. He did criticize other points—notably, Dennis’s persistent faith in a managerial elite as fit to replace the old capitalist/democratic politicians’ elite. Dennis’s analysis “possessed a double-edged sword. The very bureaucratic elite which, in his eyes, should muffle the crusading ardor of the warriors could also be the repository of the mindless dogmatism he so often mourned in the masses. If anything, he overstressed the reasonableness of the new managerial system . . .”[59]) Ultimately, Doenecke was interested in Dennis’s place in intellectual history, and here he saw Dennis as a man before his time, a prophet still basically unrecognized: “He caught the relationship between frontiers and markets at least twenty years before the ‘Wisconsin School’ of diplomatic history was born.”[60] But Dennis’s post-World War II political and intellectual exile may well have contributed to the sharpness of his exposition: cranking out a mimeographed newsletter from his garage, subject to no advertising or editorial or academic pressures whatever, he could say what he pleased. Since that time more people, whether directly influenced by him or not, have been pleased to say it.

Historian Ronald Radosh paralleled much of Doenecke’s approach in the first of two chapters devoted to Dennis in his Prophets on the Right: Profiles of Conservative Critics of American Globalism[61] (The other “prophets” are Charles A. Beard, Oswald Garrison Villard, Robert A. Taft, and John T. Flynn.) The first chapter covers Dennis as “America’s Dissident Fascist” and reviews his 1930s and early 1940s positions and what happened to him during the war from taking them; the treatment of the sedition trial is more thorough than in any others’ discussions of Dennis. Noteworthy also in this regard was Radosh’s consideration at length of the reaction to Dennis’s mature anti-capitalism (as expressed in The Dynamics of War and Revolution) by American communist intellectuals, who took him very seriously indeed. These, while arguing that Dennis’s prescribed fascism would only amount to reactionary state capitalism and repression of the workers, nevertheless could find a lot of truth in his critique of old-style liberal capitalism and the follies of democracy; Dennis’s criticisms were deemed unanswerable by conventional liberalism or conservatism.

Radosh’s second chapter on Dennis considers him as “Laissez-Faire Critic of the Cold War.” There is a problem with that heading, which comes out in the chapter: Radosh states that Dennis after World War II “returned” to laissez-faire economic theory and developed a “persistent laissez-fairism.”[62] The problem with this is that it isn’t true—certainly not in the sense of the accepted understanding of laissez-faire, which is apparently just the sense Radosh means. He quotes only one statement (from an issue of The Appeal to Reason) directly to justify this statement: Dennis hearkens to an age when “the dissenters, the rebels and the nonconformists” for reasons of “religious or intellectual self-expression, freedom and independence” shared the capitalist dynamic with the men of pure greed. Out of this and a few other statements (where Dennis described the current military-industrial complex, which he was very much against, as “socialist” or “totalitarian socialist”), Radosh tries to build a case that Dennis not only gave up fascism but turned into a classical economic liberal.[63] The truth is that Lawrence Dennis turned into a classical economic liberal about to the same extent that Ludwig von Mises turned into a Marxist. Had Radosh accomplished a thorough reading of Operational Thinking for Survival, Dennis’s 1969 summa that capped his postwar thinking (Radosh mentions this book only once, in a footnote on the next-to-last page of his chapter) he would have thought at least twice about presenting any picture of a “laissez-faire” Dennis. (Particularly he might have absorbed Dennis’s appendix chapter, “Is the ‘New Economics’ a Success or a Failure?,” wherein laissez-fairists are politely ridiculed.) Dennis’s newsletter statement of admiration for the old-fashioned, small-scale entrepreneurial capitalism of “the dissenters, the rebels and the nonconformists,” to which Radosh qives so much weight as signifying an intellectual turn-around, is actually nothing new or remarkable at all in the body of Dennis’s thought. Dennis was saying the same sort of thing—about the “spiritual” or non-economic components of economic and other activity during the heyday of the “Capitalist Revolution” in America—when he was pleasing leftists with his early slashing attacks on American business enterprise, and later when he was proclaiming his fascism. Radosh would have done well to consider, as Alan Pendleton Grimes did twenty years earlier, the discreet dichotomy Dennis had always made between “independent” entrepenurial capitalism and “big” or monopolistic business: the former could be driven by all sorts of motives (such as those Dennis named in the statement quoted by Radosh), the latter was likely to be driven by pure private greed—but in America’s frontier era the drives of both could and did complement each other, combining to fulfill a broad social purpose in developing and defining the young national consciousness and shaping the nation’s physical order of affairs as well. Dennis’s point was that with the passing of the frontier such a condition no longer held; the social/spiritual dynamism of American “frontier men” pursuing personal or national glory had been replaced by an all-pervasive business dynamism pursuing only bottom-lines. There was no replacement for the frontier, and the era of laissez-faire as socially and nationally utilitarian and beneficial was gone and not going to come back.

Thus Radosh, in stating that Dennis “returned” in his thought to laissez-faire and became a laissez-fairist, not only fundamentally misread Dennis’s position (an error he could easily have avoided by examining Dennis’s last book) but goes wrong also on the notion of “return” both with respect to Dennis personally (he couldn’t “return” to a position he’d never in fact held) and with respect to the larger analysis: Dennis’s very point, an abiding one that informed his works from the first to the last, was that to the laissez-faire era for America there could be no return.

Radosh similarly misread the statements of Dennis as to the “socialist” character of the American military-industrial economy in the cold war.[64] He seems to take it that here Dennis was criticizing and deploring this “socialism” itself, rather than merely: (a) criticizing the roots and uses of this development in worldwide interventionism, and (b) exposing the fraud and hypocrisy of a system that still claimed it was “free enterprise,” but was actually going “socialist” in order to—fight and contain socialism! Dennis had a taste for ironic expression in his writing, often amounting to sarcasm, and one of his favorite argumentative devices in challenging opponents was to measure up and consider their actions, or the results of their policies, not on his but on their own professed terms, finding these wanting on precisely those terms—even antithetical to those terms. This is what he did in treating a cold war American big business and political establishment that boomed its devotion to the American free-enterprise way while doing its best, in the cause of a world struggle against opponents of that way, to side-step it at home in enjoyment of a perpetual business-government subsidized partnership. The exposure of hypocrisy and the deploring of its internationalist ends were the points of Dennis’s attack on this “socialism,” which was not an attack on “socialism” or government-business partnership per se, a subtlety which seems to have escaped Radosh.

Radosh therefore fails in his attempt to revise Dennis into a born-again laissez-fairist, a revision that would entail the considerable job of proving that Dennis could throw over a main tenet of decades of his thought rather lightly and apparently without even realizing that he was doing so. It would also entail explaining how it could be that other recent commentators on Dennis, including Justus Doenecke—in Radosh’s words, the one who has “led the way in the re-evaluation of Lawrence Dennis”[65]—somehow missed this side of their subject entirely.

Yet aside from the failure of its thesis, Radosh’s chapter is not bad at all. In fact the thesis, even though appearing in the chapter title, is not really central to much of the presentation, which is the most extensive purely expository discussion yet of Dennis’s criticisms of the cold war. Radosh’s problem lies just in his too-quick readiness to label Dennis “as” something in familiar ideological terms—and the problem, in fact, is not peculiar in this book to the treatment of Dennis.[66] At any rate, and in judgments with which there can be no quarrel, Radosh ultimately finds Dennis “our earliest and most consistent critic of the Cold War,” and the one who, years before William Appleman Williams,[67] first took the Turnerian “frontier thesis” and applied it to the relationships between politics, ideology, and economics in analyzing America’s new activist role in world affairs.

* * *

Justus Doenecke wrote in 1972 that “a full-length biography is very much needed” of Lawrence Dennis.[68] In 2001 that is still true, and the really notable thing about the monographical treatments of Dennis that have appeared since 1972, by Doenecke himself and others, is that they remain so few for one who made a considerable intellectual and political impact in his time, reflected in the printed record of that time. Even on the small scale of a monograph, there has been no attempt yet at an equal, synthetic treatment of all of Dennis’s lines of thought, toward the end of a unified, summary appraisal; instead there have been treatments devoted to particular areas. His economic thought has tended to be obscured in these treatments. Certainly any biographer of Dennis would have to be well-versed in economics and economic history, in order both to understand and to criticize his subject’s ideas.

It is indeed past time for a major critique of all those ideas. Dennis covered a great deal of ground in his prolific and variegated career as an intellectual observer of his time, a period of tremendous political, social, and economic disruption and change in this country and the world. His record was a long and interesting one: State Department official in the thick of an early “Third World” revolution, banking official at the onset of economic collapse, Depression critic of capitalism, proponent of fascism, opponent of World War II intervention, key figure in one of the major civil liberties and freedom-of-speech legal cases of our time, analyst of the cold war and of the “new style” of American big-business/big-government partnership. Nor was his role merely as an observer and critic. His political impact is undeniable, even if it was mainly limited to the period of the New Deal and the New Deal’s war and even if it was not because of his impact on policy but on what could be called “anti-policy” that he was held up by policy makers and supporters of the New Deal as an adversary against whose potential influence the public had to be warned, and finally as an actual danger who had, if possible, to be silenced by law. It is as just such an “anti-” figure that he is mainly remembered when he is remembered at all. This is probably appropriate, because Lawrence Dennis never won.

That at least some of what he had to say might nevertheless have warranted serious consideration by policy makers has been a possibility openly admitted by scholars only rather recently. Still, all those who have considered him over the years, whether polemical opponents of the 1930s and ’40s or detached scholars of the 1970s and later, have shared an appreciation of him to this degree: America in the twentieth century had no more articulate and challenging an opponent of liberalism, political and economic, than Lawrence Dennis. What makes him all the more intriguing is that his challenge was to liberalism both in its older “classical” form as well as in its modern guise—that is, a challenge to both the alternately reigning conservatism and liberalism of his and our time.

Notes

1. James Burnham has actually been targeted most conspicuously as one who engaged in heavy “intellectual borrowing”–of the unattributed kind. Political scientist David Spitz has convincingly demonstrated Burnham’s intellectual indebtedness to Lawrence Dennis’s prior published writings both in key concepts and even phraseology. See David Spitz, Patterns of Anti-Democratic Thought, (rev. ed.; New York: Free Press, 1965), p. 300, n. 17, and pp. 308-309, n. 36, the latter presenting a concept-by-concept and page-by-page comparison. Max Nomad in Aspects of Revolt, p. 15, n. 3, claimed that Burnham took the idea of the “managerial revolution” from the discussions of turn-of-the-century Polish revolutionist Waclaw Machajski’s ideas in Nomad’s 1932 Rebels and Renegades and 1939 Apostles of Revolution; Burnham was “an author who gave no credit to his predecessors. He was a teacher of ethics.” Bruno Rizzi and others accused Burnham of having plagiarized from Rizzi’s (as “Bruno R.”) La Bureaucratisation du Monde (Paris: privately published, 1939), a work that figured importantly in the Trotskyite doctrinal controversies of 1939-40, in order to write The Managerial Revolution; see Adam Westoby, “Introduction,” pp. 23-26, in Bruno Rizzi, The Bureaucratization of the World (New York: Free Press, 1985). [See also Samuel Francis, James Burnham (London: Claridge Press, 1999), 26-27, for refutation of the charges of plagiarism by Burnham—SF.]

2. Lawrence Dennis, Is Capitalism Doomed? A Challenge to Economic Leadership (New York: Harper & Brothers, 1932).

3. The most systematic exposition is in Adolf A. Berle, Power Without Property: A New Development in American Political Economy (New York: Harcourt, Brace & World, 1959), but the idea was heralded in Berle’s famous work with Gardiner C. Means, The Modern Corporation and Private Property (New York: Macmillan, 1933), and finally refined in Power (New York: Harcourt, Brace & World, 1969). Dennis and Berle could by no means agree on much other than that control in corporations was rapidly passing from entrepreneur-owners to technician-managers; see Berle’s “cheerleader” approach to American business enterprise in The Twentieth Century Capitalist Revolution (New York: Harcourt, Brace & Co., 1954) and The American Economic Republic (New York: Harcourt, Brace & World, 1965) and compare with Dennis’s “coroner” approach in all his works.

4. Max Nomad, Rebels and Renegades (Freeport, N.Y.: Books for Libraries Press, 1968; first published 1932), Apostles of Revolution (New York: Collier Books, 1961; first published 1939), Aspects of Revolt (New York: Bookman Associates, 1959), and Political Heretics (Ann Arbor: University of Michigan Press, 1963).

5. James Burnham, The Managerial Revolution (New York: John Day, 1941) coined a phrase. He provided a summary statement in “The Theory of the Managerial Revolution,” Partisan Review, VIII (1941), pp. 181-97; early surfacings of the theory as it arose out of Burnham’s polemical doctrinal battles in the Trotskyite Fourth International were in his “Science and Style: A Reply to Comrade Trotsky” (1940) and “Letter of Resignation of James Burnham from the Workers Party” (1940), both in Leon Trotsky, In Defense of Marxism (New York: Pathfinder Press, 1976). A balanced study of Burnham’s entire range of thought is Samuel T. Francis, Power and History: The Political Thought of James Burnham (Lanham, Md.: University Press of America, 1984). For a historical and analytical overview of the business applications of the concept associated with Burnham’s name, see Alfred D. Chandler, Jr., The Visible Hand: The Managerial Revolution in American Business (Cambridge: Harvard University Press, 1977).

6. George Orwell’s Nineteen Eighty-Four (New York: Harcourt, Brace & Co., 1949) and Animal Farm (New York: Harcourt, Brace & Co., 1946) present these contentions in the form of novels. Interesting in the present context is Orwell’s view of Burnham, given in “James Burnham and ‘The Managerial Revolution’” and “Burnham’s View of the Contemporary World Struggle,” both in Sonia Orwell and Ian Angus, eds., The Collected Essays, Journalism and Letters of George Orwell, Vol. IV: In Front of Your Nose, 1945-1950 (New York: Harcourt, Brace & World, 1968), pp. 160-81 and 313-26. A brilliant relation of Orwell’s war-for-domestic-consumption theme to the real world of the 1950s is Harry Elmer Barnes, “How ‘Nineteen Eighty-Four’ Trends Threaten American Peace, Freedom, and Prosperity,” written in 1953 but published for the first time 27 years later in Barnes, Revisionism: A Key to Peace, and Other Essays (San Francisco: Cato Institute, 1980, Cato Paper No. 121), pp. 137-76.

7. Beard’s formal statements of these views appeared in two books he wrote in collaboration with George H.E. Smith, The Idea of National Interest (New York: Macmillan, 1934) and The Open Door at Home (New York: Macmillan, 1934). They resurfaced with vigor in his Giddy Minds and Foreign Quarrels (New York: Macmillan, 1939) and A Foreign Policy for America (New York: Alfred A. Knopf, 1940).

8. Keynes’s grand statement, of course, is his General Theory of Employment, Interest, and Money (London: Macmillan, 1936), in which he propounded at full length his umbrella-idea of aggregate production. An earlier version of his critique of classical economics is in his pamphlet, The End of Laissez Faire (London: Hogarth Press, 1926). The literature on Keynes is vast. Good starting-points are Robert Lekachman, The Age of Keynes (New York: Random House, 1966) and, ed., Keynes’ General Theory: Reports of Three Decades (New York: St. Martin’s Press, 1964).

9. Norman Thomas, reviewing Dennis’s Is Capitalism Doomed? in World Tomorrow, XV (June, 1932), 186, wrote, “Nowhere have I ever seen a more slashing attack upon the bankers’ notion of international finance. From a socialist point of view Mr. Dennis overlooks or seems to overlook factors of great importance, but the factors that he does examine he deals with most trenchantly . . . In spite of this criticism I want heartily to recommend Mr. Dennis’s book. The convinced socialist will find more ammunition in it than in most radical books.” British Marxist John Strachey, referring to the same book in his The Coming Struggle for Power (New York: Modern Library, 1935), pp. 158-59, called Dennis “admirably realistic when he is showing the fatal contradictions inherent in large-scale capitalism . . . [he] has written a far more penetrating analysis of the crises [of capitalism] than has been achieved by any professional capitalist economist.” Dennis wrote a largely favorable review of Strachey’s book when it first appeared; see Lawrence Dennis, “A Communistic Strachey,” Nation, March 8, 1933, pp. 264-65.

10. President Roosevelt, in his January 6, 1941 State of the Union speech to Congress, made a point of mentioning those who not only “with soundinq brass” but with “a tinkling bell” preached “the ism of appeasement.” The prior month he had unleashed Secretary of the Interior Harold L. Ickes to blast, by name, those constituting the “group of appeasers in the making.” Ickes announced in his speech at Columbia University on December 17, 1940 that Lawrence Dennis was “the brains of American Fascism.” This drew an acid public reply from Dennis: “The reality in America which comes nearest to Fascism is Mr. Ickes and the reality which comes next nearest is Mr. Roosevelt’s third term. I wrote a book about The Coming American Fascism and predicted that it would come through a war against Fascism. I have since repeatedly said that Mr. Roosevelt and his New Deal were the only significant Fascist trends in America. I have never belonged to or been connected with any movement or organization of a political character in my entire life.” See “‘The Ism of Appeasement’: Roosevelt Brands Foes of His Foreign Policy,” Life, January 20, 1941, pp. 26-27, and “M.K. Hart Demands That Ickes Recant; Lawrence Dennis Challenges Right to Attack Appeasers’ Character and Motives,” New York Times, December 19, 1940, 22.

11. Dennis and lawyer Maximilian St. George weighed in against the trial in their A Trial on Trial: The Great Sedition Trial of 1944 (Chicago: National Civil Rights Committee, 1946), a 503-page autopsy of one of the weirder federal prosecution cases in this country’s history. A belated apologia for the trial and final attempt to convict the defendants, this time in the less evidentiarily-stringent court of public opinion, was offered by chief prosecutor O. John Rogge in The Official German Report (New York: Thomas Yoseloff, 1961), a most interesting title for a book that was neither “Official” nor “German” nor a “Report.” In the meantime Rogge had, a bare five years after his “mass sedition” extravaganza, offered Our Vanishing Civil Liberties (New York: Gaer Books, 1949), in which he expressed the most aggrieved and shocked concern over any such thing as governmental character assassination of dissidents and political show-trials for them; at the time he was acting as defense counsel for members of the Communist Party U.S.A. on trial for Smith Act violations. Those who were not overawed with Rogge’s record of consistency as an upholder of civil liberties and freedom of speech could and did point to him as epitomizing a new species in American intellectual life: the “totalitarian liberal,” who was perfectly capable of doing a 180° ethical flip-flop without any consciousness of having ruffled a principle. A particularly glaring flip-flop of the “totalitarian liberals” was from ardent support of (or acquiescence in) World War II efforts to shut up, lock up, or blacklist non-interventionists for whom the labels “seditionist” or “appeaser” were handy general smears, to ardent opposition to Cold War efforts to shut up, lock up, or blacklist accused communists—thus, ironically, making themselves susceptible to McCarthyite charges of “traitor” and “appeaser.” An interesting, somewhat gloating, analysis of this phenomenon was provided by historian Harry Elmer Barnes in his booklet The Chickens of the Interventionist Liberals Have Come Home to Roost: The Bitter Fruits of Globaloney (privately published, n.p., n.d [1954]). More recently, historian Leo Ribuffo has coined the term “Brown Scare” to suggest that the road to the “Red Scare” of the late 1940s and early 1950s was paved in part by liberals themselves in consequence of their prewar and wartime behavior. See his “Fascists, Nazis, and the American Mind: Perceptions and Preconceptions,” America Quarterly, XXVI, 4 (October 1974), 417-32, and The Old Christian Right: The Protestant Far Right from the Great Depression to the-Cold War (Philadelphia: Temple University Press, 1983).

12. An idea of the freeze-out of Dennis from establishment channels of discussion after World War II may be had by comparing the lists of reviews of his prewar books with those of his postwar books, in the bibliography at the end of this essay. The Book Review Index, the Combined Retrospective Index to Book Reviews in Scholarly Journals 1886-1974, and the Combined Retrospective Index to Book Reviews in Humanities Journals 1802-1974 list a grand total of zero reviews of A Trial on Trial, and one review of Dennis’ last book, Operational Thinking for Survival (Colorado Springs: Ralph Myles Publisher, 1969). James J. Martin, the director of Ralph Myles Publisher, has confirmed to this writer that, although some 100 free review copies of Operational Thinking were sent out upon publication, only one review ever appeared—by Dennis’s old friend and ideological combatant Frederick L. Schuman, “Reflections of a Pragmatist,” Nation, December 8, 1969, 641-42.

13. “America’s No. 1 . . . ” and “Brain-truster . . .”: Life, January 20, 1941, 26-27. “The intellectual leader . . .”: Arthur S. Link and William B. Catton, American Epoch: A History of the United States, 1921-1945 (4th ed.; New York: Alfred A. Knopf, 1973), II, 18.

14. Biographical details are taken from the portrait of Dennis in Maxine Block, ed., Current Biography 1941 (New York: H. W. Wilson Co., 1941), pp. 218-20, and from recollections of two of Dennis’s long-time friends, H. Keith Thompson and James J. Martin, given in conversations with this writer.

15. Lawrence Dennis, The Coming American Fascism (New York: Harper & Brothers, 1936).

16. For Dennis’s early appraisal of the New Deal as basically directionless, see “The Planless Roosevelt Revolution,” American Mercury, XXXII (May 1934), 1-11.

17. Lawrence Dennis, The Dynamics of War and Revolution (New York: Weekly Foreign Letter, 1940), hereafter cited as Dennis, Dynamics. This book was scheduled to be published by Dennis’s regular publishers, Harper & Brothers, which had already printed it up and begun binding when, with the domestic intellectual repercussions of the fall of France in June 1940, the house got cold feet and backed out. Dennis then bought up the stock and issued the book under the imprint of his newsletter. This writer has seen, by courtesy of James J. Martin, one of the extremely rare copies of the book carrying the original Harper & Brothers imprint on binding and dust-jacket.

18. Justus D. Doenecke, “Lawrence Dennis: Revisionist of the Cold War,” Wisconsin Magazine of History, LV, 4 (Summer 1972), p. 277, n. 11, citing Dennis to Doenecke, January 27, 1971, givves these names as subscribers.

19. The author has, by courtesy of James J. Martin, examined the correspondence file between Dennis and Ralph Myles Publishers, whence this information comes.

20. Dennis, Dynamics, 67.

21. Ibid., 68-69.

22. Ibid., 71, quoting Frederick Jackson Turner, “The Significance of the Frontier in American History,” delivered at the annual meeting of the American Historical Association in Chicago in 1893.

23. Dennis, Dynamics, 60.

24. Ibid., 64.

25. Ibid., 61. Dennis was at his sardonic best in describing the essence of this hypocrisy: “Now if there is anything an orthodox economist abhors, it is monopoly. The economists spend most of their time trying to prove that monopoly is bad for business and businessmen spend most of their time trying to achieve monopoly or failing in business because they are unsuccessful in achieving it.”

26. Ibid., 77.

27. Confronted with the post-World War II population boom in America and throughout the world, Dennis would modify his emphasis if not his thesis; cf. Dennis, Dynamics, ch. 6, esp. pp. 88-101, with Operational Thinking for Survival, ch. 7, esp. pp. 47-58. In the former work he had not really considered “Third World” population trends; in the latter he did, and saw this part of the world as gaining in a potentially powerful dynamism from its procreative proclivities—while relative to it, in this respect, America and the West continued to decline.

28. Dennis, Dynamics, 94-95.

29. Ibid., 122-23.

30. Ibid., 104-108.

31. Dennis provided a concise, punchy statement of his view as to the “dynamic” and “revolutionary” qualities of the German-Italian-Russian “socialist” axis in his contribution, “The Party-State and the Elite,” pp. 39-41, to the symposium, “Who Owns the Future?” in the Nation, January 11, 1941, 36-44; the other contributors were Frederick L. Schuman and Max Lerner. This remarkable trialogue, which holds its interest and remains relevant to the discussion of principles of international relations even today, represented the last time any such dissident “fascist” views as Dennis’s would be granted a lengthy hearing in a major American intellectual journal.

32. Dennis, Dynamics, 216.

33. Beard used these words in his last conversation with his revisionist colleague Harry Elmer Barnes. See Barnes, ed., Perpetual War for Perpetual Peace: A Critical Examination of the Foreign Policy of Franklin Delano Roosevelt and its Aftermath (Caldwell, Id.: Caxton Printers, 1953), p. viii.

34. Alan Pendleton Grimes, American Political Thought (New York: Henry Holt & Co., 1955), 415-28.

35. Spitz, Patterns of Anti-Democratic Thought, 88-123.

36. Arthur M. Schlesinger, Jr., The Age of Roosevelt, Vol. III: The Politics of Upheaval (Boston: Houghton Mifflin, 1960), pp. 74-78.

37. Ibid., 74. Schlesinger is correct in noting a certain “romantic” element in Dennis’s thinking and expression. This cannot obscure, however, Dennis’s essential character as an analyst who repeatedly emphasized and demonstrated the rational, cool, realistic, and empirical as ways to approach problems under consideration. He may have “succumbed” to romantic flights on occasion, and his prose was never dull, but considering the body of his work there is little use in disputing the appellation given him by Boston publisher Porter Sargent: “that incorruptible realist.” By contrast, the other principal figure of American intellectual fascism, Francis Parker Yockey, 1917-1960, author of Imperium: The Philosophy of History and Politics (New York: The Truth Seeker, 1962), was a mystical romantic-of-romantics who tended not to argue a case, as Dennis did, but to state it and dispense with justification. Both men—they apparently never met—were highly intelligent and educated, wrote works of undeniably vast learning, and were greatly influenced by Spengler. But their approaches to the same problems of history and society were markedly different in many key respects. Yockey was certainly the more “typically fascist.” A detailed comparison of their approaches would make an interesting study.

38. Ibid., 75.

39. Ibid., 76.

40. Ibid., 76-77.

41. Ibid., 77-78.

42. Schlesinger, Politics of Upheaval, 78.

43. Ibid., 77.

44. Ibid., 78.

45. Ibid.

46. Matthew Josephson, Infidel in the Temple: A Memoir of the Nineteen-Thirties (New York: Alfred A. Knopf, 1967), 318-24.

47. Ibid., 320-21.

48. Ibid., 323.

49. Ibid., 324.

50. Ibid.

51. See Justin D. Doenecke, “Lawrence Dennis: Revisionist of the Cold War,” Wisconsin Magazine of History, LV, 4 (Summer 1972), 275-86, and also two other articles by the same author: “Lawrence Dennis: The Continuity of Isolationism,” Libertarian Analysis, I, 1 (Winter 1970), 38-65, and “The Isolationist as Collectivist: Lawrence Dennis and the Coming of World War II,” Journal of Libertarian Studies, III, 2 (Summer 1979), 191-207. There is also some discussion of Dennis in Doenecke’s Not to the Swift: The Old Isolationists in the Cold War Era (Lewisburg: Bucknell University Press, 1979). That Dennis has been a figure of interest in libertarian intellectual circles is interesting, given that he was, to put it mildly, no libertarian. Such interest appears to derive principally from his record of anti-interventionism in matters of foreign affairs; there may also be something appealing in his basic iconoclasm. [For a more recent libertarian isolationist treatment of Dennis, see Justin Raimondo, “Tale of a ‘Seditionist’: The Story of Lawrence Dennis,” Chronicles, XXIV (May, 2000), 19-22.—SF]

52. Doenecke, Wisconsin Magazine of History, 275.

53. Ibid., 276.

54. Ibid., 276-77.

55. Ibid., 277-78.

56. Ibid., 278-79.

57. Ibid., 283.

58. Ibid., 285.

59. Ibid., 286.

60. Ibid.

61. Ronald Radosh, Prophets on the Right: Profiles of Conservative Critics of American Globalism (New York: Simon & Schuster, 1975), 275-322.

62. Ibid., 299.

63. Ibid., 299-300.

64. See Ibid., 300, e.g.

65. Ibid., p. 281, n. 15.

66. Ibid., 283; Radosh’s book makes a tremendous contribution toward the explication and understanding of early anti-“consensus” views of the cold war and has deservedly attained the status of a minor classic. But there is something of a “Five Characters in Search of a Thesis” aspect to it—immediately noticeable in the title and sub-title themselves: the prophets were on the “right” and were “conservative” critics. Those designations might apply with little question to Robert A. Taft and John T. Flynn—but to Charles A. Beard, Oswald Garrison Villard, and Lawrence Dennis? The latter three would probably have a chuckle about it, and the last might threaten suit for slander, too.

67. See William Appleman Williams, “The Frontier Thesis and American Foreign Policy,” in History as a Way of Learning (New York: New Viewpoints, 1974), pp. 137-57.

68. Justus D. Doenecke, The Literature of Isolationism: A Guide to Non-Interventionist Scholarship, 1930-1972 (Colorado Springs: Ralph Myles Publisher, 1972), p. 40.

Source: The Occidental Quarterly, vol. 1, no. 1 (2001).

 

 


 

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vendredi, 26 décembre 2014

Le meilleur régime: une querelle millénaire

 

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Le meilleur régime: une querelle millénaire

Proposer ou imposer un chef à sa Nation ne se fait jamais sans conséquences. Mais alors, quel système politique doit-on mettre en œuvre pour assurer la pérennité de ce (nouveau) Régime ? Et quel est le plus préférable ?

Dans son « Enquête » au sein du livre 3, Hérodote rapporte un dialogue entre trois « mages » au lendemain de la mort du roi de Perse, Smerdis, pour trouver quel serait le meilleur régime afin de gouverner le territoire. En réalité, ces « mages » ou encore appelés « servants » selon les textes, représentent les trois principaux régimes politiques.

  • Otanes, faisant l’apogée de la démocratie, commence par attaquer la monarchie par ces mots : « Je crois que l’on ne doit plus désormais confier l’administration de l’État à un seul homme, le gouvernement monarchique n’étant ni agréable ni bon ». En réalité, Otanes s’insurge sur le fait que ce « monarque » n’agirait qu’à sa guise, selon l’impulsion donnée par son caractère capricieux, tout lui étant alors permis. Otanes préconise un gouvernement choisi par le peuple ce qui régirait le « principe d’isonomie ». Ce principe consiste en une soumission à une même loi pour tous. L’isonomie est concrétisée sur l’égalité des droits civiques avec l’idée de partage effectif du pouvoir.
  • Mégabyse, favorable au système aristocratique, témoigne de son accord avec Otanes sur les dérives de la monarchie, régime tyrannique selon lui. Mais la démocratie ne vaut pas mieux en y regardant de plus près ! Mégabyse dira même que le système démocratique est bien pire que son opposant monarchique pour la simple et bonne raison que le tyran monarque sait ce qu’il fait, alors que la masse populaire ne le sait pas ! Pour lui, seul un gouvernement composé des hommes de savoir et d’éducation, peut se maintenir ! « Pour nous, faisons le choix des hommes les plus vertueux ; mettons-leur la puissance entre les mains : nous serons nous-même de ce nombre ; et, suivant toutes les apparences, des hommes sages et éclairés et ne donneront que d’excellents conseils ».
  • Darius quant à lui se positionne pour la monarchie. Prenant la parole en dernier, et ayant soigneusement écouté ses comparses, il critique immédiatement Otanes et Mégabyse : Pour lui, le meilleur gouvernement ne peut être autre que celui du meilleur homme seul ! « Il est constant qu’il n’y a rien de meilleur que le gouvernement d’un seul homme, quand il est homme de bien ». L’oligarchie n’est pour lui que l’étape précédent la monarchie, d’où sa faiblesse : « Chacun veut primer, chacun veut que son opinion prévale » de sorte que les nobles se battraient pour gouverner. Cette situation ne déboucherait que sur le recours à un roi pour rétablir l’ordre social. Mais la démocratie ne vaut pas mieux selon le « mage » ! « Quand le peuple commande, il est impossible qu’il ne s’introduise beaucoup de désordre dans un État ». Cela ne conduirait qu’à une tyrannie – justement – pour rétablir brutalement l’ordre. Pour Darius, la monarchie apparait comme seul régime valable, ou du moins comme le moins mauvais.

Cette introduction nous permet d’enchaîner sur l’étude desdits systèmes politiques, non pas pour vanter les mérites de l’un sur les autres, mais pour en comprendre leurs fondements, leurs principes et leurs idéaux.

La démocratie

aristotelessdgh.jpgL’une des meilleurs définitions a été donné par Aristote : « La liberté – ou démocratie – consiste dans le fait d’être tour à tour gouverné et gouvernant… »
La démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Idéalement, la démocratie instaure une identité entre les gouvernants et les gouvernés. Les conditions nécessaires sont les suivantes :

  • L’égalité : C’est l’idée que tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe ou de religion, sont égaux en droit. Les mêmes règles doivent s’appliquer aux citoyens qui sont placés dans une situation identique.
  • La légalité : C’est l’idée d’une obéissance aux règles de droit. Les rapports entre les citoyens doivent être régis par des règles de droit qui, adoptées par tous, s’appliquent à tous.
  • La liberté : C’est l’idée de la liberté de participation aux affaires publiques. Tous les citoyens sont libres de participer au gouvernement soit par la désignation des gouvernants – élection – soit par la prise directe de décision – référendum. C’est également l’idée d’une liberté d’opinion, ce qui induit le respect de plusieurs courants politiques.

Outre Otanès que nous avons évoqué en introduction, Périclès fait également l’éloge de la démocratie où l’égalité serait son fondement. Dans ce régime il ne doit y avoir aucune différence entre les citoyens ni dans leur vie publique ni dans leur vie privée. Aucune considération ne doit s’attacher à la naissance ou à la richesse, mais uniquement au mérite !

La démocratie est un régime de générosité et de fraternité, reposant sur la philanthropie (du grec ancien φίλος / phílos « amoureux » et ἄνθρωπος / ánthrôpos « homme », « genre humain ») est la philosophie ou doctrine de vie qui met l’humanité au premier plan de ses priorités. Un philanthrope cherche à améliorer le sort de ses semblables par de multiples moyens.

Cependant et après étude de ces éléments, nous sommes en droit de nous poser la question suivante : l’élection démocratique d’un dirigeant le force t-il nécessairement à être philanthrope ? À moins que la réponse ne soit déjà dans la question…

L’Oligarchie

L’oligarchie est le gouvernement d’un petit nombre de personnes, le pouvoir étant détenu par une minorité. L’oligarchie est également une catégorie générique qui recouvre plusieurs formes de gouvernement.

La forme oligarchique la plus répandue est l’aristocratie. C’est un gouvernement réservé à une classe sociale censée regrouper les meilleurs. L’aristocratie repose ainsi sur une conception élitiste du pouvoir.

Outre les institutions de la république romaine, rappelons que le système politique spartiate était bel et bien orienté vers l’oligarchie notamment avec la gérousie.
La gérousie est une assemblée composée de 28 hommes élus à vie et âgés de plus de 60 ans. Ces derniers sont choisis en fonction de leur vertu militaire mais force est de constater qu’ils appartiennent pour la plupart aux grandes familles de Sparte.

Il est intéressant de noter que dans cet exemple que seuls les membres de cette assemblée possèdent l’initiative des lois. Dans un système oligarchique on ne laisse que peu de place à l’aléatoire puisque seuls les « meilleurs » accèdent aux fonctions législatives, encore faut-il convenablement définir ce que sont « les meilleurs » dans un régime politique.

La monarchie

La monarchie est la forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir est exercé par un seul homme (roi, empereur, dictateur).
La monarchie absolue est un courant de la monarchie qui, elle-même est un courant de la monocratie. La monarchie absolue donc, est le gouvernement d’un seul homme fondée sur l’hérédité et détenant en sa personne tous les pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire). La souveraineté du monarque est très souvent de droit divin.

Outre Darius, Isocrate défend cette idée de monarchie comme forme d’organisation du pouvoir. Il pense trouver le chef dans Philippe de Macédoine (père d’Alexandre le Grand), car il y voit le règne de l’efficacité et l’avènement de la modernité.

xenophon05.jpgXénophon a réellement été l’initiateur du régime monarchique. « Ce qui fait les rois ou les chefs (…) c’est la science du commandement ». Le roi est comparable au pilote qui guide le navire. Xénophon décrit un homme qui détient une supériorité sur tous les autres, car il « sait ». On ne naît pas roi, on ne l’est pas non plus par le fait, ni encore par l’élection : on le devient ! La monarchie est un art qui, comme tous les autres arts, suppose un apprentissage, la connaissance des lois et des maîtres pour les enseigner.

L’éducation fait acquérir au roi un ensemble de talents et de qualités qui le rendront véritablement apte à exercer ses fonctions. Il ne doit pas imposer son pouvoir par la force, sinon il ne serait qu’un tyran, ce que Xénophon réprouve. Le roi devra être capable de susciter le consentement du peuple en se fondant sur la justice et la raison. Le chef est donc au service de ceux qu’il commande. « Un bon chef ne diffère en rien d’un bon père de famille ». Héritage grec oblige, Xénophon n’oublie pas de mentionner que le roi ne fera régner la justice qu’en respectant la primauté de la loi.

***

À l’étude de ces différents régimes proposant une gouvernance différente du territoire, sommes-nous en capacité de répondre à l’intitulé de cet article à savoir « Quel est le meilleur Régime politique ? » Chacun se fera son avis, chacun se fera son opinion ! Tout réside naturellement dans la capacité du « chef » à gouverner, mais aussi et surtout dans sa conception du pouvoir.

Napoléon Bonaparte a été très certainement l’un des empereurs les plus prestigieux de l’Histoire. Cependant était-il d’avantage un démocrate qu’un monarque ? Ou a-t-il réussi à faire ressortir une nouvelle façon d’exercer le pouvoir ? Pour approfondir le sujet, je vous invite à lire les articles de Christopher Lings et David Saforcada aux adresses suivantes :

Christopher Destailleurs

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mardi, 23 décembre 2014

Así se combatía la corrupción pública en la antigua Roma

Gürtel, Operación Púnica, los ERE de Andalucía, la familia Pujol, Bárcenas o el caso Noos son el pan nuestro de cada día. Desayunamos, comemos y cenamos con ellos en las noticias. Como explica el escritor y ensayista italiano Carlo Alberto Brioschi, en el siglo XXI, la corrupción se ha convertido en una especie de bacilo de la peste que, sin embargo, padecemos desde hace siglos. Y así es, porque delitos tan actuales como el cohecho, el tráfico de influencias, el robo de las arcas del Estado, la extorsión, la adjudicación de obras públicas a amigos poderosos o la compra de votos colapsaron a muchos gobiernos de la antigua Roma, que tuvieron que establecer toda una serie de leyes para perseguirla.

Durante algún tiempo, las estructuras del Estado romano se resistieron a esta corrupción sin sufrir grandes contratiempos. Era parte de un sistema social y político basado en el clientelismo, el abuso de poder, las mordidas y el enriquecimiento personal. La codicia de los funcionarios públicos no tenía límite y estos delitos fueron creciendo a ritmo de las conquistas. Pero llegó un momento en que el gobierno se hizo impracticable y el derecho romano tuvo que introducir cambios.

corr9782262034009.jpgSin embargo, la convivencia entre buenos propósitos y acciones deshonestas por parte de los gobernantes fue siempre una de las características de Roma. Un ejemplo de esto fue Licinio Calvo Estolón, tribuno de la plebe en el 377 a.C., que introdujo una fuerte limitación a la acumulación de tierras por parte de un único propietario, además de una severa reglamentación para los deudores, pero luego fue acusado de haber violado sus propias leyes.

Las «quaestiones perpetuae»

Durante el periodo republicano (509 a.C. - 27 a.C.), el propio sistema electoral facilitaba, de hecho, la corrupción, que se agravó a partir de la expansión territorial y marítima producida después de la Segunda Guerra Púnica. Los gobernadores comenzaron a enriquecerse sin escrúpulos a través del cobro de impuestos excesivos y la apropiación de dinero de la administración pública. Como denunció en aquella época el historiador romano Salustio, «los poderosos comenzaron a transformar la libertad en licencia. Cada cual cogía lo que podía, saqueaba, robaba. El Estado era gobernado por el arbitrio de unos pocos».

La primera ley que se estableció fue la «Lex Calpurnia» (149 a.C.), como consecuencia del abuso del gobernador de la provincia de Lusitania, Servio Sulpicio Galba, al que se acusó de malversación de fondos y fue juzgado por un jurado procedente de la orden senatorial, algo que era toda una novedad. Sin embargo, esta primera ley no imponía ninguna pena pública, sino la devolución del dinero que había sustraído.

En el 123 a.C., se establecieron una serie de tribunales permanentes, llamados «quaestiones perpetuaes», cuyo cometido fue el de investigar todas estas malas prácticas y extorsiones de los gobernadores provinciales que habían sido denunciadas por los ciudadanos. Al principio no tuvieron el éxito deseado, pero fueron importantes porque con ellos se definió legalmente el «crimen repetundarum», que hizo alusión a los delitos de corrupción, cohecho o tráfico de influencias.

Este sistema se fue perfeccionando con la definición de nuevos delitos. El «crimen maiestatis», por ejemplo, definía los abusos de poder por parte de los senadores y magistrados. Era considerado el acto más grave contra la República y fue castigado, incluso, con la pena de muerte o el exilio voluntario. El «crimen peculatus» hacía referencia a la malversación y apropiación indebida de fondos públicos por parte de un funcionario, así como la alteración de moneda o documentos oficiales. O el «crimen ambitus», que describía la corrupción electoral, especialmente la compra de votos.

Leyes anti-corrupción

Todos estos y otros delitos trajeron consigo nuevas leyes, que querían dar respuesta a los diferentes cambios políticos, económicos y morales que se iban produciendo. La «Lex Acilia» –que apareció al mismo tiempo que los «quaestiones perpetuaes»–, subió la pena para los delitos de malversación de fondos y cohecho de la «Lex Calpurnia», estableciendo una multa del doble del valor del daño causado por el funcionario. Es una de las más conocidas, porque se ha conservado gran parte de su texto original.

ferrangarreta.com_lictorsarm.2g..jpgOtras leyes importantes fuero la «Lex Sempronia» (122 a.C.) o la «Lex Servilia de Repetundis» (111 a.C.), que establecieron penas más severas para los delitos de cohecho. La segunda, en concreto, fue la primera ley que introdujo la pérdida de los derechos políticos. Ambas fueron completadas con otras como la «Lex Livia Iudiciaria» (91 a.C.), que impuso una corte especial para los juicios contra los jueces corruptos que hubieran cometido extorsión, o la «Lex Cornelia», que aumentaba las condenas para los magistrados que aceptaran dinero en un juicio por cohecho. Esta última debe su nombre al dictador Lucio Cornelio Sila, que la estableció tres años antes de morir.

La corrupción, sin embargo, seguía imparable. En esta época, el gobernador de Sicilia, Verres, se convirtió de alguna manera en el arquetipo originario del «corruptócrata» incorregible. Se calcula que robó al erario público más de cuarenta millones de sestercios y depredó literalmente su provincia. Y no fue una excepción. El mismo Cicerón, que no le tenía especial simpatía y se esforzaba en presentarlo como un caso claro de avidez de poder, afirmó, por el contrario, que su conducta representaba la norma en buena parte del imperio romano.

Julio César, en las puertas del Tesoro

Cuando aún era cónsul, Julio César fue el que propuso la última y más severa ley republicana contra los delitos de corrupción, la «Lex Iulia», que incluía penas de multas desorbitadas y el destierro. Es curioso que fuera él, pues poco antes no había dudado en recurrir a cualquier medio para acceder al consulado. «Cuando el tribuno Metello trató de impedirle que tomase dinero de las reservas del Estado, citando algunas leyes que vetaban tocarlo, él respondió que el tiempo de las armas es distinto al de las leyes… y se encaminó hacia las puertas del Tesoro», contó de él el historiador Plutarco. Eso no le impidió establecer más de cien capítulos en su ley, la mayoría de ellos destinados a los magistrados e, incluso, jueces que se hubieran dejado sobornar para favorecer a un acusado en un delito de corrupción.

El contenido de todas estas leyes demuestra el grado de corrupción que se vivía en Roma. Con la llegada del Imperio en el 27 a.C., éste no solo no se redujo, sino que se incrementó. Los políticos siguieron sobornando a los funcionarios para conseguir puestos en la administración, mientras que a los ciudadanos se les asfixiaba cada vez con más impuestos y se veían obligados a pagar propinas a cambio de que se les agilizara algún trámite solicitado.

A partir de Augusto, el erario público fue perdiendo importancia e independencia, al ser sustituido por la caja privada del emperador. Esto facilitó, sin duda, la corrupción, a la que se intentó poner remedio. Durante la época del emperador Adriano (24-76 d.C.), por ejemplo, se amplió «crimen repetundarum» a todos los actos de malversación realizados por los funcionarios públicos y los sancionó incluso con penas de muerte. Y junto a este crimen, aparecieron otros como la «concussio» (concusión), una de las prácticas favoritas de los gobernadores provinciales, consistente en exigir a los ciudadanos una contribución no establecida por la ley o aumentar otra sí existente de manera desorbitada.

Pero la historia de Roma parece que ya había sido escrita por el escritor y político romano Petronio, cuando se preguntó, impotente, en el siglo I: «¿Qué pueden hacer las leyes, donde sólo el dinero reina?».

Fuente: ABC

lundi, 22 décembre 2014

Robert Stark interviews Paul Gottfried on Dugin & Neoconservatives

Robert Stark interviews Paul Gottfried on Dugin & Neoconservatives

Ex:

http://www.starktruthradio.com

Audio:

http://www.starktruthradio.com/?p=934

Duginxcvvbnb.jpgPaul Gottfried recently retired as Professor of Humanities at Elizabethtown College, PA. He is the author of After Liberalism, Multiculturalism and the Politics of Guilt and The Strange Death of Marxism His most recent book is Leo Strauss and the Conservative Movement in America.

Topics include:

Alexander Dugin and Martin Heidegger

The definition of Liberalism

The Eurasian school of thought

National Review’s Hit Piece on Dugin

How Neoconservatives attack their enemies such as Dugin as Fascist or Nazis

How Neoconservatives are a faction of the left

The Neoconservative View toward Russia

The Cold War and whether it was a mistake

The conflict with Russia in the Ukraine

Why Paleoconservatives tend to dislike Israel

Paul Gottfried’s upcoming book Fascism: The Career of a Concept

mardi, 16 décembre 2014

Handboek Nieuw-Rechts eindelijk ook in het Nederlands beschikbaar!

Handboek Nieuw-Rechts eindelijk ook in het Nederlands beschikbaar!
 
Ex: Deltastichting - Nieuwsbrief Nr. 89

Onze zusterorganisatie Identiteit was een tijdje geleden op het briljante idee gekomen het Engelstalig handboek van Tomislav Sunic over Nieuw-Rechts in het Nederlands te vertalen.
Het resultaat ligt eindelijk voor in boekvorm, en het mag gezien worden.

Reden genoeg dus om de uitgevers van "
Nieuw Rechts: voor een andere politieke cultuur" even aan de tand te voelen naar de reden om dit fundamentele boek ook in het Nederlands uit te geven, en naar hun toekomstplannen.

Vanwaar kwam de idee om net dit boek te vertalen en uit te geven? Hoe kwam je op de naam van Tomislav Sunic?
 
Het boek zelf is zeer gekend in de Angelsaksische wereld.  Het wordt er  – samen met het recentere boek New Culture, New Right: Anti-Liberalism in Postmodern Europe  van Michael O’Meara – gezien als het basiswerk inzake Nieuw-Rechts.   Het feit dat Sunic  heel wat contacten heeft met Vlamingen maakte het ook gemakkelijker.   Tomislav Sunic was overigens  zeer tevreden over de Nederlandse vertaling.

Kan je in 5 woorden de inhoud van dit boek aan de lezers meegeven (mag natuurlijk iets langer zijn)?

Het boek heeft een overzicht van de verschillende politieke denkers die Nieuw-Rechts beïnvloed hebben.  Het is in feite de doctoraatsverhandeling van Tomislav Sunic, die in boekvorm verschijnt.  Oorspronkelijk uitgegeven in het Engels is het ondertussen vertaald in het Kroatisch, Spaans en Frans.  En nu in het Nederlands.

Waarom zou de lezer van deze elektronische Nieuwsbrief dit boek zéker moeten aanschaffen?

Het boek schetst hoe NR zich niet zo gemakkelijk in de klassieke links/rechtsschaal laat indelen. Het boek schenkt  aandacht aan de  historische cycli (in contrast met vooruitgangsmythe),  de heidense vorm van spiritualiteit, de visie op democratie en kapitalisme. Het is het ideale boek om Nieuw Rechts beter te situeren en te leren kennen.  Het boek sluit af met het manifest van Nieuw Rechts

Welke andere projecten staan er op stapel? Wordt eraan gedacht om een echte NR-reeks op te zetten? Welke boeken en welke auteurs heb je in gedachten?

Het is hopelijk het eerste boek van een reeks.  Er zijn concrete plannen om ook andere boeken in vertaling uit te geven.  Wat zit er momenteel in de pijplijn?  Alain de Benoist met Critiques/Théoriques, Evola… maar ook onbekend Engelstalig werk van Jan De Vries.

Hoe wordt het boek verspreid? De traditionele verspreidingskanalen? Sociale media? Waarom werken jullie niet met voorinschrijvingen?

We verspreiden ons boek zeker via de klassieke kanalen (meetings, Ijzerwake). Anderzijds zullen we ook via mailings het boek proberen aan de man te brengen.  Voorinschrijvingen is iets dat we bij de volgende uitgaven zullen overwegen, maar daar moeten we eerst onze nieuwsbrief voor rondkrijgen.
 
Bedankt voor dit gesprek!
 
Interesse? Het boek kan besteld worden via het volgende e-postadres 
Kostprijs € 18€ (+ 4€ verzendingskosten)

Een ideaal nieuwjaarscadeau.

 

Peter Logghe

samedi, 13 décembre 2014

Lille, 27 juin 2014: Révolution conservatrice

ROBERT STEUCKERS

La révolution conservatrice allemande (extrait)

Lille, 27 juin 2014

(conférence prononcée avec une solide angine de poitrine; amusant de se revoir alors que l'on est là, à l'article de la mort, en présence de la Camarde, envoyée promener au nom de Heidegger, de Mohler, du "kaïros". Eugène Krampon a eu le mot qu'il fallait: "T'as failli faire comme Molière! Mourir sur scène! Quel artiste tu fais!).

 

vendredi, 12 décembre 2014

ESSAIS SUR LA VIOLENCE DE MICHEL MAFFESOLI

Michel-Maffesoli.jpg

ESSAIS SUR LA VIOLENCE DE MICHEL MAFFESOLI
 
Une réédition opportune
 
Gustin Sintaud.
Ex: http://metamag.fr

Une bien heureuse initiative que cette réédition le 2 octobre 2014 des « Essais sur la violence » de Michel Maffesoli. Ni son travail originel, ni sa préface postérieure ne semble, à l’auteur, nécessiter une quelconque actualisation tant la violence, telle qu’il l’expose, la détaille et l’analyse, est invariante. 

Qu’aurait-il pu ajouter ou retrancher ?


Par son originalité, sa remarquable rigueur scientifique, cette étude ne souffre aucune critique ; surtout pas celle des idées primaires sur la violence du genre « café du commerce » ou « fin de repas familial », régurgitations de celles généralement véhiculées péremptoirement par la suffisance des médias ; encore moins celle du conformisme intellectuel soumis à la dictature du moralisme convenu comme convenable, pleine d’un fade « bon garçonnisme », bourrée d’une bien triste irénologie. Cette intelligente approche s’affirme rebelle sans ambages, tant elle répète qu’elle ignore volontairement le politiquement ou philosophiquement correct.


La totale liberté revendiquée permet d’appréhender la violence dans une acceptation particulièrement ouverte. Elle fait découvrir l’ambivalence de ses profonds aspects institutionnels comme sa dimension socialement fondatrice.


maf9782271082565.jpgSans jamais sombrer dans quelque facile solution unique réductrice, Michel Maffesoli expose la violence, tant sous ses expressions de simple opposition, d’affrontement plus ou moins évident, plus ou moins marqué, voire de débridement passionnel ou autre, individuel ou social. Il l’embrasse sous sa forme de dissidence, prise en son acceptation générale, comme sous celle de résistance dans toutes ses manifestations : politique ou tout simplement banale de la vie quotidienne.


La magistrale analyse du phénomène de la violence utilise en prémisses, les travaux de Georg Simmel, Gilbert Durant, Julien Freund ou Max Wéber. Elle n’hésite jamais, parfois même abusivement, à s’étayer en citant ces géniaux précurseurs. Elle se réfère tout aussi complaisamment, ici à Montaigne pour son « hommerie » tant il est « vain et naïf de réduire à l’angéologie » l’humaine nature, là au « neikos » d’Empédocle, nécessaire pendant de la conciliante « philià » ; ou encore sollicite-t-elle Spinoza pour qui la violence est un incontournable structurant collectif. Machiavel, lui aussi est plusieurs fois référencé, tout comme J. Duvignaud qui nomme : « dialectique vivante de l’imaginaire et de l’institué » la duplicité de la dissidence. La notion d’ « hypercivilisation » chère à Durkeim, lui sert aussi pour illustrer la très étroite relation entre productivisme et détestable atomisation.


Tout le long de cette précieuse et productive démarche, se révèle, avec récurrence, la riche bipolarité de la violence. La complémentarité de contraires s’y exprimant, lui reconnaît partout une fonction d’équilibre. La bivalence lui permet de générer une bien réelle harmonie malgré son apparence de paradoxe. Le rôle de la violence dans la réalité de la société ne peut se contester : elle participe à sa fondation, elle l’aide à se bâtir, elle l’anime, lui donne vie et valeur, et s’y impose même en raison sine qua non.


A tant s’intéresser, de cette manière, à la violence, se gomme l’idée réflexe de mal absolu dont tout monde conditionné, aseptisé charge la violence. Aucune manifestation violente, prise parmi les plus outrancières, les plus détestables, ne peut totalement la diaboliser : elle n’est pas le grand Satan. Et même, qu’elle engendre la destruction, elle ne se réduit pas à ce seul effet. Elle semble alors tout autant porteuse d’utilité, tout du moins intégrée « dans un mécanisme productif dont elle est apparemment la négation ». Ainsi son aspect généralement angoissant se dissout puisque, sans cette destruction, point de reproduction sociale, tout comme en biologie. La violence fonde bien, sur cette ambigüité, son utilité d’agent d’équilibre structural, mais aussi sa destructivité. Toujours oppositions et antagonismes concourent à l’équilibre global.


Si à la forme violence, est intégrée la fête, dans son rituel de régénération sociale et individuelle se fait grand usage du langage non contenu ; alors la parole peut s’avérer dangereuse pour l’institué, plus d’ailleurs par l’échange qu’elle implique que dans son contenu : voilà la parole violence, révolte ; car la parole, souvent anodine, est difficilement contrôlable. Elle est néanmoins un élément important de la socialité même si le vrai rôle de la parole est subversif. La violence s’insère partout, même et surtout, à priori, elle semble étrangère, en totale incongruité. Ne peut-on la dénicher même dans rire ou sourire, dans la dérision, pleine d’humour, comme une forme de subversion en contestation travestie ? Certes, le rire parce que irrépressible est subversif ; il marque réaction et résistance ; le voilà contagieux, agrégatif.


Le rôle corrosif du rire, comme pour la parole, lui octroie d’être un important élément dans la dynamique de la violence. Tout cela s’exprime dans l’orgiasme de la tradition dionysiaque : le cocktail de parole libérée, de consumation outrancière, avec une forte dose de rire gras, explosif, résume techniquement les phénomènes d’effervescence sociale ; il canalise, exprime et limite le sacré, la part d’ombre qui pétrit tant l’individu que le social. « L’orgie joue donc de manière paroxystique le rapport à la dépense, à la déperdition, à la dissolution. ». Elle lie mort et vie dans une relation organique, vécue rituellement, parfois cruellement ou bien alors sereinement. L’orgiasme exige d’accepter le vertige et l’angoisse de la mort ou de l’altérité. Cela entraîne, par l’intégration à une globalité organique, à participer de l’éternité du monde.


Par cette pointilleuse investigation de la violence, traquée jusqu’en ses germes les plus diffus, insolites, improbables, Michel Maffesoli s’insurge que ne se retiennent trop souvent que ses aspects inquiétants, négatifs : alors, il s’efforce véhémentement de les compenser en détaillant tout ce que telles évidences occultent de positif, paradoxalement constructif et réformateur socialement. Il s’acharne à affirmer l’intérêt induit de chaque avènement du moindre soupçon d’expression violente. Celui-ci génère quasi systématiquement de notables transformations profitables, comme améliorations de comportements individuels, ou ajustements judicieux des structures sociales.


Au-delà de cette longue démarche captivante, profondément optimiste, par-delà l’intérêt stimulant de trouvailles clairement expliquées, se construit patiemment une grande leçon de sagesse intransigeante : elle ne se prive pas de fustiger, plus ou moins directement, toutes les indignités des pseudo-maîtres à penser, toutes les veuleries des suiveurs ou « metuentes », toutes les infamies des débats sémantiques, philosophiques, sociologiques, … toutes les vérités prétendues véhiculées par les traditions…


A l’unicité, l’uniformité, en général, il semble avoir un faible pour le polymorphisme et même le « polythéisme » qui disent l’aspect pluriel des choses, des êtres et des étants sociaux. Son goût pour la globalité, quand elle se conforte d’une complémentarité de contraires ajustés, ne doit pas faire oublier qu’en violence, l’auteur entend, sans le dire ouvertement : volonté de puissance.


« Essais sur la violence » de Michel Maffesoli (CNRS Editions, collection Biblis n°93) , 9.50€

jeudi, 11 décembre 2014

Schaf de begrippen links en rechts af!

Schaf de begrippen links en rechts af!

Over zelfverklaard links en weggemoffeld rechts

door Dirk Rochtus

Ex: http://www.doorbraak.be

Deugen de begrippen 'links' en 'rechts' nog als politiek kompas? Een gesprek met een Duitse vriend ontlokt me de volgende mijmering over de oude tegenstelling – een vermeende? – tussen links en rechts.

Mijn goede vriend is een overtuigde sociaaldemocraat en noemt zichzelf steevast links. De tegenpool van links is volgens hem niet 'rechts', maar conservatief of 'burgerlijk'. 'Rechts' reserveert hij voor wat in feite extreemrechts voorstelt. De Duitse linkerzijde heeft er een handje van weg om rechts en extreemrechts met elkaar te vereenzelvigen. Wanneer neonazi's een aanslag pleegden, werden bijvoorbeeld vanuit progressieve hoek vaak concerten georganiseerd onder de noemer 'Rock gegen Rechts" (Rockmuziek tegen rechts). In Duitsland zul je iemand van het christendemocratische of liberale kamp zichzelf nooit rechts horen noemen, wel 'Mitte' (centrum) of 'bürgerlich' (De tegenhanger van dit laatste begrip zou consequent gezien eigenlijk 'proletarisch' moeten zijn in plaats van 'links'). Zich als progressief beschouwende mensen zullen nooit aarzelen om zichzelf 'links' te noemen, de 'anderen' zullen de begrippen 'links' en 'rechts' eerder relativeren. Het begrip 'rechts' is intussen zo'n vies woord geworden dat van de weinigen die zich nog rechts durven te noemen ('complexloos rechts') een groot aantal in de extreemrechtse hoek terug te vinden is. Zo wordt de gelijkschakeling van rechts en extreemrechts een self-fulfilling prophecy.

Vleugels

Over de vraag hoe links en rechts te definiëren kan eindeloos gediscuteerd worden. Enkele trefwoorden kunnen de tegenstelling misschien ietwat concreter maken: gelijkheid versus vrijheid, belastingen versus besparingen, kosmopolitisme versus (volks)nationalisme, vrijzinnigheid versus geloof. Mensen kunnen op basis van het levensbeschouwelijke als links, maar op basis van het economische als rechts gecatalogiseerd worden of omgekeerd. Zo heb je volksnationalisten die heel sociaal denken én handelen, bijvoorbeeld vanuit hun beroep of hun werken in het middenveld. Zulke mensen als 'rechts' stigmatiseren vanuit een 'links' oogpunt doet afbreuk aan hun sociale inborst en hun sociaal engagement. Links en rechts vormen – zolang deze begrippen nog gelden – de twee vleugels van de democratie. Het stigmatiseren of doen wegvallen van een van beide zou de democratie amputeren en ofwel tot geestelijke stilstand ofwel tot de hegemoniale positie van links of van rechts leiden. Deze vaststelling zou een objectieve kijk op de tegenstelling links-rechts met zich mee moeten brengen. Niettemin wordt deze tegenstelling al te vaak als moreel opgevat. Links claimt morele superioriteit, het taalgebruik zet zich daar naar: links geldt dusdoende als 'vooruitstrevend', en rechts als 'bekrompen'.

Merites

Het kost ook niets om jezelf 'links' te noemen en zo aan de goede kant te staan, wat heerlijk voor het geweten is. Maar eigenlijk zou iemand die zich 'links' noemt op zijn minst basisnoties van het marxisme moeten hebben of zelfs marxistische klassiekers moeten hebben gelezen, kwestie van intellectuele eerlijkheid. Beter dan te zwaaien met de termen links en rechts zou een politiek geëngageerde zich moeten bekennen tot een bepaalde ideologie en zichzelf bijvoorbeeld sociaaldemocraat, groen, christendemocraat, liberaal of volksnationalist noemen. Dat staat voor ideologische duidelijkheid en zorgt ervoor dat een overtuiging enkel en alleen op basis van haar maatschappelijke merites wordt beoordeeld in plaats van met morele maatstaven..

mercredi, 10 décembre 2014

Critique de la Révolution par Hegel : Périclès contre l’égalitarisme

Critique de la Révolution par Hegel : Périclès contre l’égalitarisme

Ex: http://anti-mythes.blogspot.com

 
Pericles_Pio-Clementino_Inv269_n2.jpgAlors que la Révolution française insuffle à l’Europe une énergie philosophique nouvelle, affirmant ressusciter l’esprit de la démocratie grecque, un soupçon germe déjà dans l’esprit de Hegel : cette filiation avec l’Antiquité ne repose-t-elle pas sur un malentendu ? Par la figure de Périclès, le philosophe révèle l’erreur d’interprétation commise par ceux qui se réclament de la démocratie athénienne. Présentée comme une révolution chargée de promesses égalitaires que Périclès se serait empressé de trahir, ne fut-elle pas plutôt la célébration de la liberté et de la vertu individuelles, dont Périclès s’avéra le plus admirable serviteur ?
 
Périclès a fait l’objet d’une disgrâce constante dans l’histoire de la philosophie, dont les traces subsistent encore fortement, même à la fin du XVIIIème siècle. Lui préférant Sparte, les révolutionnaires français n’ont que modérément recours au modèle d’Athènes, et voient dans le destin tragique de cette cité le paradigme à ne pas suivre en ces heures de refondation politique intégrale – or, Périclès incarne en tout point cette corruption de l’idéal démocratique qu’ils entendent ne pas reproduire. En Allemagne, à la même époque, les détracteurs de l’entreprise révolutionnaire française puisent dans l’œuvre de Platon d’innombrables présages du destin qui attend, selon eux, le peuple français. Le philosophe grec, constatant l’échec absolu de la démocratie, et formulant une critique acerbe du régime qui avait, selon lui, corrompu la grandeur athénienne, assimilait entièrement sa décadence à la personnalité de Périclès. Ainsi, le nom de l’homme d’État est à la fois utilisé par ses opposants pour discréditer la Révolution, et mettre en garde contre le chaos dont ils la croient porteuse, et rejeté par ses défenseurs, qui se passeraient volontiers de l’encombrant exemple d’un homme en qui l’historiographie persiste à ne voir qu’un monarque déguisé, populiste et manipulateur de foules.
 
Hegel, fasciné par les bouleversements politiques qui ont lieu en France, expose dans ses Leçons sur la Philosophie de l’Histoire les raisons qui le poussent à rejeter en bloc l’analyse de Platon. Découlant d’une idée univoque selon laquelle la démocratie fut néfaste à Athènes, le philosophe grec formule un jugement partial et intéressé, puisqu’il s’agit avant tout de discréditer un régime après son effondrement, en s’appuyant allègrement sur l’impopularité de Périclès dans la mémoire de ses contemporains. Platon reproche notamment à l’homme d’État athénien d’avoir préféré la prospérité économique de la Cité, pour s’assurer le soutien des foules ainsi comblées, à la véritable poursuite de l’idéal de justice. Périclès serait également le corrupteur moral de la vie politique athénienne, ayant introduit un système de rétribution de l’exercice des charges publiques, explicitement accusé par Platon, dans le Gorgias, d’avoir précipité la décadence d’un régime déjà vicié. « Périclès a rendu les Athéniens paresseux, lâches, babillards et intéressés, ayant le premier soudoyé les troupes. » Il semble pourtant que ce système ait, bien au contraire, permis à un nombre sans cesse croissant de citoyens athéniens de prendre part à l’administration de la Cité. Hegel ne s’y trompe pas, et il annonce ne vouloir juger Périclès qu’à l’aune des récits produits par les historiens, c’est-à-dire en s’appuyant sur des textes certes pas neutres quant à leur substance, puisque trahissant inconsciemment leur époque, mais du moins plus impartiaux dans leurs intentions que ceux de Platon.
 
Le chef plutôt que la foule, le mérite plutôt que l’égalité
 
C’est naturellement chez Thucydide que Hegel trouve la source documentaire la plus utile à son entreprise, mais également chez Plutarque, bien qu’il ne souscrive pas aux critiques sévères que ce dernier adresse aux décisions politiques prises par Périclès. Recoupant les descriptions concordantes, Hegel brosse le portrait d’un homme dont la qualité première fut la modération. Jamais en proie aux excès de la colère ou de la peur, Périclès était avant tout un homme tempéré, qui n’agissait qu’avec précaution et mesure, en accord avec les vertus de son temps. Intègre, il est peu probable qu’il eût jamais cédé à quelque tentative de corruption que ce fût, étant doté d’une force de caractère implacable, qui le poussait à obéir aux principes qu’il s’était lui-même fixé. De Thucydide, Hegel retient surtout l’éloge de la culture de Périclès, « homme riche en esprit », signe d’une formation irréprochable. Or, pour le philosophe allemand, c’est justement la formation qui permet à l’individu d’entrer en contact avec l’universel tout en développant sa personnalité. « La personnalité ne doit pas être confondue avec la particularité, car la première sera d’autant plus grande qu’elle sera dégagée de la seconde et qu’elle aura davantage saisi, exprimé et réalisé là, la véritable essence de son époque ».
 
Périclès apparaît ainsi comme l’homme portant à leur plus parfaite harmonie les vertus individuelles permettant la bonne conduite de la vie collective de la Cité qu’il dirige seul. Là où les historiens n’avaient vu qu’une preuve supplémentaire du dévoiement de la démocratie au profit du pouvoir d’un seul homme, Hegel voit finalement dans le pouvoir de Périclès la résolution de l’inextricable tension qui parcourt la démocratie : tiraillée entre la liberté individuelle et la subjectivité, entre l’obéissance et la volonté, elle ne peut être que de courte durée sous sa forme institutionnelle. Il lui faut donc un homme d’État fort et vertueux, qui se distingue par ses qualités morales et intellectuelles, et qui s’impose aux foules par une maîtrise absolue du langage, ainsi que par une détermination sans faille. A l’opposé de la méfiance platonicienne à l’égard des sophistes et des démagogues, Hegel célèbre donc la fascination de la foule pour l’éminence d’un individu demeurant cependant entièrement soumis à elle, ne pouvant agir contre son gré ni la contrarier, sous peine de perdre immédiatement son affection et son appui.
 
C’est dans ce rapport quasi organique entre l’homme d’État et le tribunal perpétuel devant lequel il s’exprime que réside, selon Hegel, l’assurance la plus fiable d’une Cité administrée selon la volonté du peuple, sans corruption ni déformation. Le seul critère permettant de déterminer l’aptitude d’un homme à se distinguer et à diriger la Cité repose donc sur l’examen de ses qualités propres, loin des fantasmes abstraits d’une égalité supposée absolue entre tous les tempéraments, tous les caractères et toutes les individualités. Nourrissant ici une divergence très marquée avec la philosophie kantienne et la neutralité morale des talents qu’elle avait posée comme principe fondateur de l’égalité des individus, Hegel n’en vient pas pour autant à réhabiliter la conception aristocratique de la Cité chère aux platoniciens. Bien au contraire, il vante les mérites du procédé par lequel l’homme vertueux parvient à s’imposer comme tel auprès de ses pairs, à se faire reconnaître par eux et à les guider : le mérite.
 
Éloge de la liberté individuelle et critique de la liberté formelle
 
Il serait absurde de déceler dans la perspective hégélienne une quelconque tentative de justification des despotismes éclairés tels qu’ils se développèrent au cours du XVIIIème siècle, puisqu’elle célèbre avant tout l’individu libre que fut Périclès, et dénonce les « abstractions » dont se nourrissent les révolutionnaires français. Il convient de noter que, par ce terme péjoratif, Hegel ne critique pas leur tentative de fonder une anthropologie ex nihilo, grâce à une raison autosuffisante dont découleraient, purs et évidents, les principes éthiques régissant la cité – c’est là le reproche principal des contre-révolutionnaires français. Il s’en prend davantage aux libertés attribuées à l’homme, et dont il reproche, avec une justesse relativement visionnaire, le formalisme auquel elles sont condamnées. Car c’est bien là que se situe, selon lui, toute l’ambiguïté de la Révolution : ses grands principes, aussi nobles soient-ils, sont désincarnés, et ne porteront fatalement aucun fruit, lorsqu’ils ne s’avéreront tout simplement pas délétères.
 
Pour le comprendre, il suffit de se rappeler qu’à l’opposé d’Athènes et de Périclès se trouve le modèle lacédémonien, Sparte, Cité idéalisée dans l’imaginaire des révolutionnaires de 1789. Face aux richesses bourgeoises d’Athènes, à son exaltation de la beauté, des arts et du superflu, ainsi qu’à son attachement profond à l’individu, la frugalité spartiate, austère et rigoureuse, séduit bien davantage les figures les plus radicales comme Robespierre. Rien d’étonnant à cela, selon Hegel, qui voit dans ces deux périodes historiques la manifestation de la même tendance égalitaire destructrice. Entre l’égalité forcée des fortunes et des propriétés privées à Sparte et la dérive sanglante de la Terreur, le philosophe ne concède aucune différence : c’est la même « vertu rigide et abstraite » à l’œuvre, qui fait du Comité de Salut Public le nouveau directoire des Éphores, c’est à dire une aristocratie portée par des principes qui, sous couvert d’égalité, attire le peuple vers la médiocrité et noie l’individu dans la masse. Sans liberté individuelle, pas de développement de la subjectivité. Sans la prospérité économique, pas d’accès à ces luxes que représentent les arts, la science ou la pensée universelle. Hegel condamne les Spartiates comme les Jacobins en les accusant de travestir l’enchaînement de l’individu libre en une apparente promesse d’égalité vide de tout sens et intenable, comme le démontreront les événements à venir.
 
Si Périclès trouve grâce aux yeux de Hegel, ce dernier n’appelle en aucun cas à reproduire la tentative athénienne. L’analyse historique ne peut fournir autre chose qu’une éventuelle inspiration, mais ne constitue pas un idéal vers lequel il conviendrait de tendre. De même, s’il identifie les révolutionnaires français aux Spartiates, ce n’est que pour souligner l’essence abstraite et perverse des principes qui les guident, et non pour prophétiser le déclin de l’idée démocratique en France. C’est finalement à cette dernière que sont adressées les principales critiques que formule Hegel dans ses Leçons, ou, plus précisément, à l’ambiguïté de son nom, dont profitent les révolutionnaires pour se dispenser d’avoir à mettre en place l’égalité et la liberté effectives. Il ne s’agit pas de gouverner pour le peuple, ni même de permettre au peuple de gouverner directement – ce sont là des questions d’agencement presque secondaires, et qui, ironiquement, constituent l’horizon absolu de toute la philosophie politique contemporaine. Le projet dont il est question, bien plus vaste et ambitieux, concerne la marche de l’Histoire du monde : il s’agit de permettre à la raison de se réaliser. Et c’est précisément pour éviter que la démocratie, fût-elle bien réelle et permît-elle aux citoyens libres et égaux de déterminer leur avenir, ne se fasse plus nuisible encore en remettant le pouvoir à une masse d’individus ayant troqué leurs singularités et leur liberté contre l’égalitarisme médiocrement uniforme, que Hegel oppose aux révolutionnaires de 1789 la figure vertueuse et libre de Périclès, et avec elle le modèle athénien contre l’ombre égalitaire qui est en train de se lever sur l’Europe.
 

samedi, 06 décembre 2014

De Rijksgedachte versus Jacobijns nationalisme

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De Rijksgedachte versus Jacobijns nationalisme

Ex: http://nsalternatief.wordpress.com

Deze tekst is niet bedoeld om de lezer te overladen met historische gegevens of namen en termen waar men niets mee kan aanvangen. Het is wel de bedoeling te wijzen op een aantal tekortkomingen die liggen in het streven naar een natiestaat voor elk volk. Die tekortkomingen worden in belangrijke mate geformuleerd door personen die de zogenaamde Rijksgedachte genegen zijn. Velen hebben jammergenoeg een broertje dood aan ideologische kwesties, nochtans een uiterst belangrijke zaak indien wij in debat treden met andersdenkenden. Op het eerste zicht lijkt dit onderwerp iets dat niet onmiddellijk bruikbaar is in dagdagelijkse discussies over politiek en maatschappij. De termen “Rijk” en “Rijksgedachte” komen bij velen oubollig of soms zelfs verdacht over. Ten onrechte.

Het Jacobijnse nationalisme is als kind van de Franse revolutie en het Verlichtingsdenken een ideologie die dan ook de meeste gebreken uit dit modernisme heeft overgenomen. Om te beginnen is het zo goed als onmogelijk en zelfs onwenselijk dat elk volk in de wereld z’n eigen staat(je) krijgt. We zouden dan naar een wereld met naar schatting 5000 staatjes evolueren waarvan vele zo goed als onleefbaar zouden zijn. Het is verkeerd te denken dat culturele, sociaal-economische, historische, geopolitieke,… grenzen steeds kunnen samenvallen. Een noodzakelijke voorwaarde is dat we vertrekken vanuit Europees perspectief. Een nationalist in Europa kan het zich zeker in de 21ste eeuw niet langer permitteren enkel met het eigen volk of z’n eigen staat(svorming) bezig te zijn.

De Rijksgedachte komt tegemoet aan een vraag die in Europa al eeuwen gesteld wordt: hoe kunnen we een evenwichtige, niet op dwang gebaseerde orde vestigen die volkeren en culturen van Europa volledig hun identiteitsbeleving waarborgt en hun verlangens en belangen op een stabiele, duurzame wijze federeert? Tegenover een Jacobijnse Europese superstaat en het “Europa van de nationale staten” ontwikkelde zich vooral bij regionalisten en volksnationalisten de visie van het “Europa der volkeren”. In feite zijn deze drie opvattingen nefast voor Europa en haar volkeren! Buiten het feit dat het “Europa der volkeren” vaak neerkomt op een verdediging van volksstaatjes die intern uniformiseren (een gelijkheid nastreven ten nadele van streekeigenschappen zoals dialecten), is het zo dat men bij aanhangers van het “Europa der volkeren” meestal een gebrek aan visie vaststelt over hoe het Europese geheel moet gebundeld worden en kan functioneren. Die bundeling kan in elk geval beter niet op economische grondslagen gefundeerd zijn zoals de huidige EU. Het primaat van het economische is een punt van overeenkomst in de socialistische en liberale ideologie. Europa heeft nood aan een politieke eenmaking, en die is van een hogere orde dan het economische marktgebeuren.

Een “Europa van nationale staten” is in de praktijk een bestendiging van de macht van de nationale staten met hun soms tegenstrijdige belangen waardoor de Europese cultuurgemeenschap nooit een vuist kan maken tegen externe bedreigingen. Het is dan ook in belangrijke mate anti-Europees. Een unitaire Europese superstaat is onwenselijk omdat dit de culturele, historische, sociaal-economische,… verschillen tussen de Europese volkeren volledig negeert en hen fundamentele rechten op hun niveau ontneemt door een overdreven centralisering van de macht. Zowel het “Europa van de 100 vlaggen” enerzijds als het confederale Europa van de nationale staten of één unitaire Europese superstaat anderzijds, zijn in het nadeel van zowel de Europese volkeren, als van een sterk en stabiel Europa. De ideale oplossing ligt ergens tussenin, en kan onmogelijk een beroep doen op de staatsnationalistische erfgenamen van de Jacobijnen.

Daarom is het van belang de Rijksgedachte als uitgangspunt te nemen voor een hedendaags, sterk Europa dat de diversiteit van z’n volkeren garandeert en deze volkeren op de juiste niveaus verenigt. “In dit Europees Rijk moet de eigenheid der volkeren –niet der staten en staatjes- weer tot uiting komen. In dit Rijk zal de “heimatkultuur” weer een voorname plaats moeten krijgen. (…) Het moet samengesteld worden uit levende, volkse, kultuurkringen waarin de volkse eigenheid weer tot volle bloei kan komen. Deze geest moet ook in de Nederlanden terug levend worden.” [1] Binnen een Europees imperium vindt geen uniformisering plaats, niet ieder volk bekomt hetzelfde (zoals in het “Europa der volkeren”) maar wel “elk het zijne”. Een Europees Rijk is niet op te vatten als een territorium maar wel als een orde en een Idee. Het is een open systeem waar volkeren vrijwillig in toetreden. Binnen dit Europees Rijk is het perfect mogelijk dat grenzen, culturen, talen en economische systemen veranderen. Europa is nooit “af” maar verkeert voortdurend in een wordingsproces. Om de betekenis van de Rijksgedachte ten volle te kennen zijn een aantal begrippen noodzakelijk:

1. De organische natie:

Een organische visie op wat een natie is, betekent het aanvaarden dat men als persoon niet buiten een aantal determinismen kan: niemand kan z’n ouders en geboorteplaats kiezen, niemand kan z’n moedertaal en basisopvoeding kiezen. Doordat geen enkele persoon als een geïsoleerd wezen geboren wordt, maakt iedereen vanaf de geboorte deel uit van een welbepaalde gemeenschap. Elke persoon vormt een “orgaan” van het grotere lichaam, de gemeenschap. Dit natiebegrip maakt zoiets als naturalisaties in feite onmogelijk. Tegenover dit organisch natiebegrip kan met het Jacobijnse anorganische natiebegrip plaatsen. Binnen deze visie kan een individu tot een natie gaan behoren als hij/zij voldoet aan een aantal voorwaarden die de staat oplegt en die door politici naar hartelust veranderd kunnen worden. Ook nationalistische partijen zoals N-VA en Vlaams Blok volgen –jammergenoeg- deze Jacobijnse visie: als een vreemdeling zich assimileert (onze taal leert en onze gebruiken, waarden, normen,… aanvaart) kan hij/zij deel uitmaken van de natie. In een organische visie daarentegen kan een neger of een Chinees dan ook geen Vlaming worden. Integenstelling tot het Jacobijnse nationalisme waar enkel de band tussen individu en natie(-staat) in rekenschap wordt genomen, wordt in een organische visie op “natie” ook aan tussenstructuren belang gehecht: regio’s, gemeenschappen, gemeenten en wijken. De samenleving wordt aanzien als opgebouwd uit concentrische cirkels rond een persoon.

In een organische opvatting is het dan ook evident dat de volkeren, regio’s en Rijksdelen samenwerken en elkaar aanvullen waar mogelijk. Ze zijn niet enkel een culturele, etnische familie. Doordat culturele, economische, geopolitieke,… grenzen niet kunnen samenvallen en er grensoverschrijdende realiteiten bestaan, is het noodzakelijk dat lokale gemeenschappen en structuren zelf samenwerkingsverbanden kunnen aangaan met elkaar, bijvoorbeeld via verdragen. Een goed voorbeeld daarvan is wat wij in ons land kennen als intercommunales (los van het financieel profitariaat dat er voor vele politici mee samengaat). Enkel wanneer het afsluiten van dergelijke samenwerkingsverbanden (tussen “de organen”) risico’s inhoudt voor het groter Rijksgeheel (“het lichaam”), moet een centrale leiding een dergelijke mogelijkheid tot ontwrichting onmogelijk maken.

2. Federalisme:

Federalisme kan hét “organisatiesysteem” bij uitstek zijn voor een Europees imperium. Dit federalisme dient per definitie organisch en asymmetrisch te zijn. Dit betekent dat de relaties tussen de deelstaten onderling en tussen hen en het Rijk niet allemaal gelijk zijn. Deze ongelijkheid impliceert geen discriminatie maar wel het ten volle respecteren en uitdragen van de culturele en historische eigenheden van een regio. Het statuut van deelstaten kan onderling erg verschillend zijn. Er is dus minder bestuurlijke eenvoud maar in het Rijksdenken krijgen cultureel-etnische factoren voorrang op bestuurstechnische. Het federalisme dat men vandaag in de meeste zichzelf federaal noemende staten terugvindt is vals. Dit geldt zeker voor de belgische staat, waar het federalisme enkel dient om deze staat langer in leven te houden. Het feit dat belgië geen asymmetrische regeringen verdraagt (noemenswaardig verschillende coalities op federaal en deelstatelijk niveau) zegt voldoende.

3. Subsidiariteitsbeginsel:

Dit beginsel heeft z’n wortels in de katholieke maatschappijvisie en moet een antwoord geven op de vraag waar het best een beslissingsbevoegdheid ligt in een hiërarchie. Kern van het subsidiariteitsprincipe is dat het beleid en de beslissingen geen vorm mogen krijgen op een hoger niveau (verder van de bevolking verwijderd) dan strikt noodzakelijk. Er wordt vanuit gegaan dat de beslissingen genomen worden door hen die er direct belang bij hebben en er het meest de gevolgen van ondergaan. In tegenstelling tot het Jacobijnse denken over de natiestaat, wordt in het Rijksdenken geen enkel niveau als absoluut gesteld. Ieder bestuursorgaan heeft een aanvullende taak volgens een welbepaalde hiërarchie van basis naar top. Dat de huidige EU-bureaucratie zich ondermeer bezighoudt met pakweg het gewenste gewicht van een koekjesdoos, stemt tot nadenken over haar bevoegdheden en het verwaarlozen van het subsidiariteitsbeginsel.

De Rijksgedachte is in feite de verderzetting van de Romeinse imperiale traditie waar Julius Evola reeds op wees. Een Rijks-Europa mag onder geen beding zich afkeren van macht en het willen verwerven ervan. “Als Europa geen macht wil zijn zal het de macht van een buiten-Europese staat ondergaan – de macht van de VSA” zo stelde Luc Pauwels het.[2] Er moet evenwel op gewezen worden dat het verdedigen van de vorming van een Europees imperium geenszins een pleidooi betekent voor Europees imperialisme, het is wel imperiaal. Dit betekent dat Europa intern stabiliteit en harmonie moet nastreven, maar extern niet aan machtsuitbreiding kan gaan doen in de zin van agressiepolitiek of veroveringsdrang.

Conclusie: De Rijksgedachte biedt een uitweg voor een sterk eengemaakt Europa zonder dat de culturele verscheidenheid binnen Europa verloren dreigt te gaan. Het biedt een antwoord op de kwestie van het Amerikaans cultuurimperialisme en het vasthouden aan belangen van Jacobijnse nationale staten die Europa niet verder willen zien gaan dan een intergouvernementele confederatie. De Rijksgedachte ligt in het verlengde van onze nieuw-solidaristische en nationaal-conservatieve visie. Door toepassing van de verscheidene beginsels die de Rijksgedachte schragen, kunnen Jacobijnse nationale staten meer en meer uitgehold worden. Rijksdenken komt tegemoet aan etnisch nationalisme dat identiteitsbescherming vooropstelt. Het botst met burgerlijk nationalisme dat gebaseerd is op waarden van 1789. Het is juist dat de Rijksgedachte op zich voorlopig weinig bruikbaar is in dagdagelijke politiek. De visie en begrippen die er de grondslag van vormen zijn echter zeer zeker bruikbaar.

Fritz

Bronnen:

De Herte R., Oui à l’Europe fédérale. In : Eléments, nr.96, nov. 1999, p.3
De Hoon F., Christoph Steding, de Rijksgedachte en de Nederlanden. In: TeKoS, nr. 47, 1987, pp.39-48
Pauwels, L., Maastricht: ja toch. Over de lange weg van de liberale E.E.G. naar de Europese Rijksgedachte. In: TeKoS,
Steuckers, R., Définir la subsidiarité. In : Nouvelles des Synergies Européennes, nr.17, jan. 1996, pp.19-21
De Hoon F., Christoph Steding, de Rijksgedachte en de Nederlanden. In: TeKoS, nr. 47, 1987, p.44
Pauwels, L., Maastricht: ja toch. Over de lange weg van de liberale E.E.G. naar de Europese Rijksgedachte. In: TeKoS

The Straussian Assault on America’s European Heritage

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The Straussian Assault on America’s European Heritage

By Ricardo Duchesne

Ex: http://www.counter-current.com

Grant Havers
Leo Strauss and Anglo-American Democracy: A Conservative Critique [2]
Northern Illinois University Press, 2013

Havers-200x300.jpgAmain pillar sustaining the practice of mass immigration is that Western nations are inherently characterized by a “civic” form of national membership. Western nations express the “natural” wishes of “man as man” for equal rights, rule of law, freedom of expression, and private property. Mainstream leftists and conservatives alike insist on the historical genuineness of this civic definition. This civic identity, they tell us, is what identifies the nations of Western civilization as unique and universal all at once. Unique because they are the only nations in which the idea of citizenship has been radically separated from any ethnic and religious background; and universal because these civic values are self-evident truths all humans want whenever they are given the opportunity to choose.

To include the criteria of ethnicity or religious ancestry in the concept of Western citizenship is manifestly illiberal. Even more, it is now taken for granted that if Western nations are to live up to their idea of civic citizenship they must relinquish any sense of European peoplehood and Christian ancestry. Welcoming immigrants from multiples ethnic and religious backgrounds is currently seen as a truer expression of the inherent character of Western nationality than remaining attached to any notion of European ethnicity and Christian historicity.

The reality that the liberal constitutions of Western nations were conceived and understood in ethnic and Christian terms (if only implicitly since the builders and founders of European nations never envisioned an age of mass migrations) has been conveniently overlooked by our mainstream elites. These elites are willfully downplaying the fact that the liberal nation states of Europe emerged within ethnolinguistic boundaries and majority identities. Those states possessing a high degree of ethnic homogeneity, where ancestors had lived for generations—England, France, Italy, Belgium, Holland, Sweden, Norway, Finland, and Denmark—were the ones with the strongest liberal traits, constitutions, and institutions. Those states (or empires like the Austro-Hungarian Empire) composed of multiple ethnic groups were the ones enraptured by illiberal forms of ethnic nationalism and intense rivalries over identities and political boundaries. In other words, the historical record shows that a high degree of ethnic homogeneity tends to produce liberal values, whereas countries or areas with a high number of diverse ethnic groups have tended to generate ethnic tensions, conflict, and illiberal institutions. As Jerry Muller has argued in “Us and Them” (Foreign Affairs: March/April 2008), “Liberal democracy and ethnic homogeneity are not only compatible; they can be complementary.”

Mainstream leftists and conservatives have differed in the way they have gone about redefining the historical roots of Western nationalism and abolishing the ethnic identities of Western nations. Eric Hobsbawm, the highly regarded apologist of the Great Terror [3] in the Soviet Union, persuaded most of the academic world, in his book, Nations and Nationalism since 1780: Programme, Myth, Reality [4] (1989), that the nation states of Europe were not created by a people sharing a common historical memory, a sense of territorial belonging and habitation, similar dialects, and physical appearances; no, the nation-states of Europe were “socially constructed” entities, “invented traditions,” “imagined” by people perceiving themselves as part of a “mythological” group in an unknown past. Hobsbawm deliberately sought to discredit any sense of ethnic identity among Europeans by depicting their nation building practices as modern fairy-tales administered by capitalists and bureaucrats from above on a miscellaneous pre-modern population.

Leftists however have not been the only ones pushing for a purely civic interpretation of Western nationhood; mainstream conservatives, too, have been trying to root out Christianity and ethnicity from the historical experiences and founding principles of European nations. Their discursive strategy has not been one of dishonoring the past but of projecting backwards into European history a universal notion of Western citizenship that includes the human race. The most prominent school in the formulation of this view has come out of the writings of Leo Strauss. This is the way I read Grant Havers’s Leo Strauss and Anglo-American Democracy: A Conservative Critique (2013). In this heavily researched and always clear book, Havers goes about arguing in a calm but very effective way that Strauss was not the traditional conservative leftists have made him out to be; he was a firm believer in the principles of liberal equality and a unswerving opponent of any form of Western citizenship anchored in Christianity and ethnic identity.

9782253111177-T.jpgStrauss’s vehement opposition to communism coupled with his enthusiastic defense of American democracy, as it stood in the 1950s, created the erroneous impression that he was a “right wing conservative.” But, as Havers explains, Strauss was no less critical of “right wing extremists” (who valued forms of citizenship tied to the nationalist customs and historical memories of a particular people) than of the New Left. Strauss believed that America was a universal nation in being founded on principles that reflected the “natural” disposition of all humans for life, liberty, and happiness. These principles were discovered first by the ancient Greeks in a philosophical and rational manner, but they were not particular to the Greeks; rather, they were “eternal truths” apprehended by Greek philosophers in their writings against tyrannical regimes. While these principles were accessible to all humans as humans, only a few great philosophers and statesmen exhibited the intellectual and personal fortitude to fully grasp and actualize these principles. Nevertheless, most humans possessed enough mental equipment as reasoning beings to recognize these principles as “rights” intrinsic to their nature, so long as they were given the chance to deliberate on “the good” life.

Havers’s “conservative critique” of Strauss consists essentially in emphasizing the uniquely Western and Christian origins of the foundational principles of Anglo-American democracy. While Havers’s traditional conservatism includes admiration for such classical liberal principles as the rule of law, constitutional government, and separation of church and state, his argument is that these liberal principles are rooted primarily in Christianity, particularly its ideal of charity. He takes for granted the reader’s familiarity with this ideal, which is unfortunate, since it is not well understood, but is generally taken to mean that Christianity encourages charitable activities, relief of poverty, and advancement of education. Havers has something more profound in mind. Christian charity from a political perspective is a state of being wherein one seeks a sympathetic understanding of ideas and beliefs that are different to one’s own. Charitable Christians seek to understand other viewpoints and are willing to engage alternative ideas and political proposals rather than oppose them without open dialogue. Havers argues that the principles of natural rights embodied in America’s founding cannot be separated from this charitable disposition; not only were the founders of America, the men who wrote the Federalist Papers, quite definite in voicing the view that they were acting as Christian believers in formulating America’s founding, they were also very critical of Greek slavery, militarism, and aristocratic license against the will of the people.

Throughout the book Havers debates the rather ahistorical way Strauss and his followers have gone about “downplaying or ignoring the role of Christianity in shaping the Anglo-American tradition” – when the historical record copiously shows that Christianity played a central role nurturing the ideals of individualism and tolerance, abolition of slavery and respect for the dignity of all humans. Havers debates and refutes the similarly perplexing ways in which Straussians have gone about highlighting the role of Greek philosophy in shaping the Anglo-American tradition – when the historical record amply shows that Greek philosophers were opponents of the natural equality of humans, defenders of slavery, proponents of a tragic view of history, the inevitability of war, and the rule of the mighty.

9782743612375.jpgHavers also challenges the Straussian elevation of such figures as Lincoln, Churchill, Roosevelt, Hobbes, and Locke as proponents of an Anglo-American tradition founded on “timeless” Greek ideas. He shows that Christianity was the prevailing influence in the intellectual development and actions of all these men. Havers imparts on the readers a sense of disbelief as to how the Straussians ever managed to exert so much influence on American conservatism (to the point of transforming its original emphasis on traditions and communities into a call for the spread of universal values across the world), despite proposing views that were so blissfully indifferent to “readily available facts.”

Basically, the Straussians were not worried about historical veracity as much as they were determined to argue that Western civilization (which they identified with the Anglo-American tradition) was philosophically conceived from its beginnings as a universal civilization. In this effort, Strauss and his followers genuinely believed that American liberalism had fallen prey to the “yoke” of German historicism and relativism, infusing the American principles of natural rights with the notion that these were merely valid for a particular people rather than based on Human Reason. German historicism – the idea that each culture exhibits a particular world view and that there is no such thing as a rational faculty standing above history – led to the belittlement of the principles of natural rights by limiting them a particular time and place. Worse than this — and the modern philosophers, Hobbes and Locke, were to be blamed as well — the principles of natural rights came to be separated from the ancient Greek idea that we can rank ways of life according to their degree of excellence and elevation of the human soul. The modern philosophy of natural right merely afforded individuals the right to choose their own lifestyle without any guidance as to what is “the good life.”

Strauss believed that this relativist liberalism would not be able to withstand challenges from other philosophical outlooks and illiberal ways of life, from Communism and Fascism, for example, unless it was rationally grounded on eternal principles. He thought the ancient Greeks had understood better than anyone else that some truths are deeply grounded in the actual nature of men, not relative to a particular time and culture, but essential to what is best for “man as man.” These truths were summoned up in the modern philosophy of natural rights, though in a flawed manner. The moderns tended to appeal to the lower instincts of humans, to a society that would merely ensure security and the pursuit of pleasure, in defending their ideals of liberty and happiness. But with a proper reading of the ancient texts, and a curriculum based on the “Great Books,” the soul of contemporaneous students could be elevated above a life of trivial pursuits.

This emphasis on absolute, universal, and “natural” standards attracted a number of prominent Christians to Strauss. The Canadian George Grant (1918-1988), for one, was drawn to the potential uses Strauss’s emphasis on eternal values might have to fight off the erosion of Christian conviction in the ever more secular, liberal, and consumerist Canada of his day. Grant, Havers explains, did not quite realize that Strauss was neither a conservative nor a Christian but a staunch proponent of a philosophically based liberalism bereft of any Christian identity. Grant relished the British and Protestant roots of the Anglo-American tradition, though there were certain affinities between him and Strauss; Grant was a firm believer in the superiority of Anglo-Saxon civilization and its rightful responsibility in bringing humanity to a higher cultural level. The difference is that Grant affirmed the religious and ethnic particularities of Anglo-Saxon civilization, whereas Strauss, though a Zionist who believed in a Jewish nation state, sought to portray Anglo-American civilization in a philosophical language cleansed of any Christian particularities and European ethnicity.

Strauss wanted a revised interpretation of Anglo-American citizenship standing above tribal identities and historical particularities. Strauss’s objective was to provide Anglo-American government with a political philosophy that would stand as a bulwark against “intolerable” challenges from the left and the right, which endangered liberalism itself. The West had to affirm the universal truthfulness of its way of life and be guarded against the tolerance of forms of expression that threaten this way of life. Havers observes that Strauss was particularly worried about the inability of liberal regimes, as was the case with the Weimar republic, to face up to illiberal challenges. He wanted a liberal order that would ensure the survival of the Jews, and the best assurance for this was a liberal order that spoke in a neutral and purely philosophical idiom without giving any preference to any religious faith and any historical and ethnic ancestries. He wanted a liberalism that would work to undermine any ancestral or traditionally conservative norms that gave preference to a particular people in the heritage of America’s founding, and thereby may discriminate against Jews. Only in a strictly universal civilization would the Jews feel safe while retaining their identity.

Havers brings up another old conservative, Willmore Kendall (1909-68), who was drawn to Straussian thought even though substantial aspects of his thought were incompatible with Strauss’s. Among these differences was the “majoritarian populism” of Kendall versus the aristocratic elitism of Strauss. The aristocrats Strauss had in mind were philosophers and statesmen who understood the eternal values of the West whereas the majoritarian people Kendall had in mind were Americans who were conservative by tradition and deeply attached to their ancestral roots in America, rather than believers in universal rights concocted by philosophers. While Kendall was drawn to Strauss’s scepticism over unlimited speech, what he feared was not the ways in which particular ethnic/religious groups might use free speech to protect their ancestral rights and thereby violate – from Strauss’s perspective – the universality of liberalism, but “the opposite of what Strauss fear[ed]”: that an open society unmindful of its actual historical roots, allowing unlimited questioning of its ancestral identities, against the natural wishes of the majority for their roots and traditions, would eventually destroy the Anglo-American tradition.

Havers brings up as well Kendall’s call for a restricted immigration policy consistent with majoritarian wishes. While Havers is primarily concerned with the Christian roots of Anglo-American democracy, he identifies this view by Kendall with conservatism proper. The Straussian view that America is an exceptional nation by virtue of being founded on the basis of philosophical propositions, which somehow have elevated this nation to be a model to the world, is, in Havers view, closer to the leftist dismissal of religious identities and traditions than it is to any true conservatism. Conservatives, or Paleo-Conservatives, believe that human identities are not mere private choices arbitrarily decided by abstract individuals in complete disregard of history and the natural dispositions of humans for social groupings with similar ethnic and religious identities.

These differences between the Straussians and old conservatives are all the more peculiar since, as Havers notes, Strauss was very mindful of the particular identities of Jewish people, criticizing those who called for a liberalized form of Jewish identity based on values alone. Jews, Strauss insisted, must maintain fidelity to their own nationality rather than to a “liberal theology,” otherwise they would end up destroying their particular historical identity.

Leo-Strauss-De-la-tyrannie.jpgNow, Straussians could well respond that the Anglo-American identity is different, consciously dedicated to universal values, but, as Havers carefully shows, this emphasis on the philosophy of natural rights cannot be properly understood outside the religious ancestry of the founders, and (although Havers is less emphatic about this) outside the customs, institutions and ethnicity of the founders. As the Australian Frank Salter has written:

The United States began as an implicit ethnic state, whose Protestant European identity was taken for granted. As a result, the founding fathers made few remarks about ethnicity, but John Jay famously stated in 1787 that America was ‘one united people, a people descended from the same ancestors,’ a prominent statement in one of the republic’s founding philosophical documents that attracted no disagreement (230) [5].

This idea that Western nations are all propositional nations is not restricted to the United States, but has been applied to the settler nations of Canada and Australia, and the entire continent of Europe, under the supposition that, with the Enlightenment, the nations of Europe came to be redefined by such “universal” values as individual rights, separation of church and state, democracy. As a result, mainstream liberals and conservatives today regularly insist that Europe is inherently a “community of values,” not of ethnicity or religion, but of values that belong to humanity. Accordingly, the reasoning goes, if Europe is to be committed to these values it must embrace immigration as part of its identity. Multiculturalism is simply a means of facilitating the participation of immigrants into this universal culture, making them feel accepted by recognizing their particular traditions, while they are gradually nudge to think in a universal way. But, as Salter points out,

This is hardly a complete reading of Enlightenment ideas, which include the birth of modern nationalism, the democratic privileging of majority ethnicity, and the linking of minority emancipation to assimilation. The Enlightenment also celebrates empirical science including biology, which culminated in man’s fuller understanding of himself as part of nature (213).

Liberals in the 19th century were fervent supporters of nationalism and the essential importance of being part of a community with shared traditions and common ancestry. Eric Hobsbawm’s claim that Europeans nations were “ideological constructs” created without a substantial grounding in immemorial lands, folkways, and ethnos, should be contrasted to the ideas of such liberal nationalists as Camillo di Cavour (1810–1861), Max Weber [6] (1864–1920), and even John Stuart Mill (1806–1873). While these liberals emphasized a form of nationalism compatible with classical liberal values, they were firm supporters of national identities at a time when a “non-xenophobic nationalism” was meant to acknowledge the presence of what were essentially European ethnic minorities within European nations. None of these liberals ever envisioned the nations of Europe as mere places identified by liberal values belonging to everyone else and obligated to become “welcome” mats for the peoples of the world.

Moreover, Enlightenment thinkers were the progenitors of a science of ethnic differences [7], which has since been producing ever more empirical knowledge, and has today convincingly shown that ethnicity is not merely a social construct but also a biological substrate. As Edward O. Wilson, Pierre van den Berghe, and Salter have written, shared ethnicity is an expression of extended kinship at the genetic level; members of an ethnic group are biologically related in the same way that members of a family are related even though the genetic connection is not as strongly marked. Numerous papers – which I will reference below with links — are now coming out supporting the view that humans are ethnocentric and that such altruistic dispositions as sharing, loyalty, caring, and even motherly love, are exhibited primarily and intensively within in-groups rather than toward a universal “we” in disregard for one’s community. Strauss’s concern for the identity of Jews is consistent with this science.

The Straussian language about “natural rights” belonging to “man as man” is mostly gibberish devoid of any historical veracity and scientific support. Hegel long refuted the argument that humans were born with natural rights which they never enjoyed until a few philosophers discovered them and then went on to create ex nihilo Western civilization. Man “in his immediate and natural way of existence” was never the possessor of natural rights. The natural rights the founders spoke about, which were also in varying ways announced in the creation of the nations of Canada and Australia, and prescribed in the modern constitutions of European nations, were acquired and won only through a long historical movement, the origins of which may be traced back to ancient Greece, but which also included, as Havers insists, the history of Christianity and, I would add, the legal history of Rome, the Catholic Middle Ages [8], the Renaissance, Protestant Reformation, the Enlightenment, and the Bourgeois Revolutions.

The Straussians believe that the way to overcome the tendency of liberal societies to relativism or the celebration of pluralistic conceptions of life without any sense of ranking the lifestyle of citizens is to impart reverence and patriotic attachment for the Anglo-American tradition by emphasizing not the heterogeneous identity of this tradition but its foundation in the ancient philosophical commitment to “the good” and the “perfection of humanity.” But this effort to instill national commitment by teaching citizens about the classics of ancient Greece and the great statesmen of liberal freedom is doomed to failure and has been a failure. The problem of nihilism is nonexistent in societies with a strong sense of reverence for traditional practices, authoritative patriarchal figures, and a sense of peoplehood and homeland. The way out of the crisis of Western nihilism is to re-nationalize liberalism, throw away the cultural Marxist notion that freedom means liberation from all identities not chosen by the individual, and accentuate the historical and natural-ethnic basis of European identity.

Recent scientific papers on ethnocentrism and human nature:

Oxytocin promotes human ethnocentrism [9]

Perhaps goodwill is unlimited but oxytocin-induced goodwill is not [10]

Oxytocin Increases Generosity in Humans [11]

Oxytocin promotes group-serving dishonesty [12]

We Take Care of Our Own [13]

Source: http://www.eurocanadian.ca/2014/06/the-straussian-assault-on-americas.html [14]

 

 


 

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

 

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/12/the-straussian-assault-on-americas-european-heritage/

 

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/12/Havers.jpg

[2] Leo Strauss and Anglo-American Democracy: A Conservative Critique: http://www.amazon.com/gp/product/0875804780/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0875804780&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=ZWUAQYNFHAR6IFWN

[3] apologist of the Great Terror: http://blogs.spectator.co.uk/coffeehouse/2013/03/eric-hobsbawm-keeping-the-red-faith/

[4] Nations and Nationalism since 1780: Programme, Myth, Reality: http://www.amazon.com/gp/product/1107604621/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=1107604621&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=SGA5FVCJO5LHXAKN

[5] (230): http://www.amazon.com/On-Genetic-Interests-Ethnicity-Migration/dp/1412805961

[6] Max Weber: http://www.jstor.org/discover/10.2307/3654673?uid=3739448&uid=2&uid=3737720&uid=4&sid=21104391042883

[7] science of ethnic differences: http://www.amazon.com/Cambridge-History-Eighteenth-Century-Philosophy-Haakonssen/dp/0521418542

[8] Catholic Middle Ages: http://www.amazon.com/Catholic-Church-Built-Western-Civilization/dp/1596983280

[9] Oxytocin promotes human ethnocentrism: http://www.pnas.org/content/108/4/1262.abstract?ijkey=b9ad2efdf008b041812724e617989f6f23ccae23&keytype2=tf_ipsecsha

[10] Perhaps goodwill is unlimited but oxytocin-induced goodwill is not: http://www.pnas.org/content/108/13/E46.full

[11] Oxytocin Increases Generosity in Humans: http://www.plosone.org/article/info:doi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0001128

[12] Oxytocin promotes group-serving dishonesty: http://www.pnas.org/content/111/15/5503.abstract

[13] We Take Care of Our Own: http://pss.sagepub.com/content/early/2014/05/06/0956797614531439.abstract

[14] http://www.eurocanadian.ca/2014/06/the-straussian-assault-on-americas.html: http://www.eurocanadian.ca/2014/06/the-straussian-assault-on-americas.html

 

vendredi, 05 décembre 2014

Dr. Sunic: Voor een andere politieke cultuur

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Voor een andere politieke cultuur

Dr. Sunic werd geboren in Zagreb (Kroatië). Hij studeerde in 1978 af aan de universiteit Zagreb als germanist en romanist. Van 1980 tot 1982 werkte hij in Algerije als tolk voor de Kroatische bouwfirma Ingra. Hij emigreerde naar de Verenigde Staten, waar hij eerst een masterdiploma behaalde aan de California State University (Sacramento). Daarna volgde een doctoraat in politieke wetenschappen aan de University of California, Santa Barbara.

Tijdens zijn studies in Amerika lobbyde hij actief voor Kroatische politieke gevangenen in communistisch Joegoslavië. Daarnaast schreef hij voor enkele buitenlandse Kroatische tijdschriften: het in Londen gevestigde Nova Hrvatska en in het Madrileense literaire tijschrift Hrvatska Revija. Van 1988 tot 1993 doceerde hij aan de California State University, de University of California en Juniata college in Pennsylvania. Tussen ’93 en 2001 was hij namens de Kroatische overheid actief op verschillende diplomatieke posten in Zagreb, Londen, Kopenhagen en Brussel.

Momenteel leeft hij met zijn gezin in Zagreb waar hij blijft werken als freelanceschrijver onder andere over communistisch totalitarisme en politieke semiologie (voor tijdschriften zoals Catholica, Chronicles, Elements…).

Nieuw Rechts. Voor een andere politieke cultuur

€18,00

Auteur: Tomislav Sunic
Uitgeverij: iD
Aantal pagina’s: 222
Verzending: 4 euro

OPGELET: Beschikbaar vanaf 1/12/2014

Om te bestellen:

http://pallieterke.net/product/nieuw-rechts-voor-een-andere-politieke-cultuur/

The Historical Necessity of a New Russian Grossraum

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The Historical Necessity of a New Russian Grossraum

by Nikolai von Kreitor

Ex: http://www.amerika.org

The most fundamental principle in geopolitics is the principle of Grossraum (=Great Area) formulated by the prominent German jurist Carl Schmitt in his book Völkerrechtlishe Grossraumordnung mit Interventionsverbot für Raumfremde Mächte (1) and seen by him as a foundation for the science of international law and international relations.

A Grossraum is an area dominated by a power representing a distinct political idea. This idea was always formulated with a specific opponent in mind; in essence ,the distinction between friend and enemy would be determined by this particular political idea. As an example Carl Schmitt cited the American Monroe Doctrine and its concept of non-intervention by foreign powers in the American Raum. “This is the core of the original Monroe Doctrine, a genuine Grossraum principle, namely the union of politically awakened people, a political idea and, on the basis of this idea, a politically dominant Grossraum excluding foreign intervention.”

Carl Schmitt’s knowledge and sense of history were equaled by his ability to define core issues. That ability enabled Schmitt to quickly grasp the essence of national foreign policy , articulate it in his book, relate the idea and implementation of the American Monroe Doctrine to the concept of Grossraum , subject Grossraum to analysis, incorporate it into the framework of international law and contrapose American Grossraum to a new German Grossraum, opposed to and competing with the American. By subjecting Grossraum to scholarly investigation and by placing it in the context of global politics, Schmitt had hoped to enlarge the horizon of learning and to update the state-centered system of international law to include relations between Grossräume (Different Great Areas).(2)

In so doing he subjected the political theology of American expansionism, the American state-policy and objectives of world domination formulated and codified in the Monroe Doctrine and its various extension, to a demystifying and critical analysis showing that the essence of Wilsonian universalism before, during and after the World War II was in fact an insidious ideology to equate American national interest, American expansionism and the principles of the Monroe Doctrine with the interest of mankind(3). Discussing emerging political realities , Schmitt noted that Germany needed to formulate her own Grossraum and to conceptualize the nature of international law as a relationship between different Grossräume, rejecting thereby the universalistic claims of the United States.

The center of Carl Schmitt’s discussion was the geopolitical and the ideological substance of the Monroe Doctrine, especially the series of ideas articulated prior to Theodore Roosevelt’s reinterpretation of it justifying a “capitalist imperialism”(4) and Woodrow Wilson’s reinterpretation that sough to justify a “kind of pan-interventionist world ideology”(5) , i.e. to justify the principles of the Monroe Doctrine and the new international law it created in the Western Hemisphere to principles valid for the whole world. The substance of the new American international law, created by the Monroe Doctrine, was in fact an absence of international law, understood traditionally as law of nations created by mutual consent of those nations, in the Western Hemisphere, since the Monroe Doctrine postulated that the only source of the new international law was the will of the United States. According to Schmitt the Monroe Doctrine, historically seen, was the vehicle of American subjugation of the Latin American countries and transformation of those countries into virtual American protectorates.

President Woodrow Wilson’s objectives at the end of the W.W. I to elevate the principles of the Monroe Doctrine to universally valid principles for the whole world was in fact America’s first bid for world domination. On April 12, 1919, at the Paris Peace Conference , President Wilson assured the delegates that the Monroe Doctrine was “the real forerunner of the League of Nations” and asked rhetorically ,”Indeed are we not assembled here to consecrate and extend the horizon of this document as a perpetual charter for all the world.”(6)

The Monroe Doctrine, that nineteenth-century formulation of American foreign policy, has according to Schmitt a profound relevance for the Germany of his day. Though Schmitt recognized that the realities of power politics in the Western Hemisphere of the nineteenth century were different from those on the European continent of the twentieth century , he realized that the Monroe Doctrine had extended the parameters of international relations. As far as Schmitt was concerned, the Monroe Doctrine was “the first and until now the most successful example of a Grossraum principle”(7) that had over a period of time acquired validity, for it was referred to in every important text and dictionary of international law and was defended by the United States as “an expression of the inalienable right to self-defense”(8) Calling the Monroe Doctrine, i.e. the American expansionism, a “right to self-defense”, clearly showed the substance of American political theology-the ideological justification of U.S. imperialism as well as the equation in the ideology of expansionism with self-defense: an important ideological component that will became a center-peace of American mystification of U.S. expansionism.

Carl Schmitt points out that at the end of the W.W. I, at the Paris Peace-conference which resulted in the Treaty of Versailles and the creation of the League of Nations , United States succeeded to include the Monroe Doctrine in the Article 21 of the League’s Covenant. Inclusion of the Monroe Doctrine in the Article 21 in the League of Nation’s Covenant, which reads “Nothing in this Covenant shall be deemed to affect the validity of international engagements, such as treaties of arbitration or regional understandings like the Monroe Doctrine, for securing the maintenance of peace.” symbolized for Carl Schmitt Europe’s defeat by the United States and the end of the old Jus Publicum European, which had been the foundation for all preexisting international relations. For one thing , the League of Nations, purportedly an universal international organization and predecessor of the United Nations, was excluded from asserting any jurisdictional claims in the American Grossraum, i.e. the Western Hemisphere. Western Hemisphere was excluded from the purview of the League. Thus the United States asserted the pre-eminence of its will and the ordering principles of her Grossraum, i.e. her unrestricted hegemony in the Western Hemisphere, over the League of Nations.

Schmitt emphasizes that before Grossraum could be anchored in international law it had to be legitimized by a political idea. The geopolitical and ideological conviction behind the original Monroe Doctrine, proclaimed in 1823 – the belief that the Americas had to be defended from the “status quo powers of legitimacy”(9) , the Holly Alliance, the European Con-cert formed after the defeat of Napoleon – justified its proclamation and gave it credibility. President James Monroe announced the doctrine in response to rumored intervention in America of the Holy Alliance. The United States justified its policy on the basis of its inalienable right of self-defense , a principle on which international law is found. Hence the declaration warning the members of the Holy Alliance that the United States “would consider any attempt on their part to extend their system to any portion of this hemisphere as dangerous to our peace and safety” and that the U.S. government would “view any interposition for the purpose of oppressing them, or controlling in any other manner their destiny, by any European power in no other light than as manifestation of an unfriendly disposition toward the United States”. As a corollary of the principle of nonintervention, Monroe declared that the United States was committing itself to a policy of non-intervention “in the internal concerns of any European powers.”(10)

Carl Schmitt notes that the Monroe Doctrine , originally proclaimed as a vehicle of defense against interventionism and European colonialism, transformed itself into it’s opposite, becoming the main legal and ideological instrument of American interventionism, expansionism, economic imperialism and colonization of the Western Hemisphere.(11) The language of the Monroe Doctrine lended itself to a political-semantic corruption of the English language: American interventionist policies were still presented as defense, American colonialism was heralded as establishment of democracy, installation of puppet regimes in Latin-America serving their American masters was called a preservation of civilized forms of government, the many repeated American military interventions to keep the puppet regimes in power and to expand American economic penetration – a peace-keeping operations and, quite consistent with what George Orwell would latter call a New Talk, the enslavement of Latin-American countries, their transformation into protectorates was heralded as enlargement of the frontiers of freedom.

The interventionist substance of the Monroe Doctrine was clearly emphasized in 1904, in the so called Roosevelt Corollary pronounced by President Theodore Roosevelt shortly after the Hague Peace Conference the same year. Roosevelt proposed to make an exception to general international law in favor of the Western Hemisphere and this exception were to be made by ” a unilateral American pronouncement , not through a universally agreed amendment to international law.”(12) Roosevelt explicitly rejected the notion that the new international law in the Western Hemisphere could be created through multilateral, inter-American action, instead, Roosevelt asserted, its creation was only through unilateral action by the United States, i.e. the source of the new international law was solely the will of the United States.

“Instead of abolishing intervention in the Western Hemisphere, Roosevelt explicitly sanctioned this practice and claimed for the United States a monopoly of the right to engage in it… Finally the Roosevelt corollary applied to American intervention of all kind and for whatever purpose.”(13) The new international law in the Western Hemisphere, as formulated by Theodore Roosevelt, was in fact an absence of international law, or, to put it in another way, the foreign expansionist policy of the United States was elevated into a quasi international law. Thus the Roosevelt corollary defined the principle of organization and control of geopolitical space under American domination. That principle of domination suspended the operation of general norms of international law and elevated the imperialist will of the United States into the sole normative source. Or, as Secretary of State Olney had earlier expressed it: “United States is the sole sovereign in the Western Hemi-sphere and its will is a fiat.” Carl Schmitt also emphasized the territorial criterion of the Monroe Doctrine for the international law. He noted that the doctrine introduced territorial lines of delineation and demarcation into the body of international law, infused the international law with the concept and substance of geopolitics.

THE CONCEPT OF GERMAN GROSSRAUM

Based on the perception that the Monroe Doctrine provided the precedent for justification for both German and Japanese Grossraum, Schmitt observed that the traditional Eurocentric order underlying international law- relations between and among sovereign states- had been superseded by relations between and among sovereign Grossräume(14) As far as Germany was concerned , her Grossraum consisted, according to Schmitt’s view during the 30-ties, predominantly of Central and Eastern Europe. Though Schmitt failed to define the precise territorial dimensions of Germany’s Grossraum, he cited the Monroe Doctrine as the basis for maintaining that Grossraum in not something abstract and diffuse but contains “recognizable territorial limits”(15).

According to the Monroe Doctrine, Schmitt argued, the leading or hegemonial power is the one that determines the governing political idea for its realm. United States asserted the political idea that it had the hegemonial right to exclude from the Western Hemisphere any foreign power, or any foreign influence. After the end of the Word War I United States also asserted that the newly formed international organization , the League of Nations , was also excluded from asserting any jurisdiction in the Western Hemisphere. Schmitt emphasized that the new German Grossraum , seen by him as analogous to the American Grossraum, should also exclude any foreign interference, and above all American influence, and argued for the proclamation of a Ger-man Monroe Doctrine. Schmitt rejected the false universalist claims of the United States and noted that as a matter of principle non-interference by European states in the affairs of the American continent cannot be justified unless the United States likewise refrains from interference in the affairs of the European continent. In Carl Schmitt’s view geopolitics and international law have been joined in the Germanic Monroe Doctrine underlying the German Grossraum.

Carl Schmitt defined also the concept of a national Grossraum principle by extending his analysis to encompass the Reich . Though “the concept of Grossraum belongs to the concept of Reich (Empire, Realm) , the two are not identical because “not every state or every people within the German Grossraum is part of the Reich”. A Reich, according to Schmitt, “is the leading and sustaining power whose political idea radiates over a specific Grossraum”. And the code that governs relations between Grossräume is that of nonintervention.(16) Schmitt asserted that in the middle of Europe the German Reich faces the interventionist claims of the Anglo-Saxon pseudo-universalism. Against those claims it contraposes the principle of national life style “based on the principle of national respect.”(17)

Whereas relations between Grossräume were to be governed by the principle of nonintervention , intra-Grossraum relations in Schmitt’s construct were to be based on respect for every nation and nationality. Although in Schmitt’s configuration this connoted a policy of domination exercised without the need to resort to the extraordinary means of intervention , decision about whether to intervene, reflecting power-political realities, would not be made in any capital of the German Grossraum other than Berlin. One possible justification for intervention in a nation in the Reich was that it pursued foreign policy goals inimical to the security interests of Germany. In another work Carl Schmitt defines the Reich as “the leading and supporting powers whose political idea is radiated over a specified major territory and which fundamentally exclude the intervention of extra-territorial powers with regard to this territory.”(18)

It should be noted that Carl Schmitt, while recognizing that the historically changing world order and nature of international relations necessitated the reformulation of the international law in terms of equal relationship between competing Grossräume, he nevertheless never advocated an unrestricted expansion of a singular Grossraum i.e. geopolitical objectives of total world hegemony by for example Germany. Quite to the contrary : the substance of his work Grossraum gegen Universalismus is a strong criticism of the American ideology of universalism and from that ideology derived foreign policy on which U.S. embarked in a limited scope during the presidency of Theodore Roosevelt, and which became the ideological hallmark of the Wilsonianism during and after the World War I.

American universalism , emphasized Schmitt, globalized the principles of the Monroe Doctrine to principles valid for the whole world i.e. to universal principles and thus , ideologically and politically, laid claims for extension of American hegemony in the Western Hemisphere to a hegemony over the whole world. American objectives for world conquest and domination used the ideology of universalism to revise the geographical limitations of the Monroe Doctrine- the very principle of geographical delimitation and demarcation of the concept of Grossraum- and to justify American interventionism in the European continent. While American universalism was a rejection of the idea of co-existence of different Grossräume and thus not only a rejection of the concept of Grossraum with its principles of geographic delimitation but also a claim for global world hegemony, so was also Hitler’s concept of Lebensraum which served as an ideological device for foreign policy objectives of establishment first of German continental hegemony and latter of global world hegemony . In other words there were ideological and geopolitical similarities between Wilson’s universalism and Hitler’s Lebensraum. Both Wilsonian universalism and Nazi-Germany’s Lebensraum were falsification of a genuine Grossraum principle and both universalism and Lebensraum rejected the very notion of international pluralism, of co-existence of Grossräume.

Both universalism and Lebensraum as concepts were antithetical to Schmitt’s concept of territorial limits of Grossraum and both universalism and Lebensraum encompassed no territorial limits serving as ideological justification for global world domination.(19)

In formulating the concept of Grossraum Carl Schmitt wanted to broad the framework of international law to include relations between Grossräume. His concept allowed for the rational conduct of international relations and provided a compelling principle for the international law that would correspondent to new historical realities.

THE RELEVANCE OF THE CONCEPT OF GROSSRAUM FOR RUSSIA

Prior to the dissolution or , I would rather say, subversion of the Soviet Union in 1991, in the bipolar world of two superpowers , there existed two competing Grossräume ( Great Areas) or two opposing political blocks, each with its sphere of influence and thus geographical delimitation and demarcation: the Atlantic Grossraum, dominated by the United States, and the Eurasian Grossraum, dominated by the Soviet Union. The political competition between the two blocks gave a substantial latitude for autonomy and independence for countries included in the sphere of influence of the two blocks. However after 1991 a completely new world order has been created. The bipolar world landscape of two superpowers has been transformed into a mono landscape of one superpower imposing its will on the rest of the world. The concept of a New World Order, propounded first by President Bush and now implemented by the neo-Wilsonian foreign policies of President Clinton, must be seen as a realization and assertion of the principles on the Monroe Doctrine to principles valid for the whole world, or, in other words, as a Roosevelt corollary for the whole world, with a new international law equated with the U.S.’s will. The globalization of the Monroe Doctrine , the pronouncement of the Bush/Clinton corollary is the assertion of the legitimacy of American intervention in the world for whatever purposes United States deem necessary, in other words , it is the equation of the United States will with grounds for intervention, an equation which is not only a radical repudiation of the priciples of non-intervention contained in the United Nations Charter, and thus a repudiation of the essence and substance of the United Nations, but is also the substance of the new international law of the New World Order. In the post-Cold War political landscape , United States, invoking and asserting her principles of legitimacy of American world-wide hegemony , is in a position visavi Europe similar to the position of the former Holy Alliance visavi America in the past. American intrusion into the Eurasian geopolitical vacuum after the demise of the Soviet Union, has necessitated a formulation and implementation of a global policy of pseudo-universalism and intervention. Therefore an absolute geopolitical necessity for Russia now, tantamount to her national survival, is the re-establishment of her Grossraum, which is a prerequisite not only for the future independence of Russia but also for the independence of other European countries as well. Re-establishment of the Russian Grossraum and a necessary new geopolitical alliance, which one my symbolically call “a second Treaty of Rapallo”, will be the beginning of disintegration of the global system of American universalism and interventionism and thus a necessary prerequisite for the rebirth of America-free Europe. During the interwar years, in the Europe after the Treaty of Versailles , Carl Schmitt, observing the universalist claims of international law of American and British imperialism, asserted that “behind the facade of general norms of international law lies, in reality, the system of Anglo-Saxon world imperialism”(20)

Today, observing the new American expansionism, the American invasion in the geopolitical vacuum of the Eurasian Grossraum, the decline and fall of the United Nations and the perversion of this international body into a legitimacy facade for the United States bid for world conquest and hegemony in the New World Order , one may say, as it was said once before by Carl Schmitt , that behind the facade of general norms of international law , lies now in reality the system of American world imperialism and expansionism. For the substance of the New World Order is the globalization of the American hegemony without any geographical limitations, the triumph of the old Wilsonian universalism or the neo-Wilsonian policies of President Clinton, a universalism that is a radical rejection of the notion of peaceful co-existence of Grossräume, of a pluralistic world order build on respect for existing state sovereignties.

The primary foreign policy objective of Russia must be the formulation of her own Monroe Doctrine, geographically delimiting Russian Grossraum, which would exclude the intervention on foreign powers and above all the United States.

A formulation of a Russian Monroe Doctrine implies by necessity a rejection of the pseudo-universalist claims of the American New World Order and the validity of a new international law that legitimizes that order. It also implies a firm rejection of American legal nihilism and revisionism, it mandates a restoration of a world order codified by the Helsinki Accord. Thus a Russian Monroe Doctrine will be an expression of a genuine and inalienable right to self-defense against American expansionism and it’s new territorial ambitions. Integral to the purpose of self-defense must be a Russian claim for respect for Russian minorities in any state where they are to be found as well as prevention of foreign policy inimical to the security interest of Russia , such as membership in NATO , prevention of coming into power of governments serving as agents of foreign power , in short , of governments of American Quislings.

The geographical delimitation of the Russian Grossraum is the territory of the former Soviet Union, countries belonging to the former socialist block , including Yugoslavia, now subjected to a war of aggression by the United States.

A Russian Grossraum can only be a genuine, geographically delimited Grand Area and the international law it would create will be, according to Carl Schmitt’s visions, an international law encompassing the co-existence of Grossräume and thus a rejection of the international law of the New World Order- the universalization of American principles of legitimization of global and unlimited American expansionism and domination. A peaceful co-existence of Grossräume can hardly be achieved without the geopolitical expulsion of the United States from Eurasia.

In the past the United States has been successful in theologization of American geopolitical objectives of world domination – the ideology of Wilsonian pseudo universalism-and demonization of geopolitical competitors and thus rejection of the very notion of geopolitical pluralism. The restoration of the Russian Grossraum is therefore the only guaranty for international peace and renewed respect for international law, constructed not as the will of the United States but as the collective will of sovereign countries and geopolitical blocks. Russian Grossraum is the only guaranty against the future anti-utopia of a Monroe Doctrine for the whole world.

The historical necessity and actuality of a new Russian Grossraum, excluding American interference in Eurasia, confluence with Charles de Gaulle’s vision of a free Europe from Atlantic to Urals and beyond to Vladivostok, which could only exist as America-free Europe. Without a reconstitution of a Russian Grossraum, the future not only of Russia but also of other European countries, will be the present of Latin America. In other worlds, the historical necessity of a Russian Grossraum is a decision for a future of freedom and national and cultural authenticity, a decision against the future as American protectorate. And again, the Russian choice is also the choice of Europe.

ENDNOTES

(1) Carl Schmitt -Völkerrechtliche Grossraumordnung mit Interventionsverbot für Raumfremde Mächte- Ein Bitrag zum Reichsbegriff im Völkerrecht (Duncker & Humblot, Berlin, 1991)

(2) some authors trace the concept of Grossraum in earlier writings of Friedrich Naumann and others. “According to their concept of Mitteleuropa , modern political, economic, and technological considerations necessitated the creation of a German empire in the center of Europe that would allow Germany to survive in a world dominated by political units larger than a typical European nation-state, namely Russia, the British Empire , and the United States..Raumtheorie was first established as a specialized field of study in the twenties , when it became an integral part of the developing sciene of geopolitics” -see Joseph W. Bendersky-Carl Schmitt (Princeton University Press, Princeton, 1983) – at p. 251

(3) Carl Schmitt – Grossraum gegen Universalism in Positionen und Begriffe im Kampf mit Weimar- Genf- Versailles 1923-1939 (Duncker & Humblot , Berlin , 1988)

(4) Carl Scmitt -Völkerrechtlische Grossraumordnung – ibid. p. 37

(5) Carl Schmitt- Völkerrechtlische Grossraumordnung- ibid. pp 38-39

(6) Stephen Bonsal -Unfinished Business (New York, 1944) pp. 184-185; also Arthur P. Whitaker-The Western Hemisphere Idea (Cornell University Press, New York, 1954) at p. 125

(7) Carl Schmitt- Völkerrechtlische Grossraumordnung- ibid. p. 23

(8) Carl Schmitt- Völkerrechtlische Grossraumordnung- ibid. pp. 17, 19, 27-30

(9) Carl Schmitt- Völkerrechtlische Grossraumordnung- ibid. p. 34

(10) see Thomas A. Bailey – A Diplomatic Hisstory of the American People (Englewood Cliffs, N.J., 1980), pp. 183-184

(11) see Carl Schmitt -Völkerrechtliche Formen des modernen Imperialismus in Schmitt Positionen und Begriffe

(12) Arthur P. Whitaker- The Western Hemisphere Idea -ibid. – p. 100

(13) Arthur P. Whitaker- The Western Hemisphere Idea -ibid. – p. 100

(14) Carl Schmitt – Volkerrechtliche Grossraumordnung- ibid. p. 76, 77, 81

(15) Carl Schmitt – Volkerrechtliche Grossraumordnung- ibid. p. 16

(16) Carl Schmitt – Volkerrechtliche Grossraumordnung- ibid. p. 66

(17) Carl Schmitt – Volkerrechtliche Grossraumordnung- ibid. p.71

(18) Carl Schmitt – Der Reichbegrif in Völkerrecht in Positionen und Begriffe – ibid. at p. 303

(19)in fact American universalism can be seen as Lebenraum for American economic imperialism

(20)Carl Schmitt – Völkerrechtliche Formen des modernen Imperialismus ibid. p.43

lundi, 01 décembre 2014

Le pivot géographique de l'histoire

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Le pivot géographique de l’histoire

par Philippe Raggi

Ex: http://fortune.fdesouche.com

Pour saisir les enjeux actuels, un petit détour sur une des cartes de Halford J. Mackinder ne manque pas d’intérêt.
Quelques éléments d’explication : Mackinder nous dit : « La prise de contrôle de la région terrestre centrale par une nouvelle puissance se substituant à la Russie, ne tendrait nullement à réduire l’importance géographique de la position pivot ». (1)
Reprenant les mots de Mackinder et en poursuivant la logique de son propos à l’aune de la géopolitique récente et en cours, nous pourrions avancer ceci :
Si une puissance particulière parvenait à renverser la Russie, ou à la contrôler, celle-ci  pourrait constituer un péril menaçant la liberté du monde pour la seule raison qu’elle ajouterait une façade océanique aux ressources du Grand continent – un accès aux mers chaudes – avantage qui demeure jusqu’à présent interdit à l’occupant russe de la zone-pivot.

Pour trouver quelle est cette « puissance particulière », il suffit d’observer ce qui se passe dans le Rimland, cette ceinture de la zone-pivot (Heartland). Quelle est la puissance qui place ses pions dans presque tous les pays de cette zone ? Quelle est la puissance qui agit et resserre cette ceinture année après année ?

Cette « puissance particulière » tend, présentement, à contenir au plus serré la région-pivot, ne lui laissant plus aucune profondeur stratégique, plus aucune zone d’influence ; même immédiate. Les Russes n’auraient donc pas le droit à une Doctrine Monroe contrairement aux États-Unis qui seuls auraient ce privilège.
 
Ce serait donc, appliquée à l’échelle du monde, la fameuse « destinée manifeste », une sorte de droit moral des États-Unis à ce qui ne peut être qualifié autrement que… d’impérialisme. Ce serait même, à lire certains, une situation de fait mais opérée néanmoins contre son gré ! (2)
Halford J. Mackinder a défini dès l’orée du XXème siècle une constante de l’Histoire (3). Force est de constater que cette constante oriente de façon manifeste la politique des Etats-Unis sur le continent Euro-Asiatique depuis 1945. En observant aujourd’hui, avec recul, tant la stratégie de « Containment » de George Keenan, que celle du « Rollback » de John Foster Dulles, l’on s’aperçoit qu’elles ne visaient en fait pas tant l’Union Soviétique et son régime communiste (4) mais bien plutôt la Russie, en tant que terre de la zone-pivot.
 
Depuis 1992, en Europe, les États-Unis, via l’OTAN notamment, mais aussi par d’autres organismes (5), ont fait reculer vers l’Est les limites du Heartland ; il est à noter que les ex-républiques de l’Union Soviétique sont à présent quasiment toutes dans son escarcelle.
 
Dans ce mouvement vers l’Est, une de ces ex-Républiques est à cet égard cruciale : l’Ukraine. Celle-ci permet à la Russie un accès direct à la Méditerranée. Il en est de même de la Géorgie. Ainsi, ces deux pays ont-ils subi ou subissent des « soubresauts ». Et dans cette fermeture de la Méditerranée, en Asie mineure, il y a la Turquie, laquelle est déjà dans l’orbite de puissance étasunienne (OTAN et Union Européenne aux forceps).
 
En Asie centrale, l’Afghanistan a subi les affres de cette action de contention américaine vis-à-vis de la Russie et ce depuis 2001. Reste un autre pays crucial : l’Iran. Et si on lit bien les stratèges de Washington, l’action prônée pour ce pays n’est pas « directe » ; il ne s’agit pas d’affronter militairement Téhéran (hard power) mais bien plutôt de ménager les Ayatollahs et d’influer sur une population plus malléable (smart power) afin qu’un terrain d’entente puisse advenir (6).
 
En fin de boucle, en Extrême-Orient, le Japon demeure depuis 1945 une base militaire avancée des États-Unis dans la région. Quant à la Corée du Sud, elle reste encore sous orbite étasunienne, confortée par l’épouvantail que représente Pyongyang.
 
Toujours dans cette stratégie de puissance en action, dans ce mouvement pour la maîtrise du Heartland, il y a un écueil de taille : la Chine. Ce pays, nous dit Mackinder, serait à même de devenir un péril pour le monde (the yellow peril) si d’aventure il venait à dominer, à vassaliser la Russie. Mais Pékin a bien d’autres ambitions que de prendre le « chemin du Nord », au-delà de l’Amour, ce fleuve-frontière de 4 400 kilomètres.
 
La Chine a, en effet, d’autres préoccupations que de devenir, dans un futur proche, ce « péril jaune » dont parle Mackinder. Pékin se concentre plutôt sur :
- le contrôle à long terme de son pouvoir dans ses provinces (risque d’autonomie, de séparatismes),
- sa maîtrise de la zone des neuf points dans la Mer de Chine méridionale (risque de conflits avec ses voisins immédiats (vietnamiens, philippins, taïwanais, etc.),
- la conservation voire le développement de son collier de perles entre son territoire et les zones de production d’hydrocarbures,
- la mise en œuvre des retours sur ses investissements en Afrique.
 
La Chine représente donc malheureusement pour les États-Unis, une pièce non maîtrisée, non maîtrisable, une impasse ; elle doit être contournée, tout en étant maîtrisée indirectement via la politique de l’énergie hydrocarbure ; il s’agit de tenir les robinets…
 
Pour finir ces quelques réflexions et commentaires sur la carte de Halford J. Mackinder, rappelons sa formule ; une formule choc, une formule répétée à l’envie et qui résume notre propos ci-dessus : « Qui contrôle le cœur du monde (Heartland) commande à l’île du monde (Heartland + Rimland), qui contrôle l’île du monde commande au monde ». Cette carte de 1904 explique bien, par l’intégration du temps long de l’Histoire sur la géographie physique, les mouvements géopolitiques contemporains. Ainsi, les finalités de tel ou tel acteur géopolitique se découvrent-elles, naturellement.
 
Nonobstant, l’analyse géopolitique ne doit pas être un paraclet mais plutôt un levier pour une politique de puissance face à tel ou tel Hégemon du moment… Acteur ou sujet, victime ou bourreau, Ecce Stato.
 
Notes :
 
(1) Halford John Mackinder, The geographical pivot of History, paru dans The Geographical Journal, Vol. 23, n°4, p.437.
(2) Cf. les propos de Niall Ferguson sur les États-Unis comme « Empire malgré-lui ». Doté d’un esprit brillant, Ferguson, auteur entres autres livres de Colossus ; The price of America’s Empire, est somme toute bienveillant vis-à-vis des États-Unis ; ainsi l’excuse-t-il de ses méfaits commis à travers le monde. Ferguson est, faut-il le souligner, débiteur de Washington…
(3) On (re)lira, fort à propos, le livre d’Aymeric Chauprade intitulé « Géopolitique ; constantes et changements dans l’Histoire » paru aux Éditions Ellipses en 2000 et réédité plusieurs fois depuis. On pourra se documenter également avec le livre référence d’Alfred T. Mahan De l’influence de la puissance maritime dans l’Histoire 1660-1783 et particulièrement dans son introduction. Mahan y évoque justement la question des « constantes ».
(4) Ce fut, en définitive, un argument pour naïfs, un levier du « Softpower », une façon d’amener à soi une population d’Europe occidentale à juste titre effrayée, au sortir de la seconde guerre mondiale.
(5) L’Union Européenne, par exemple, mais aussi le FMI, etc.

(6) Cf. Joseph Nye, théoricien de cette analyse des stratégies de puissance ; stratégies mises en œuvre magistralement (il faut être juste et honnête) par les États-Unis.

Philippe Raggi

dimanche, 30 novembre 2014

Ripensare Gentile e Gramsci

 

DIEGO FUSARO e MARCELLO VENEZIANI: Ripensare Gentile e Gramsci

vendredi, 28 novembre 2014

Rupture Politique et Ecologie

Sortie du numéro 67 de "Rébellion":

Rupture Politique et Ecologie

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Editorial de Jean Galié : la démocratie contre la botanique 

SOCIETE 

L'amour , un bien de consommation comme un autre ?

( Marie Chancel) 

RUPTURE POLITIQUE 

En finir avec les illusions de la démocratie 

L'utopie réformiste ( Julius) 

Analyse du cas Besancenot ( Charles Robin) 

ECOLOGIE

Une révolution silencieuse ( Stéphane C.) 

Une brève histoire de l'écologie politique ( Marie Chancel) 

L'écologie politique comme phénomène révolutionnaire

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mercredi, 26 novembre 2014

Konservative und Libertäre - Brüder im Geiste oder politische Gegner?

Konservative und Libertäre - Brüder im Geiste oder politische Gegner?

Der Historiker Dr. Karlheinz Weißmann, Chefredakteur André Lichtschlag (eigentümlich frei) und Dr. Stefan Blankertz diskutierten auf der Bibliothekstagung 2013 über das Verhältnis von Konservativen und Libertären.

Moderation: Dr. Wolfgang Fenske

Zu den Veranstaltungen der Bibliothek des Konservatismus: http://www.fkbf.de/veranstaltungen.html

Informationen zur Bibliothek des Konservatismus: http://www.fkbf.de/projekte-der-fkbf/...

Informationen zur Förderstiftung Konservative Bildung und Forschung: http://www.fkbf.de/

jeudi, 20 novembre 2014

La fin du rêve socialiste

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La fin du rêve socialiste

L’impasse du XXe siècle

par Pierre LE VIGAN

Le socialisme a fait rêver certains, il a aussi fait cauchemarder, parfois les mêmes mais pas au même moment. Ou ce n’était pas le même socialisme. Quoi qu’il en soit, le socialisme a une double responsabilité dans l’actuel effacement du politique. L’une est liée à sa doctrine même, consistant à affirmer que la politique ne sera pas toujours indispensable puisqu’elle est le produit des contradictions de la société et qu’elle disparaîtra quand ces contradictions seront surmontées, résolues, dépassées, et la société enfin unie.

 

L’autre responsabilité du socialisme est indirecte, elle tient à la disparition des régimes socialistes. La disparition des socialismes « réels » a créé une désillusion. Elle l’a plus précisément largement amplifiée car la socialisme réel ne faisait plus guère rêver. Néanmoins, sa disparition est un événement considérable. Elle a indiqué qu’un seul monde restait notre unique horizon : le monde du capitalisme.  Dès lors, à quoi bon la politique ?

 

L’histoire du socialisme français est fondée sur la succession d’illusions et de désillusions. La cause en est le principe de l’idéologie du progrès qui irrigue le socialisme français et qui a triomphé des autres tendances. La matrice du socialisme c’est la Révolution française. Non pas qu’elle était socialiste, mais elle a fait naître le monde dans lequel le socialisme devenait possible. Pas forcément un socialisme réel, mais une réelle espérance socialiste. En effet, la Révolution française s’est voulue terminale, elle a voulu la solution du problème politique. Pour autant, la Révolution a vite déçu.

 

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La réponse à ces déceptions a été analysée par les révolutionnaires de 1789-93 de la façon suivante : ce qui était en cause n’était pas les insuffisances de la Révolution, encore moins sa nature même (une révolution bourgeoise) mais les ennemis de la Révolution. Ceux-ci doivent donc être traqués et liquidés. Ce qui fut fait, en Vendée, à Lyon et ailleurs. La nature de l’espérance née de la Révolution française amène à cette radicalisation du rapport entre amis et adversaires, ces derniers devenant des ennemis à réduire sans concessions. Le nombre de prêtres déportés devient ainsi le critère des « progrès de la raison (1) ». Pourquoi ? En remplaçant les « droits de Dieu » par les droits de l’homme, la Révolution a prolongé le christianisme tout en le renversant. Si l’homme est à l’image de Dieu, cette translation est en somme naturelle. Elle devait finir par intervenir. Michelet explique cela : « La Révolution continue le Christianisme, et elle le contredit. Elle en est à la fois l’héritière et l’adversaire. Dans ce qu’ils ont de général et d’humain, dans le sentiment, les deux principes s’accordent. Dans ce qui fait la vie propre et spéciale, dans l’idée mère de chacun d’eux, ils répugnent et se contrarient. Ils s’accordent dans le sentiment de la fraternité humaine. Ce sentiment, né avec l’homme, avec le monde, commun à toute société, n’en a pas moins été étendu, a approfondi par le Christianisme. A son tour, la Révolution, fille du Christianisme, l’a enseignée pour le monde, pour toute race, toute religion qu’éclaire le soleil. Voilà toute la ressemblance. Et voici la différence (2). »

 

La nouvelle forme de la foi

 

La raison, cette raison que Dieu a donné à l’homme, devient la nouvelle forme de la foi. On le voit : il y a une logique chrétienne à l’œuvre dans nos sociétés post-chrétiennes. Jean Jaurès, par son mélange de spiritualisme et de marxisme affiché, est caractéristique de cela. Il réinterprète toute l’histoire du socialisme en gommant ses contradictions. Il fait de Babeuf un précurseur du socialisme à la fois démocratique, gradualiste et marxiste, ce socialisme que Jaurès prétend représenter, de façon à affirmer une continuité entre Révolution française, esprit d’égalité, et au final socialisme marxiste. Que l’analyse de Jaurès soit fausse n’est pas ici l’essentiel, cette analyse a produit des effets historiques importants. Elle s’est appuyée sur des croyances et les a amplifié. La popularité posthume de Jaurès vient d’ailleurs en grande partie, outre le « prestige » de son assassinat, de ce qu’il a conforté des préjugés de confort pour la gauche. L’analyse jaurésienne – qui n’est pas seulement la sienne – qui fait du socialisme la continuation de la Révolution française est fausse à maints égards, ne serait-ce que parce que le socialisme ne peut être la continuation d’une révolution bourgeoise, mais elle a produit de l’histoire et pas seulement des illusions.

 

Le socialisme sous les feux de ses penseurs

 

Comment les principaux penseurs français du socialisme le voient-ils ? Avec Saint-Simon, la foi dans le progrès et la raison prennent la forme d’une foi dans l’Industrie (la majuscule est de lui). Ce n’est pas la lutte des classes qui divise la société, ou plus exactement il n’y a que deux classes, non pas les prolétaires et les propriétaires des moyens de production, mais les producteurs et les oisifs. À l’horizon de ce que Saint–Simon appelle le Nouveau Christianisme (1825), tout le monde se conduira comme « entre frères » et tout sera dirigé « vers l’accroissement du bien-être de la classe la plus pauvre » (Le Nouveau Christianisme). L’Industrie maîtrisée par les hommes réalisera donc une promesse de bonheur universel. Cette promesse réalisée, il n’y aura plus de place pour la politique. Il n’y aura plus d’antagonismes à résoudre et il n’y aura plus de limites à observer.

 

Pierre Leroux, de son côté, inventeur du mot « socialisme », reconnaît l’existence d’une lutte des classes marquée par l’opposition entre salariat et patronat. Pour autant, son espérance est la réalisation d’une unité retrouvée. Surtout, il met le socialisme dans la continuité de la Révolution française et celle-ci dans la continuité du christianisme.

 

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Pour Charles Fourier, l’objectif final, la promesse, c’est l’Harmonie universelle par le phalanstère. Marx constitue une rupture. Il veut bannir tout idéalisme. Il veut rompre avec toute espérance d’ordre religieux. « Le communisme n’est pas pour nous ni un état qui doit être créé ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel (3) ». Marx prend de la distance par rapport à l’idée si répandue chez les Français de la Révolution française comme préfiguration du socialisme. Mais Marx formule aussi une promesse : le mouvement réel de l’histoire est en train d’accomplir le socialisme. Il y a pour Marx des stades successifs et nécessaires du développement historique. La tâche de l’homme est de les accompagner, de les pousser, de les préparer. Mais l’homme n’a pas à les inventer. Tout est analysé dans le mouvement de l’histoire non en termes de contradictions qui remettraient en cause la théorie des stades nécessaires et successifs  mais en termes de blocages qui valident la réalité de la poussée.

 

 

Les communistes français, quelque cinquante ans plus tard, donneront à la téléologie déjà présente chez Marx une forme caricaturale. Ainsi, si le Front populaire a déçu, ce n’est pas du point de vue communiste parce qu’une partie de la classe ouvrière n’en partageait pas les idéaux, c’est parce que la bourgeoisie a mis en œuvre des moyens considérables pour faire échouer le « mouvement ouvrier ». Ce n’est évidemment pas faux mais réducteur.

 

 

Dans l’histoire du socialisme français, la question de la continuité historique avec la Révolution française est décisive. L’affaire Dreyfus montre, de manière emblématique, comment se présente cette question. Si Jules Guesde refuse de soutenir Dreyfus, qu’il soit innocent ou coupable, c’est parce qu’il veut se conformer au modèle de l’égoïsme bourgeois de 1789, qui ne faisait pas le tri entre les « bons » aristocrates et les « mauvais ». L’objectif était de détruire tout pouvoir de l’aristocratie. Pour Jules Guesde, tous les problèmes doivent être vus selon une logique de classe : prolétaires contre bourgeois. Or Dreyfus appartient au camp de la bourgeoisie. Sa culpabilité, son innocence, l’éventuelle injustice dont il serait victime sont une affaire interne à la bourgeoisie. Le prolétariat n’a pas à s’en mêler. Mieux, il doit se réjouir de l’affaiblissement de la bourgeoisie, minée, divisée par un problème moral.

 

 

La position de Jaurès est autre. Tout d’abord réservé par rapport à l’engagement dans cette affaire, il insiste finalement sur la logique du progrès. Au dualisme bourgeois/prolétaire de Guesde, il en ajoute un autre, qui s’avère vite pour lui le plus important, et surdétermine le premier. Ce nouveau dualisme, c’est celui qui existe entre « le progrès », « ce qui vient », et le passé, les forces qui veulent « revenir en arrière ». Jaurès affirmait : « La société d’aujourd’hui est divisée entre capitalistes et prolétaires ; mais, en même temps, elle est menacée par le retour offensif de toutes les forces du passé, par le retour offensif de la barbarie féodale, de la toute-puissance de l’Église, et c’est le devoir des socialistes, quand la liberté républicaine est en jeu, quand la liberté de conscience est menacée, quand les vieux préjugés qui ressuscitent les haines de races et les atroces querelles religieuses des siècles passés paraissent renaître, c’est le devoir du prolétariat socialiste de marcher avec celle des fractions bourgeoises qui ne veut pas revenir en arrière (4) ». La position de Jaurès l’a emporté sur celle de Guesde. Jaurès n’avait tort de dire que les clivages de classe ne disent pas le tout de la justice. Mais Jaurès a dit plus, il a sanctifié « les forces du progrès », celle de l’avenir « qui vient ». On peut voir dans cette vision du progrès ce qui a déterminé l’avenir de la gauche en France. C’est aussi le fruit de la pensée profonde qui a toujours animé la gauche. C’est le triomphe de l’idée de progrès, de l’idée que l’avenir sera toujours meilleur que le passé, C’est aussi l’idée que, quand la réalité semble démentir la prédiction de progrès, ce ne peut être à cause de limites historiques, ou de contradictions insolubles, mais à cause de la « méchanceté» d’une faction, d’une minorité, de « malfaisants » que, justement, il faut « réduire ».

 

 

La gauche, en choisissant Jaurès, est tombée du côté où elle penchait. Pour Jaurès, « le socialisme, c’est la République qui a résolu la question sociale » note Gérard Belloin (5). La vision « continuiste » de Jaurès a cette conséquence : il ne faut pas tant « battre politiquement la bourgeoisie » que « faire avancer le progrès ». En ce sens, la séparation de l’Église et de l’État, dont on pourrait penser qu’elle n’a pas de rapport avec le socialisme, en a un. Il s’agit, en boutant l’Église hors de l’État, de faire coïncider la société avec elle-même. L’État sans Dieu coïncidera avec une société sans Dieu.

 

 

Or cette laïcisation de la société n’est pas seulement, ni même principalement, portée par les socialistes. Elle l’est par le Parti radical-socialiste. Il y a donc une continuité entre le socialisme et la gauche libérale-progressiste, puis radical-socialiste à partir de 1901, celle qui a autorisé la création des syndicats (avec la loi Waldeck-Rousseau de 1884). Si le socialisme s’est historiquement presque toujours dit « de gauche », ce n’est pas par erreur, comme tendrait à le faire penser une lecture rapide de Jean-Claude Michéa (qui a bien sûr raison de rappeler que Marx lui-même ne s’est jamais dit « de gauche » bien qu’inspiré par les… hégéliens de gauche, comme quoi on n’évacue pas si facilement cette référence). Ce n’est pas par erreur, c’est parce qu’il y a un lien entre la laïcisation de la société et l’espérance socialiste. Il y a donc un lien, une parenté entre un socialiste et un laïciste même anti-collectiviste.

 

 

Le socialisme reprend la promesse des fins dernières. Ce n’est pas pour la laisser à l’Église de Dieu. Ces fins dernières sont transposées sur terre. Dans la conception de ces fins dernières, la vision des stades « nécessaires et successifs » du « développement historique » est essentielle. C’est pourquoi les socialistes, même quand, en pratique, ils étaient parfaitement modérés et réformistes, rejetaient la vision d’Édouard Bernstein expliquant qu’il n’y a peut-être pas de concentration croissante du capital, et que la révolution prolétarienne ne sera donc sans doute ni inéluctable ni nécessaire. Évolution plutôt que révolution.

 

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Qu’ils soient réformistes ou révolutionnaires – question de méthode et non de différent sur l’objectif – les socialistes ont pourtant tous le même Dieu : c’est la science, et plus encore le progrès de la science. Pour Marcelin Berthelot, à la suite d’Auguste Comte et avec Ernest Renan, la science doit « prendre la place de Dieu ». La société doit être dirigée par la science. La science, pensait Jaurès de son côté, fait partie des « forces neuves » qui concourent à « la grande paix humaine ».

 

La croyance en la science, la foi dans la raison ont amené les socialistes, y compris ceux d’entre eux s’appelant « communistes », à croire que l’école peut résoudre tous les problèmes. C’est pourquoi, avec Lucien Herr, cofondateur de L’Humanité, le socialisme fut, dans les années 1910, si lié aux milieux enseignants, universitaires, intellectuels. C’est une caractéristique qui restera longtemps actuelle.

 

 

Le Parti communiste, nouvel acteur de la gauche à partir du Congrès de Tours de 1920, insiste lui aussi sur les vertus émancipatrices de l’école. Certes, il le fait surtout dans ses périodes « unitaires », en dehors de ses périodes de repli « sectaire », de type « classe contre classe », ou « feu sur les ours savants de la social-démocratie  (Aragon, 1931) », périodes « rupturalistes » qui ne lui étaient guère favorables électoralement. L’école, pour les socialistes et les communistes, participe de la « création continue » de la démocratie, celle qui va vers le socialisme, et provient en droite ligne de la Révolution française, dès 1789, et sans rien en exclure, et surtout pas 1793-94. Le socialisme a toujours vu l’école comme une nouvelle religion, la bonne religion menant au socialisme par la diffusion de la connaissance, de la science et la dissipation des brumes de l’obscurantisme, celui-ci resté attaché à des différences illusoires qui existeraient entre peuples,  races, religions, sexes. Face à ces différences, socialistes et communistes expliquent que le progrès, le sens de l’histoire, c’est que l’humanité est une, et de toute façon (si on en douterait) va vers l’unité. D’où l’actuelle défense de l’androgynie par la gauche sociétale « genriste (6)  » actuelle.

 

Solidaire de la laïcisation menée par la gauche avec les radicaux-socialistes, les hommes de la S.F.I.O. considèrent que le socialisme, c’est « la République accomplie » selon l’expression de Jean Jaurès, loin, très loin des positions ultra-minoritaires défendues par exemple au sein du Cercle Proudhon. Ce qui prime dans la pensée socialiste, c’est la continuité Révolution française – République – Socialisme.  De là s’ensuivent et s’expliquent beaucoup de choses.

 

 

Solidaires de la nation laïcisée, les socialistes le sont aussi, en 1914, de la République française opposée aux Empires centraux. La défaite de la République serait pour eux la fin des espérances socialistes. Jules Guesde, devenu ministre après la déclaration de guerre de 1914, se réfère alors aux Jacobins. Décidément, c’est toujours la Révolution française qui inspire les socialistes et structure leur imaginaire. Bien sûr, partout en Europe, les socialistes se rallient aux élans patriotiques. Chaque socialisme y met ses spécificités, tel le souvenir de la guerre de Libération de 1813 en Allemagne. Mais il y a un point commun : si le socialisme c’est le dépassement des égoïsmes, le patriotisme, ce l’est aussi. Surtout, les sentiments d’appartenance nationale s’avèrent infiniment plus forts que les opinions politiques, même enracinées dans une certaine « conscience de classe ». Les ouvriers français n’oublient pas qu’ils sont ouvriers, mais ils sont d’abord ouvriers français. La patrie est pour tous un « vivre-ensemble » menacé, c’est une terre, une langue, une attache plus forte que tant d’autres.

 

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L’Action française, bien qu’ennemie de la République, « la Gueuse », se rallie, tout comme la S.F.I.O., à l’Union sacrée (de même qu’en 1940, l’A.F. donnera de très nombreux cadres à la Résistance). « C’est la guerre [de 1914] qui, précisément, a révélé qu’il s’agissait de tout autre chose [le sentiment patriotique] que d’une affaire de propagande. Lorsque des millions d’individus acceptent de mourir pour une cause, nous sommes en présence en présence de motivations qui puisent au plus profond de leur être », remarque Gérard Belloin (7).

 

Le P.C.F., un parti de type nouveau

 

 

Ralliés à l’Union sacrée, la majorité des socialistes français subirent certes, en 1918 et après, le contrecoup de la disparition de la « fraternité du front ». La majorité d’entre eux se rallient aux 21 conditions de la nouvelle Internationale, celle de Lénine. Ils ne prennent d’abord pas au sérieux toutes ces conditions, ce qui explique tant de départs du nouveau P.C.F.-S.F.I.C. Avec le nouveau Parti, il s’agit pourtant bel et bien de rompre avec l’esprit « frondeur » et avec la dispersion des socialistes. Il s’agit de bâtir un « parti de type nouveau », un « parti-armée », capable d’opérer des volte-face en ordre groupé. Le nouveau parti est détenteur d’une science, le matérialisme historique et dialectique, et dépositaire d’une foi, la foi en l’avènement universel du socialisme, conformément au sens de l’histoire. Les socialistes français ont le sentiment de recommencer la Révolution française, voire, de la mener à son vrai terme. Mais ils n’ont pas fait la révolution socialiste, contrairement aux communistes russes, d’où une forme de complexe vis-à-vis d’eux. Il leur faut donc être d’autant plus dévoué à la « patrie du socialisme », l’Union soviétique. Lénine joue du prestige de la Grande Révolution. » Nous, les bolcheviks, sommes les Jacobins de la révolution prolétarienne (8) », proclame-t-il. Le léninisme s’appuie sur la culture de la radicalité, voire sur son culte, dans le prolongement de l’admiration pour les « grands ancêtres » de la Révolution.

 

Dans le même temps, en France, la guerre de 14-18 produit une désillusion profonde par rapport à la conception d’indépendance des syndicats par rapport aux partis politiques (9). Ce sont ainsi, curieusement, en majorité des gens issus de l’anarcho-syndicalisme des années 1910 qui fondent en 1921 la C.G.T.U., le syndicat lié, et même inféodé au nouveau Parti communiste.  Voilà quel fut le fruit de la désillusion par rapport à la doctrine d’indépendance syndicale d’avant la Grande Guerre (la Charte d’Amiens de 1906). La bolchévisation du Parti communiste, la doctrine « classe contre classe » amena ainsi le P.C.F. à s’opposer au Cartel des Gauches de 1924. Le P.C.F. se voulut ainsi parfois socialiste au-delà du clivage droite-gauche et de ses illusions, qui sont les illusions du réformisme, et qu’il appela souvent trahisons (10). Mais ce ne fut que lorsque le P.C.F. accepta de s’inscrire dans le clivage droite-gauche, de préférence en étant dominant, qu’il se situa à un haut niveau de popularité.

 

Naissance du P.C.F., scission de la C.G.T. et création de la C.G.T.U. : pour socialistes et communistes, la guerre de 1914 a joué un rôle d’accélérateur. La guerre a créé ce que Lénine a appelé deux « poussins » : l’Allemagne et la Russie. Les deux étaient prêts pour la Révolution. L’un franchit le pas, l’autre non. Il faut se mettre « à l’école du capitalisme d’État allemand », disait Lénine (11). L’économie de guerre allemande est en effet selon lui la matrice du socialisme. Elle réalise la concentration et centralisation de l’économie entre quelques mains, elle repose sur le dirigisme et la mobilisation de tous. C’est une économie à laquelle il ne manque que la prise du pouvoir politique par le prolétariat. Il s’agit en somme de faire mieux que les militaristes allemands, en mettant l’outil qu’ils ont créé au service du peuple travailleur. Quand l’espérance de la révolution mondiale aura laissé la place à la montée des fascismes, les communistes considéreront, particulièrement en Allemagne, qu’il s’agit là encore, comme avec la guerre de 1914, d’une accélération du mouvement historique. La montée des fascismes montrerait que le temps des démocraties est décidément terminé et que celui du communisme est venu. Face aux fascismes, derniers soubresaut d’un système capitaliste à bout de souffle, le communisme serait la seule issue.

 

 

L’ère des masses fut ainsi interprétée par les socialistes et communistes comme génératrice d’une nouvelle rationalité. Les aspirations à l’égalité des conditions et à la mise en commun des biens l’emporteraient sur le patriotisme, le goût de la propriété, les anciennes valeurs. Plus encore, la politique se trouverait chargée d’assumer une fonction auparavant dévolue à la religion : donner du sens à la vie.  Mais dans ce domaine ce furent les fascismes qui, pendant une ou deux décennies, apparurent mieux placés que le communisme pour jouer ce rôle.

 

 

Pour les communistes français, la solidarité avec l’U.R.S.S., et plus précisément l’alignement sur l’Union soviétique, est indissociable de leur idée du progrès et donc de la Révolution. Les frontières de l’U.R.S.S. étaient pour les communistes les frontières provisoires de la révolution mondiale. Et pour les socialistes ? Pour les gardiens de ce que Léon Blum avait appelé la « vieille maison « ? Les choses étaient moins simples qu’on pourrait le croire. Pour les socialistes même antitotalitaires, la critique de l’U.R.S.S. n’était pas aisée. Exemple : Jean Zyromski, Marceau Pivert, Oreste Rosenfeld, au sein de la S.F.I.O., représentaient la gauche, avec le courant La Bataille socialiste. Or, ils considéraient que, malgré toutes les insuffisances de l’URSS, l’essentiel était que, par l’industrialisation, la Russie se rapprochait quand même du socialisme.

 

 

Les périodes où le P.C.F. fut le plus à l’aise dans l’Entre-deux-guerres furent celles où les exigences de la politique internationale de l’URSS étaient de rompre son isolement et d’encercler l’Allemagne. Ce sont les périodes qui amenèrent le P.C.F. à être tactiquement unitaire, sans renier en rien ses analyses et préventions contre les sociaux-démocrates mais en les faisant passer au second rang. Cette période unitaire, c’est le grand tournant de 1934, avec le 27 juillet, la signature du pacte d’unité d’action entre P.C.F. et S.F.I.O., rejoints plus tard par le Parti radical, ce pacte préludant au Rassemblement populaire, puisque tel était le nom officiel de ce que l’on désignera plus couramment sous le nom de Front populaire.

 

 

Dans le cadre du « grand tournant », le P.C.F. défend l’idée d’« avancées » démocratiques mais non socialistes. Il s’agit de n’effrayer personne. C’est pourquoi le P.C.F., pour garantir le caractère non socialiste du projet commun avec la S.F.I.O., tient à ce que le Parti radical en soit partie prenante, ce parti étant lié à la petite bourgeoisie anti-collectiviste et garant de ses intérêts dans la vision « classiste » un peu sommaire du P.C. Il fallait d’autant moins pour le P.C.F. se trouver dans un tête à tête avec la S.F.I.O. qu’il lui déniait une quelconque légitimité en matière de socialisme.

 

Le tournant patriotique, réformiste et unitaire « à gauche » du P.C.F. montra l’osmose, dans la culture politique de la gauche, entre esprit socialiste et esprit républicain. C’est pourquoi ce tournant tactique apparut comme « naturel ». Il fut en conséquence propice aux succès électoraux du P.C. : 10 % des voix en 1924, 11 % en 1928 mais 15 % en 1936. Les périodes unitaires avaient encore un autre mérite pour le P.C.F. : elles permettaient d’exiger des socialistes qu’ils mettent en sourdine leurs critiques de l’U.R.S.S. L’antifascisme était un excellent argument pour faire barrage aux critiques du stalinisme.  C’est pourquoi le pacte germano-soviétique de 1939 mit le P.C.F. dans un grand malaise. Il amena de nombreuses défections. Il signifiait un retour à l’isolement, l’abandon de l’antifascisme et du patriotisme le plus élémentaire, celui que se manifeste face à l’Allemagne. Le P.C.F. pourtant tellement plus à l’aise sur la ligne « patriote » et « démocrate » que sur la ligne « classe contre classe » suivit pourtant la consigne de Staline, précisément parce que la brutale bolchévisation des années 1921-28 avait porté ses fruits. Cela allait loin avec le pacte germano-soviétique. Molotov affirmait au soviet suprême : « Il est criminel de faire la guerre à l’hitlérisme(17 novembre 1939) (12). » L’anti-bellicisme et même le défaitisme révolutionnaire furent la position du P.C.F. jusqu’au 22 juin 1941, non sans vouloir récupérer l’exaspération du peuple français due à la fois à la guerre, à l’impréparation, à la défaite et aux prélèvements du fait de l’Occupant.

 

 

Tout change avec l’entrée de l’U.R.S.S. dans la guerre. Résistants tardifs, les communistes voulurent distinguer leur résistance de celle des autres. Les attentats individuels contre les Allemands, facteurs de représailles y compris contre bien des Français pas le moins du monde communistes, fut la marque de fabrique de la résistance communiste. Ce fut l’instrument de démarquage de la résistance communiste. Après avoir salué à l’été 1940 les « discussions amicales » (sic) qui se nouaient (paraît-il) entre travailleurs parisiens et soldats allemands, les communistes prônèrent la haine liquidatrice contre les Occupants. Un mot d’ordre de 1944 disait : « À chacun son boche » (un militant du P.C.F., Pierre Broué se fit exclure pour avoir critiqué ce mot d’ordre).

 

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À la victoire des Alliés, les communistes plastronnent. Pour le P.C.F., la guerre avait montré non seulement la viabilité du communisme vainqueur de la moderne Allemagne nazie, mais aussi sa supériorité sur tout autre système. Cela rendait d’autant plus légitime de travailler à l’accouchement du socialisme en France. En 1946, les socialistes eux-mêmes montraient leurs complexes vis-à-vis du système soviétique. Avec Guy Mollet et contre Léon Blum, ils se proclamaient marxistes (dans la plus pure  tradition de Jules Guesde) et ils refusaient de servir à la « prolongation », disaient-ils, d’un « système agonisant » (le capitalisme selon Guy Mollet). Le Front populaire avait vu le P.C.F. pratiquer un soutien sans participation au premier gouvernement Blum. De 1945 à 1947, il pratiqua une forme de participation sans soutien aux gouvernements de la Libération.  À partir de 1947 et de la conférence constitutive du Kominform, à Szklarska Poreba en Pologne, le « national-thorézisme » du P.C.F., sa version française du stalinisme, l’amena à des « innovations » théoriques telle la théorie de la paupérisation absolue des travailleurs (1955). Alors que les nouvelles classes moyennes (cadres, techniciens, fonctionnaires…) se développaient, le P.C.F., dans les années 50, les analyse essentiellement comme des parasites de la classe productive. Le P.C.F. s’oppose ainsi aux thèses de la « nouvelle classe ouvrière (13) ». Il abandonnera la thèse de la paupérisation dite « absolue » en 1964.

 

 

Sur la question de l’Algérie, le P.C.F. est d’abord très réservé par rapport à l’idée de l’indépendance (14). Il craint que celle-ci ne ralentisse le développement des forces productives, et indirectement donc, le passage au socialisme. Le P.C.F. se rallie à l’idée d’indépendance de l’Algérie essentiellement en fonction des intérêts de la politique internationale de l’U.R.S.S. Au-delà de ces aspects tactiques, il y a un point commun dans l’analyse « progressiste » aussi bien des socialistes que des communistes. Cet aspect, c’est que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est subordonné à la nécessité de franchir les étapes historiques du développement, étapes dont la dernière est le socialisme.

 

 

Si l’anticolonialisme faisait partie des 21 conditions d’adhésion à la IIIe Internationale dirigée de Moscou, c’est plus pour des raisons tactiques que pour des raisons de fond. L’histoire l’a montré : au moment où le P.C.F. soutenait les aspirations à l’indépendance de l’Algérie, il s’opposait au soulèvement hongrois. Georges Marchais soutiendra ensuite, pour des raisons d’ailleurs défendables en politique internationale face à l’hégémonie américaine, l’intervention russe en Afghanistan, qui n’allait tout de même pas dans le sens du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

 

Cela ne se comprend pas hors de la matrice même de la culture progressiste du P.C.F. comme du reste de la gauche. La référence à la Révolution française, qui prétendait « apporter la liberté » au monde, est là encore toujours déterminante. La révolte hongroise de 1956 ? Une reprise de la « contre-révolution » vendéenne de 1793. Ainsi, le P.C.F. peut-il critiquer cette révolte, en l’assimilant notamment aux Croix Fléchées ( !), qui étaient bien oubliés dans la Hongrie des années 50, en puisant au cœur même de la culture politique de la France. Dans le même temps, le lancement de Spoutnik (1957) et l’aventure de Gagarine, le premier homme dans l’espace (1961) semblent montrer que le socialisme, c’est  la science. Dans le scientisme ambiant de la gauche républicaine, et pas seulement des communistes, c’est un argument très fort. Si le socialisme est bon pour la science, n’est-il pas l’avenir ?

 

En 1958, la création de la Ve République isole d’abord le P.C.F. En difficulté, il plonge électoralement. Il est aussi isolé. Dans un premier temps, Guy Mollet est ministre de de Gaulle. Il n’y a que le P.C.F. et l’extrême droite dans l’opposition. L’attachement affiché du P.C.F. aux institutions de la IVe République le met dans une posture parfaitement minoritaire. Bien entendu, le refus du « pouvoir personnel » de de Gaulle le situe dans la tradition du parlementarisme (plus doctrinal que réel au demeurant) de la Révolution française. Le P.C.F. est aussi dans la nostalgie de la Constitution de 1793 (jamais appliquée). Dès 1962, le P.C.F. peut échapper à son isolement. Il se rapproche alors de la S.F.I.O., revenue dans l’opposition face à de Gaulle. C’est une période où le P.C.F. joue pleinement de l’ambivalence de l’aspiration socialiste en France.

 

 

Pour beaucoup de Français le socialisme, c’est plus de justice sociale, mais aussi plus d’État, et donc plus de protections. Pour beaucoup, le socialisme ce n’est pas la collectivisation c’est plus de (petite) propriété et plus de sécurité. C’est particulièrement vrai pour le monde paysan. Le slogan du P.C. dit : « La terre à ceux qui la travaillent ». Le mot d’ordre séduit, face à la concentration des terres, et il n’a bien sûr aucun rapport avec les kolkhozes (fermes collectives) et les sovkhozes (fermes d’État) du socialisme réel de type soviétique. Ce tropisme paysan du P.C.F. sera manifeste avec l’accession au secrétariat général, poste suprême du Parti, de 1964 à 1969 de Waldeck Rochet, patron de l’hebdomadaire communiste La Terre. Son successeur à la tête de cet hebdomadaire, André Lajoinie, sera aussi un dirigeant important du P.C., et son candidat aux présidentielle de 1988.

 

En s’étant rapproché de la S.F.I.O. dans les années 60, le P.C.F. est plutôt en position de force. Il manifeste une grande vitalité intellectuelle, contrastant avec l’atonie des socialistes, partagés entre un réformisme mou et un esprit « modernisateur » séduisant auprès d’une partie des élites mais laissant indifférentes les couches populaires.

 

 

Après la thèse de la paupérisation absolue des travailleurs, le P.C.F. développe, à partir des années 60, une idée beaucoup plus réaliste. C’est la thèse de l’apparition de nouvelles couches sociales, en lien avec la Révolution scientifique et technique (R.S.T.) : cybernétique, robotique, informatique (15). Cette révolution des technologies et des pratiques productives est interprétée comme un nouveau bond en avant des forces productives. Cette révolution  pousserait à une conséquence inéluctable : la socialisation des moyens de production. Le capital privé, parcellisé serait en effet trop étroit pour être au niveau de la poussée des forces productives. À partir de là, le P.C.F. théorisait une  alliance avec les nouvelles couches intermédiaires salariées, les techniciens, les ingénieurs, les cadres. Cette démarche fut explicitée au cours de la célèbre session du Comité central d’Argenteuil en 1966. C’est dans cet esprit qu’en 1978, le P.C.F. présentait Philippe Herzog contre Paul Quilès, socialiste, à Paris XIIIe, deux polytechniciens dans un quartier de nouvelles couches salariées.  Le paradoxe est que le P.C.F. évolue sur ses analyses sociales et sociétales quand le modèle soviétique commence à servir de repoussoir, à partir de la fin des années 60.

 

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Un grand coup porté au progressisme du P.C.F. est le rapport du Club de Rome, Les limites de la croissance (1972). C’est la même année qu’est signé avec le Nouveau parti socialiste et les Radicaux de gauche le Programme commun de gouvernement (P.C.G.) qui soulève un immense espoir. Contrairement au Rassemblement populaire de 1936 l’Union de la gauche se donne des objectifs socialistes, avec un important programme de nationalisations. Le Parti socialiste semble vouloir « imiter » le P.C., parlant de « Front de classe » là où le P.C.F. parle d’« Union du peuple de France ».

 

Pourtant, très vite, le projet « socialiste », après la victoire de 1981, change d’horizon. Il abandonne en un an toute perspective socialiste : la rigueur intervient dès 1982 et est confirmée par le tournant de mars 1983. Plus encore, le pouvoir est abandonné d’un côté aux « experts » et de l’autre aux « communicants ». Le P.C.F. est entraîné dans le discrédit de la gauche. Il partage son impuissance dans le domaine économique et social. Désindustrialisation et chômage s’accélèrent. Un cruel slogan s’entend : « Rose promise, chomdu ».

 

 

À cela s’ajoute un nouveau climat international. Dans les années 70, l’U.R.S.S. était critiquée vigoureusement (en France déjà par les nouveaux philosophes) mais était au fait de sa puissance mondiale. Son influence s’exerçait partout. Dans les années 80, ce n’est plus l’U.R.S.S. qui est à l’initiative, ce sont les nouveaux libéraux, Ronald Reagan, Margaret Thatcher. Ce sont eux qui donnent le ton. Aussi, quand, en 1980, le P.C.F. juge le bilan des pays socialistes « globalement positif », il est à contre-courant de l’opinion dominante. L’U.R.S.S. décline sur la scène internationale en même temps qu’elle fait horreur aux intellectuels et aux maîtres des médias. Gorbatchev essaiera de réduire d’abord la tension internationale et donc les dépenses militaires pour donner du grain à moudre à la société soviétique mais il ne réussira qu’à montrer les faiblesses de son empire, d’où l’écroulement rapide de 1989 du bloc de l’Est.

 

En France, avec l’affaiblissement rapide et irréversible (contrairement à toutes ses autres périodes historiques) du P.C.F., le président de la République Mitterrand et la gauche ne disposent plus de relais dans les couches populaires, d’autant qu’une partie de celles-ci passent électoralement au Front national, mais aussi s’enfoncent dans une abstention durable.

 

En outre, l’évolution de la société n’est pas favorable au socialisme. Depuis 1974, le nombre d’ouvriers cesse de croître, les classes moyennes se développent, mais s’éloignent du champ de la production. En 1984, Fabius, qui annonce le règne les « experts », explique que l’important est « que les choses marchent ». Ce langage apolitique, transversal, se retrouvera dans la bouche de la plupart des hommes politiques, de droite et de gauche. Il signifie bien entendu la fin des catégories politiques. Il s’agit de « changer » avec le monde et dans le même sens que le monde. Il s’agit d’être « moderne ». Qui voudrait ne pas être moderne ? En 1989-90, le P.C.F. se retrouve orphelin du « socialisme réel », de ce qui fut « la grande lueur à l’Est ». C’est la fin de « l’homme rouge (16) ». La montée des classes moyennes, qui pour autant ne sont pas épargnées par les difficultés sociales, est l’objet des prédictions de Giscard d’Estaing dès les années 70. Il prophétise la structuration de la société autour d’un grand « groupe central ». Le Parti socialiste, dans les années 80, se rallie à cette idée de la « moyennisation » de la société française. Il remplace sa théorie du « Front de classe » par la mise en avant d’enjeux sociétaux : la lutte contre le racisme, les discriminations, le Front national, la lutte pour l’égalité homme – femme, etc. Le sociétal à la place du social. Le discours sur la modernisation de l’économie mais aussi des rapports sociaux prédomine.

 

 

Dans le même temps, comme le remarque Gérard Belloin, « l’ascenseur social a fait place au descenseur social et l’école majore les inégalités sociales originelles ». Cela pourrait créer une situation révolutionnaire. Il n’en est rien. Pourquoi ? Parce que le capitalisme a créé un nouveau mode de vie et une accoutumance à ce mode de vie. C’est le consumérisme. C’est le despotisme publicitaire. L’illimitation du marché apparaît un remède à la finitude de la vie humaine. L’horizon humain est privatisé, il devient une simple affaire individuelle, tout en étant hanté par le mimétisme.  La fonction paternelle n’est plus assumée symboliquement (17). Le « monstre doux » (Raffaele Simone) réactualise Tocqueville : le despotisme doux, c’est l’État, c’est le nouveau totalitarisme liquide, post-démocratique, celui qui « dégrade les hommes sans les tourmenter ». Face à cela, il faut d’autres finalités que la production, autre chose que le socialisme tel qu’il a existé c’est-à-dire productiviste, ou un autre socialisme, ce qui revient au même. C’est ce qu’avait vu André Gorz : « Rien ne garantit que la croissance augmentera la disponibilité des produits dont la population a besoin (18) ». Le tournant écologique s’impose dans les faits, pas encore dans les esprits.

 

Pierre Le Vigan

 

Notes

 

1 : Voir Vouvray avant Balzac, 1745-1836, Éditions de la ville de Vouvray, Indre et Loire

 

2 : Jules Michelet, Histoire de la Révolution, « Introduction », 1853.

 

3 : Marx et Engels, L’idéologie allemande, 1846, Éditions sociales, 1952.

 

4 : Discours, Lille, 26 novembre 1900.

 

5 : Gérard Belloin, La fin du rêve socialiste. L’impasse du XXe siècle, Le Bord de l’eau, 2014.

 

6 : Genriste : adepte de la théorie du genre.

 

7 : Gérard Belloin, La fin du rêve socialiste, op. cit.

 

8 : Lénine, Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique, 1905.

 

9 : Cette conception était celle de Marx, « Les syndicats ne doivent jamais être associés à un groupement politique ni dépendre de celui-ci; autrement, ils ne rempliraient pas leur tâche et recevraient un coup mortel », entretien avec Johann Hamann, 27 novembre 1869, in La révolution prolétarienne, novembre 1926.

 

10 : La vision communiste est analysée dans Collectif, Histoire du réformisme en France depuis 1920, 2 tomes, Éditions sociales, 1976.

 

11 : Lénine, Sur l’infantilisme de gauche et les idées petites-bourgeoises, 5 mai 1918.

 

12 : Voir par exemple René Lefeuvre, « Le parti communiste, ligne et tournants », in Cahiers Spartacus, 1946.

 

13 : Serge Mallet, La nouvelle classe ouvrière, Seuil, 1963. Lire aussi Serge Mallet, « La nouvelle classe ouvrière et le socialisme », in Revue Internationale du Socialisme, n° 8, 1965.

 

14 : Il se trouve en outre qu’il est bien implanté en Algérie surtout à Bab el Oued. Voir le témoignage de Gaby Charroux, La Marseillaise, 2 septembre 2014.

 

15 : Cette notion doit beaucoup à Jacques Ellul et au philosophe tchèque Radovan Richta.

 

16 : Svetlana Alexievitch, La Fin de l’homme rouge, Actes Sud, 2013.

 

17 : Voir François Richard, L’actuel malaise dans la culture, L’Olivier, 2011.

 

18 : André Gorz, « Richesse sans valeur, valeur sans richesse », in Cadernos I.H.U. Ideias, 31, Sao Paulo, Unisinos, 2005.

 

• Gérard Belloin, La fin du rêve socialiste. L’impasse du XXe siècle, Le Bord de l’eau, 2014, 278 p., 20 €.

 

• D’abord mis en ligne sur Métamag, le 12 septembre 2014.

 


 

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